Israël retient la moitié des Gazaouis qui cherchent à quitter la bande de Gaza pour se faire soigner, d’après l’OMS

Tous ceux qui demandent des permis sont des patients que les Palestiniens ont autorisés à quitter Gaza et pour lesquels ils se sont engagés à payer.

L’Organisation Mondiale de la Santé a révélé qu’Israël a retenu en mai environ la moitié de ceux qui cherchent à sortir de Gaza pour être traités dans des hôpitaux israélien, et que les statistiques étaient semblables pour le mois précédent.

Selon l’examen qu’a fait l’OMS des 2 282 demandes présentées au Bureau de Coordination et de Liaison de la Bande de Gaza (CLA) en mai, 47,2% ont été accordées, 2,1% ont été refusées, tandis que 50,7% ont été retenues sans explication, faisant manquer leurs rendez-vous aux patients pour des examens ou des traitements. Ce sont souvent des gens qui avaient auparavant obtenu des permis pour des traitements.

Parmi ceux auxquels il n’a pas été donné de réponse en mai, on trouve 255 enfants de moins de 18 ans et 141 personnes de plus de 60 ans. En avril, 39% des réponses ont été retenues. Selon le Centre Al-Mezan pour les Droits Humains de Gaza, pendant la première moitié de l’année 2017, trois enfants et deux hommes sont morts pendant leur longue attente de permis de sortie. Tous ceux qui demandent des permis de sortie du Bureau du CLA au point de passage d’Erez sont des patients que les Palestiniens ont autorisés à sortir de Gaza et pour lesquels ils se sont engagés à payer.

Les patients demandent souvent de l’aide à des groupes de défense des droits humains comme Al-Mezan, lorsque leurs tentatives pour obtenir que le comité de coordination palestinien intervienne ne donne pas de résultat. Al-Mezan a accompagné Etimad Rabee de Rafah, âgée de 47 ans, qui est morte la semaine dernière dans l’attente d’un permis pour être traitée à Jérusalem.

Ibrahim Rabee a dit dimanche que sa femme avait contracté un cancer du colon voici deux ans. Au début, il l’accompagnait pour ses traitements à l’hôpital A-Najah de Naplouse. Son état s’était amélioré, mais ensuite l’Autorité Palestinienne a retardé sa sortie pour le traitement. En avril, à l’obtention de l’engagement de l’Autorité Palestinienne, Rabee a demandé un permis de sortie auprès du CLA. La demande a été acceptée, mais à condition que quelqu’un d’autre que son mari l’accompagne et ainsi sa sortie a été retardée. En mai, il a encore été exigé qu’elle change d’escorte et deux demandes déposées en juillet sont restées sans réponse. Ce mois-ci elle a de nouveau été autorisée à partir, encore une fois à la condition qu’une autre personne l’accompagne. Le temps que l’accompagnateur pour le voyage obtienne l’acceptation du CLA, l’état de Rabee s’était tellement détérioré qu’elle n’a pas pu être transportée en ambulance et elle est morte le 8 août.

La mésaventure de Rabee est loin d’être unique. Après plusieurs mois d’attente et après l’intervention de l’organisation israélienne Médecins pour les Droits Humains, Aziza Kanos de Khan Younis a obtenu un permis. Kanos, qui a 38 ans, a contracté un cancer de la thyroïde il y a dix ans. Après qu’elle a subi une ablation de la thyroïde à Gaza, les médecins ont recommandé qu’elle suive un traitement bisannuel d’iode radioactive qui n’est pas disponible à Gaza.

Le CLA a accepté son déplacement quelques fois pour qu’elle soit traitée à Hebron et à Ramallah, mais récemment les hôpitaux palestiniens ont refusé de prendre en charge des patients de Gaza parce que l’AP ne payait pas les factures dues aux hôpitaux. En conséquence, l’AP a accepté de payer le traitement de Kanos à l’hôpital universitaire de la Hadassah à Ein Kerem. Mais depuis août de l’année dernière, toutes ses demandes auprès du CLA sont bloquées au stade de leur examen. À la fin du mois de juin elle s’est adressée à Médecins pour les Droits Humains, mais elle a encore manqué son rendez-vous à la Hadassah parce que la demande était « en cours d’examen ». Elle a eu l’autorisation de sortie début août. Elle est censée revenir pour un autre traitement dans deux mois. « Je crains qu’au moment où je recevrai mon rendez-vous, la réponse ne soit une fois de plus que ma demande de sortie est « en cours d’examen » a dit Kanos.

Siham al-Tatri de Gaza, qui a un cancer de la lymphe, est traitée à l’hôpital Augusta Victoria de Jérusalem. Mais depuis avril et pour les deux mois suivants, elle n’a pas pu obtenir de permis pour recevoir le traitement, jusqu’à ce que Médecins pour les Droits Humains intervienne et obtienne l’accord pour juin et début août. Comme al-Tatri, N.S. une mère de quatre enfants âgée de 33 ans, est l’une des 10 patients qui ont demandé de l’aide à Médecins pour les Droits Humains. Depuis juin de l’année dernière, lors de l’ablation de la thyroïde qu’elle a subie, ses demandes de permis de sortie de Gaza pour le traitement bisannuel, d’abord à Hebron et ensuite à la Hadassah, ont été refusées.

Le Bureau du Coordinateur des actions du gouvernement dans les territoires a dit : « Même si nous tentons de faire une distinction entre les membres du Hamas et les autres, quelque 400 personnes sont autorisées chaque jour à entrer en Israël pour des besoins médicaux et pour toute une série d’autres raisons ».

Ran Goldstein, le directeur de Médecins pour les Droits Humains d’Israël a dit : « Un changement drastique de la politique israélienne envers la sortie et l’entrés des patients de Gaza est nécess aire. Le fait que parfois des patients restent pendant des mois sans réponse est cruel et c’est la population la plus faible qui en paie le prix ».

En ce qui concerne la mort de Rabee, le Coordinateur des actions du gouvernement dans les territoires a déclaré : « Son entrée pour être traitée en Israël était acceptée par le CLA et ce permis a été utilisé plusieurs fois en mai et juin ».

À cause d’une question de sécurité qui s’est posée par rapport au mari de la patiente, à la fin juin, le CLA a demandé au Comité Civil Palestinien les données d’un autre accompagnateur pour cette patiente. Le Comité Civil a pris deux semaines pour transmettre les données d’une autre accompagnatrice (la soeur de la patiente) et ses données ont été soumises à un contrôle de sécurité. Le passage de la patiente elle-même n’a été empêché à aucun moment ; elle avait la possibilité d’entrer en Israël sans accompagnement mais elle voulait être accompagnée ».

« Dans des cas où l’Autorité Palestinienne envoie des demandes, en particulier si elles sont classées urgentes, le CLA coordonne le transfert des patients immédiatement, à toute heure du jour, afin de sauver des vies. Cette activité est menée chaque jour au point de passage d’Erez par lequel les résidents de Gaza passent pour les traitements médicaux. Par exemple, de janvier à la fin de juillet, 490 ambulances ont été mises à disposition pour le transport urgent de patients et leurs accompagnateurs vers des hôpitaux en Israël, en Judée Samarie et à l’étranger ».