Israël bloque toujours l’aide pour Gaza malgré la promesse de lever le siège, selon l’ONU

Des restrictions continuent tandis qu’un leader de l’opposition dit qu’Israël devient une nation paria qui « tue des bébés comme passe-temps »

Deux jours après l’annonce par Benjamin Netanyahu de la levée du siège de Gaza, Israël empêche toujours la nourriture d’arriver aux Palestiniens affamés, a dit l’ONU, tandis que le leader du parti de centre-gauche des Démocrates a dit que son pays devenait une nation paria qui « tue des bébés comme passe-temps ».

Seuls cinq camions d’aide ont atteint Gaza mardi après-midi et les travailleurs humanitaires n’ont pas eu la permission de distribuer ne serait-ce que cette livraison symbolique a dit Jens Laerke, porte-parole du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), à un point de presse à Genève.

Les autorités israéliennes ont approuvé l’entrée à Gaza d’ « une centaine » d’autres camions mais ne les ont pas laissés passer, a-t-il dit. Même cette livraison ne ferait pas grand-chose pour diminuer la faim qui est partout après 11 semaines de siège presque total ; c’est à peine le cinquième de ce qui entrait à Gaza au quotidien avant la guerre, lorsque les gens étaient bien nourris.

Les officiels israéliens responsables de la distribution de l’aide à Gaza ont dit que 93 camions étaient entrés à Gaza mardi mais ils n’ont pas répondu aux questions demandant si la distribution de la nourriture et des médicaments transportés avait été autorisée.

L’imminence de la famine sur le territoire a provoqué une indignation internationale et une forte pression diplomatique sur le premier ministre d’Israël pour permettre que la nourriture atteigne les plus que 2 millions de personnes piégées à Gaza.

Dimanche soir, Netanyahou a annoncé qu’il mettait fin au siège de Gaza parce que la « crise de famine » serait préjudiciable à la notoriété internationale de son pays.

Yaïr Golan, dirigeant du parti d’opposition Les Démocrates, qui a été chef d’état-major adjoint de l’armée d’Israël avant d’entrer en politique, a dit qu’après une campagne d’une brutalité injustifiable, un préjudice important avait déjà été commis.

Le gouvernement de Netanyahou était en train d’isoler le pays comme l’Afrique du Sud de l’ère de l’apartheid, a-t-il dit à la radio Reshet Bet.

« Un pays sain n’engage pas de combats contre des civils, ne tue pas des bébés comme passe-temps et ne fait pas un but de l’expulsion d’une population », a-t-il dit.

Netanyahou a attaqué les commentaires de Golan comme « d’indignes calomnies sanguinaires contre les soldats des FDI et contre l’État d’Israël », mais Golan a ensuite renchéri sur sa position lors d’une conférence de presse.

La guerre d’Israël contre Gaza a commencé comme une simple campagne, a-t-il dit, après que le Hamas a tué environ 1200 personnes et en a kidnappé 250 dans les attaques transfrontalières du 7 octobre 2023, mais c’est devenu une guerre dépravée. La gauche a trop craint de s’exprimer et elle aurait dû condamner plus fortement ce qui se produisait, a-t-il ajouté.

Durant la majeure partie de la guerre, l’opposition à Netanyahou parmi les Israéliens juifs s’est concentrée sur l’échec à ramener les otages ou sur la conduite de la campagne plutôt que sur la mort des Palestiniens de Gaza ou sur la faim et la destruction.

Les quelques-uns qui se sont centrés sur la souffrance des Palestiniens ont été confrontés à une dure surveillance policière sous les ordres du ministre de la Sécurité, Itamar Ben Gvir.

Lundi la police a arrêté des activistes anti-guerre qui sont allés protester près de la frontière de Gaza en brandissant des images d’enfants palestiniens tués par les frappes aériennes israéliennes ; ils ont été détenus toute la nuit avant d’être libérés et assignés à résidence. Parmi eux se trouvaient Alon-Lee Green, co-directeur du groupe de campagne palestino-israélien Standing Together.

« Alors que des manifestants pacifiques sont traînés en justice, des colons extrémistes de droite sont autorisés à entrer illégalement à Gaza, mènent des attaques contre des Palestiniens en Cisjordanie  et organisent des conférences de colonisation sur la frontière de Gaza, en toute impunité, démontrant un dangereux double standard dans l’usage de la force de l’État », a dit Standing Together dans une déclaration.

Dans Gaza, l’intensification de la campagne aérienne et terrestre par Israël s’ajoute à la misère causée par la faim généralisée.

Les frappes israéliennes de jeudi ont tué au moins 85 personnes, avec des attaques contre la maison d’une famille et contre une école utilisée comme abri dans le nord de Gaza, tuant au moins 22 personnes, femmes et enfants pour plus de la moitié, a dit le ministère de la santé » de Gaza.

Plus tôt dans la semaine, Israël avait publié des ordres d’évacuation pour tout le centre de Khan Younis, la deuxième plus grande ville de la bande de Gaza, le déclarant « zone de combat » et ordonnant à ses habitants exténués et affamés de se déplacer une fois de plus.

La plupart des gens du territoire n’ont cessé de se déplacer pour essayer d’échapper aux frappes aériennes israéliennes, bien qu’aucune partie de Gaza n’ait été épargnée par les attaques.

Le nombre de victimes des attaques israéliennes a maintenant dépassé 53 000, dont plus de la moitié sont des civils. Il y a plus de 28 000 femmes et enfants parmi les morts, a dit ONU Femmes cette semaine.