Israël bloque l’entrée à Gaza d’équipement médical, se référant à un risque potentiel d’utilisation par le Hamas

Les articles interdits par Israël incluent des tables d’opérations, des scalpels et des vaporisateurs pour les personnes souffrant de problèmes respiratoires. Les Forces de défense d’Israël ont dit que cette politique n’est pas « une interdiction globale », et qu’ils ont autorisé à entrer dans Gaza des produits « à double usage » qui pourraient aussi être utilisés par le Hamas, « malgré les risques pour la sécurité ».

La liste complète de l’équipement interdit, qui a été compilé en juin et obtenu par Haaretz, inclut des articles essentiels pour le système de santé de Gaza, comme des tables d’opérations, des scalpels et des composants pour les machines à ultra-sons, ainsi que des articles qui pourraient être utilisés pour construire des abris destinés à la population civile.

Des organisations d’aide humanitaire ont soumis une demande pour permettre l’entrée des articles après que tout l’équipement a été interdit d’entrée dans la Bande de Gaza lors du déclenchement de la guerre, à l’exception d’une liste limitée approuvée par les responsables de la sécurité.

La liste étendue rejetée par Israël inclut, entre autres choses, des tentes, des bâches, des unités de stockage, des panneaux solaires, des extincteurs, des batteries et d’autres articles.

Les organisations doivent aussi composer avec les politiques israéliennes qui restreignent l’entrée des produits humanitaires. Pendant plus de deux mois, du début mars au milieu de mai, Israël a complètement bloqué l’accès à Gaza de la nourriture et de l’aide humanitaire.

Les organisations n’ont pas non plus la permission d’apporter des générateurs, des constructions en préfabriqué pour des cliniques mobiles de soin, des radios de voiture ou de bureau ou des appareils de nettoyage à la vapeur. Les tables d’opération, les scalpels et les chariots pour ranger les anesthésiques sont aussi interdits d’entrée dans la Bande de Gaza.

D’autres équipements incluent des instruments utilisés pour des tests à ultra-sons, ainsi que des kits de mesure de la numération sanguine, des vaporisateurs pour les personnes souffrant de problèmes respiratoires, des glacières pour préserver les vaccins et les échantillons biologiques, des ensembles orthopédiques, des réfrigérateurs pour les banques de sang, et bien d’autres choses.

Le Coordinateur des activités du gouvernement dans les Territoires, membre des Forces de défense d’Israël, a dit que la politique de l’armée en ce qui concerne les produits « à double usage » [c’est-à-dire à usage civil et militaire] « n’est pas une interdiction globale, et que, pendant toute la guerre, Israël a autorisé et facilité l’entrée d’articles d’équipements à double usage pour permettre et faciliter la réponse humanitaire dans la Bande de Gaza, malgré les risques de sécurité impliqués ».

Selon les Forces de défense, « le transfert de biens et de produits à double usage dans la Bande de Gaza est approuvé à la condition d’obtenir un permis et une évaluation de sécurité par les agences de sécurité autorisées ».

L’armée a dit que sa politique est conçue pour « empêcher le transfert de produits qui sont utilisés systématiquement par l’organisation terroriste du Hamas pour favoriser ses objectifs terroristes et l’accumulation militaire. »

Les Forces de défense ont dit qu’elles ont permis l’entrée dans la Bande de Gaza d’« équipements pour les abris, dont des tentes, d’équipements pour établir des hôpitaux de campagne, d’équipements médicaux, d’équipement pour réparer l’infrastructure essentielle, et plus encore ».

Depuis que les livraisons ont été autorisées à nouveau suite à la pression internationale, Israël a laissé entrer une quantité minimale de nourriture et d’autres produits, les organisations ne pouvant faire entrer que le contenu de 1500 camions en deux mois.

Le défi le plus difficile est le combustible. Jusqu’à mercredi dernier, Israël avait complètement bloqué l’entrée des combustibles dans la Bande de Gaza, pendant 130 jours. Mercredi et jeudi de la semaine dernière, seules de petites quantités ont été autorisées à entrer — trop peu, selon les Nations Unies, pour résoudre la crise énergétique à Gaza.

En dehors du combustible, les organisations humanitaires ont rencontré des difficultés pour apporter l’équipement médical et humanitaire de base. Israël classe aussi cet équipement comme étant « à double usage ».

Le déplacement des organisations humanitaires internationales opérant dans la bande de Gaza est sévèrement restreint, et tout voyage doit être coordonné avec l’armée. La semaine passée, deux travailleurs de la Croix-rouge ont été blessés et depuis le début de la guerre, des centaines de travailleurs humanitaires ont été tués.

Au cours des années de blocus de Gaza, Israël a périodiquement publié des listes d’équipements à double usage qui étaient interdits d’entrée dans Gaza.

Depuis le début de la guerre, le système a fonctionné à l’envers — tous les biens et les équipements sont interdits, excepté ce qui est explicitement autorisé. Donc les requêtes des organisations pour faire entrer des équipements sont souvent rejetées.

  • Photo : Une salle de fortune à l’hôpital Al-Shifa, ville de Gaza, la semaine dernière. Crédit : Jehad Alshrafi/AP