Taer Jouda a été mis en détention par le service de sécurité pendant un mois, il a été privé d’avocat pendant les deux premières semaines, et il a repoussé les tentatives pour qu’il devienne un informateur : « Il veut juste être médecin ».
L’État a inculpé un étudiant en médecine israélien en Jordanie pour atteintes graves à la sécurité – parce qu’il avait parlé avec un autre étudiant et avait distribué des synthèses de ses cours.
Taer Jouda, de la communauté bédouine d’Arara, a été détenu par le service de sécurité Shin Bet pendant un mois et, dit-il, soumis à un interrogatoire violent. Pendant les deux premières semaines, il n’a pas été autorisé à voir un avocat.
Les décisions d’un tribunal de district et de la Cour suprême ont cependant critiqué les procureurs. Elles ont refusé une demande de prolongation de la détention de Jouda, elles l’ont autorisé à retourner en Jordanie pour y étudier, et elles ont rejeté l’une des accusations. L’État cherche à le poursuivre pour une autre accusation.
Jouda est sur le point de commencer sa quatrième année à l’université d’Irbid. Deux semaines après son retour en Israël, cet été, pour rendre visite à sa famille, il a été arrêté. Son avocat a déclaré que le Shin Bet avait tenté de recruter Jouda comme informateur, mais que celui-ci avait refusé. « Il veut juste être médecin, pas travailler pour le service de sécurité » a dit l’avocat.
Jouda affirme avoir été maintenu dans des positions douloureuses durant sa détention. Il a été inculpé le 9 juillet et libéré le 20 juillet, mais l’acte d’accusation ne dit pas comment il aurait porté atteinte à la sécurité de l’État. La première accusation stipule qu’il a parlé avec un autre étudiant qui est un militant du Hamas. En réponse à une question, Jouda a expliqué la différence existant entre la branche nord et la branche sud du mouvement islamique en Israël, notant que la branche sud, contrairement à la branche nord, est représentée à la Knesset. Cette information est facile à trouver, pourtant Jouda a été accusé d’avoir pris contact avec un agent étranger et d’avoir transmis des renseignements à l’ennemi. Cette accusation a été abandonnée par la suite, après la critique du tribunal.
Une deuxième accusation portait sur les contacts de Jouda avec le syndicat étudiant d’Irbid. Elle indique que Jouda a donné des synthèses de ses cours à de nouveaux étudiants qui appartiennent à un groupe affilié au Hamas. Alors que ce matériel concernait uniquement le programme, l’État a prétendu qu’il avait contacté un agent ennemi, et qu’il avait ainsi porté atteinte à la sécurité de l’État.
Le juge Nasser Abu Taha, du tribunal du district de Beer Sheva, a déclaré que les procureurs n’avaient pas établi le lien de ce groupe d’étudiants avec le Hamas. S’il avait existé, dit-il, les forces de sécurité jordaniennes auraient traité cette question. « C’est un groupe religieux, mais tous les groupes islamistes ne sont pas du Hamas » a déclaré le juge.
Le juge a aussi repoussé la demande de l’État pour garder Jouda en détention pendant la durée de la procédure. Il a recommandé l’abandon des poursuites, disant que le préjudice pour Jouda, étudiant en quatrième année de médecine, serait disproportionné. Il a ajouté que l’action imputée et l’intérêt public limité qu’elle suscite ne conduiraient probablement pas à une condamnation.
Abu Taher s’est cependant opposé à ce que Jouda quitte Israël. Mais son avocat a demandé la levée de cette restriction et la semaine dernière, le juge Israel Pablo Akselrad, du tribunal du district de Be’er Sheva, a accédé à sa demande, disant qu’à la lumière des accusations, il serait déraisonnable de ruiner les chances de Jouda de devenir médecin.
L’État a fait appel de la décision de la Cour suprême, mais lundi, la juge Daphne Barak-Erez, a confirmé la décision, citant les accusations problématiques portées contre Jouda.
Elle a jugé que les procureurs n’avaient pas fait la preuve d’un lien avec le Hamas, et que les déclarations de Jouda avaient été obtenues sous la contrainte, ce qui affaiblissait la preuve avancée contre lui.
Les procureurs ont déclaré que les étudiants à l’étranger constituent une cible facile pour le recrutement par des organisations terroristes, et que des soupçons raisonnables d’un contact avec des militants d’un groupe terroriste suffisaient pour justifier une détention.
Le Shin Bet a déclaré que son enquête avait été menée conformément à la loi et sous contrôle judiciaire.