Deux juristes américains, défenseurs des droits humains, ont été retenus pendant 14 heures dimanche (29 avril) à l’Aéroport international de Tel Aviv-David Ben Gourion avant d’être renvoyés aux États-Unis. Katherine….
Deux juristes américains, défenseurs des droits humains, ont été retenus pendant 14 heures dimanche (29 avril) à l’Aéroport international de Tel Aviv-David Ben Gourion avant d’être renvoyés aux États-Unis. Katherine Franke, de l’université Columbia, et Vincent Warren, directeur général du Centre pour les droits constitutionnels, ont été interrogés à plusieurs reprises au sujet de leurs relations avec des groupes qui critiquent Israël. Ils faisaient partie d’une délégation de militants américains des droits civiques qui se rendaient en Israël et en Palestine pour s’informer de la situation des droits humains et rencontrer des militants locaux. Dans la matinée de lundi (30 avril), ils étaient de retour à New York. Peu de jours auparavant, le vendredi (27 avril), des soldats israéliens avaient abattu trois manifestants palestiniens et en avaient blessé des centaines. Les soldats et snipers avaient ouvert le feu lors de la manifestation hebdomadaire non violente organisée par les Palestiniens près de la frontière de Gaza. Samedi (28 avril), un quatrième manifestant a succombé à ses blessures. Les manifestations non violentes revendiquant le droit des réfugiés palestiniens à revenir dans leur pays ont commencé le 30 mars. Depuis cette date, l’armée israélienne a tué au moins 42 Palestiniens, dont deux journalistes, et en a blessé des milliers. Nous nous sommes entretenus avec Vincent Warren, directeur général du Centre pour les droits constitutionnels, et Katherine Franke, professeure en études de droit, genre et sexualité à l’université Columbia.
Propos retranscrits, rédaction non définitive.
AMY GOODMAN : Ici Democracy Now!, democracynow.org, informations sur la guerre et la paix. Je suis Amy Goodman, accompagnée de Juan González.
JUAN GONZÁLEZ : Rendons-nous maintenant en Israël, où deux juristes américains, défenseurs des droits humains, ont été retenus pendant 14 heures dimanche (29 avril) à l’Aéroport international de Tel Aviv-David Ben Gourion avant d’être renvoyés aux États-Unis. Katherine Franke, de l’université Columbia, et Vince Warren, qui dirige le Centre pour les droits constitutionnels, ont été interrogés à plusieurs reprises au sujet de leurs relations avec des groupes qui critiquent Israël. Ils faisaient partie d’une délégation de militants américains des droits civiques qui se rendaient en Israël pour s’informer de la situation des droits humains et rencontrer des militants locaux. Dans la matinée de lundi (30 avril), ils étaient de retour à New York.
Au début de l’année, Israël a publié une liste noire de 20 organisations de différents pays dont les membres se voient interdire d’entrer dans ce pays en raison du soutien apporté par leurs groupes au BDS, le mouvement non violent qui préconise le boycott, le désinvestissement et les sanctions envers Israël à cause de sa façon de traiter les Palestiniens. Parmi les groupes dont les membres se voient interdire d’entrer en Israël, citons (aux États-Unis) Jewish Voice for Peace, National Students for Justice in Palestine, The American Friends Service Committee, American Muslims for Palestine, CodePink et US Campaign for Palestinian Rights, ainsi que des groupes de solidarité avec la Palestine dans d’autres pays : France, Italie, Norvège, Suède, Grande-Bretagne, Chili et Afrique du Sud.
AMY GOODMAN : Peu de jours auparavant, le vendredi (27 avril), des soldats israéliens avaient abattu trois manifestants palestiniens et en avaient blessé des centaines. Les soldats et snipers avaient ouvert le feu lors de la manifestation hebdomadaire non violente organisée par les Palestiniens près de la frontière de Gaza. Samedi (28 avril), un quatrième manifestant a succombé à ses blessures. Les manifestations non violentes revendiquant le droit des réfugiés palestiniens à revenir dans leur pays ont commencé le 30 mars. Depuis cette date, l’armée israélienne a tué au moins 42 Palestiniens, dont deux journalistes, et en a blessé des milliers. Aucun soldat ni aucun civil israélien n’a été atteint au cours de ces manifestations non violentes. La répression sanglante menée par Israël a suscité une condamnation internationale.
Nous avons maintenant avec nous les deux personnes, disons, expulsées. Katherine Franke et Vince Warren sont présents dans notre studio de New York. Vince Warren dirigeait la délégation, il est directeur général du Centre pour les droits constitutionnels. Katherine Franke est professeure en études de droit, genre et sexualité à l’université Columbia. Elle dirige le projet Droits publics/ Conscience privée et elle fait partie du comité exécutif du Centre d’études palestiniennes.
Bienvenue à Democracy Now! Vince, que s’est-il passé? Quand êtes-vous arrivés en Israël?
VINCENT WARREN : Nous avons pris l’avion samedi soir. Nous étions avec une délégation. Et comme nous étions déjà venus en Israël—
AMY GOODMAN : C’était il y a quelques années?
VINCENT WARREN : Nous sommes venus pour la première fois en 2016, avec des universitaires spécialistes du droit et d’autres personnes œuvrant dans la sphère juridique. Cette délégation-ci regroupait plutôt des leaders d’opinion et défenseur·e·s des droits civiques de différentes communautés, des personnes qui avaient agi contre l’oléoduc Dakota Access, des personnes qui avaient joué un rôle important à Ferguson et qui étaient allées jusqu’à Genève au nom de ce combat, des gens actifs dans le Sud. Nous avons pris l’avion samedi soir et nous sommes arrivés à Tel Aviv dimanche matin. Et donc, dimanche matin, après avoir conduit nos délégué·e·s au-delà des contrôles, nous avons constaté, Katherine et moi, qu’on nous avait séparés des autres pour nous placer en rétention.
JUAN GONZÁLEZ : Katherine, vous avez été la première à être interpellée et interrogée. Racontez-nous ce qui s’est passé.
KATHERINE FRANKE : Le truc bizarre, c’est que Vince et moi, nous avions déjà été contrôlés par les services de l’immigration, et nous attendions que le reste de la délégation nous rejoigne. Là-dessus, un agent des services de l’immigration arrive et nous force tous les deux à repasser de l’autre côté. Ensuite, des agents des services de l’immigration m’ont interrogée pendant plus d’une heure en hurlant : « Vous mentez! Vous êtes là pour promouvoir le BDS en Palestine. » Et moi, je leur disais “Pas du tout”, parce que—en fait, c’est absurde. On ne peut pas promouvoir le BDS en Palestine.
AMY GOODMAN : Expliquez le BDS, très brièvement.
KATHERINE FRANKE : Le mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions émane d’acteurs de la société civile en Palestine et s’est répandu dans le reste du monde sous forme d’action de protestation contre les violations des droits humains commises par le gouvernement Israélien. Le BDS a sa place ailleurs dans le monde, pas en Palestine.
Mais de toute façon, ce n’était pas l’objet de la délégation. Nous venions pour constater différentes violations des droits humains et pour en témoigner, pas pour mener des activités rattachées au BDS.
JUAN GONZÁLEZ : Ils vous ont montré sur un téléphone mobile un site d’extrême-droite qui parlait de vous ?
KATHERINE FRANKE : En effet. En effet. Après qu’il m’a dit : « Vous êtes venue promouvoir le BDS en Palestine, n’est-ce pas ? » et que j’ai répondu : « Absolument pas », il a brandi son téléphone, où ils avaient fait une recherche sur Google à mon sujet. Et donc on y voyait tous ces sites de droite, des repaires de trolls, qui racontent toutes sortes de mensonges selon lesquels je serais résolue à détruire Israël, je suis antisémite, je hais les juifs, je veux tuer les juifs. Rien de tout ça n’est vrai. Et il me dit : « Vous voyez ! Vous mentez ! Vous me mentez parce que vous êtes venue promouvoir le BDS en Palestine! » Alors je réponds : « Ce n’est absolument pas ce que je suis venue faire ici. Nous sommes des touristes – des touristes politisés, c’est vrai, mais des touristes quand même. » Et là, deux autres types se mettent à hurler que je suis une menteuse, qu’ils vont m’expulser et m’interdire définitivement, à vie, l’entrée sur le territoire israélien.
AMY GOODMAN : Ils vous ont retenue pendant combien de temps ?
KATHERINE FRANKE : Quatorze heures.
AMY GOODMAN : Et l’interrogatoire, combien de temps a-t-il duré ?
KATHERINE FRANKE : Environ une heure.
AMY GOODMAN : Sur la durée de votre rétention.
KATHERINE FRANKE : Oui.
AMY GOODMAN : Et ils vous ont dit, à ce moment-là : « Nous allons vous expulser » ?
KATHERINE FRANKE : Il m’a dit qu’il m’expulsait. Un peu plus tard, il est revenu et il m’a dit : « Si vous m’en dites plus à propos de votre délégation, à propos des autres personnes qui composent la délégation » —en gros, il s’agissait de fournir des renseignements sur les membres de la délégation—« je vais penser à ne pas vous expulser ». Je lui ai dit : « Tout ce que je vous ai dit, c’est la vérité. » Et là, il s’est remis à dire que je mentais.
VINCENT WARREN : Et c’est à ce moment-là que mon interrogatoire a monté en puissance : après avoir interrogé Katherine, ils me l’ont montrée du doigt en disant : « Pourquoi est-ce que vous voyagez avec quelqu’un qui dirige le mouvement BDS aux États-Unis ? », ce qui est—enfin, c’est ridicule. Ils m’ont aussi posé toute une série de questions sur les personnes figurant dans la délégation, où est-ce que ces gens allaient se rendre, ce genre de choses. En fait, ils allaient à la pêche aux informations. Et un aspect important de cette affaire, c’est que, sur ce terrain-là, on ne doit surtout pas, on ne peut pas donner d’informations sur les lieux où se rend la délégation, parce que nous tenons à ce que ces personnes soient en sécurité — elles, et les gens à qui elles vont rendre visite. Et il faut le savoir : ils s’intéressaient à une bonne vingtaine, une trentaine d’organisations diverses, palestiniennes et israéliennes.
Ils nous ont transférés dans une zone de détention sécurisée. Nous avons été séparés. On m’a conduit en camionnette jusqu’à un local servant à la détention des migrants, où j’ai été retenu pendant environ quatre heures et demie, avant de pouvoir retrouver Katherine. Une chose intéressante, c’est que, à part moi, presque tous les occupants de cette cellule étaient ukrainiens ou russes. Je ne parle pas très bien le russe, donc je n’ai guère pu communiquer que par signes, mais je suis quand même arrivé à comprendre que parmi ces gens, il y en avait qui étaient là depuis trois jours et ne savaient pas quand on allait les renvoyer dans leur pays. Ce que j’ai pu en déduire, c’est qu’on est tout le temps contraint de subir ce genre de choses quand on essaie d’immigrer dans un pays comme Israël ou les États-Unis. Alors, oui, c’était horrible de passer des heures dans cet endroit, de subir des interrogatoires, mais nous devons nous rappeler que, dans les combats menés pour l’immigration, il y a tout le temps des personnes qui subissent ce genre de traitement. Il ne s’agit pas d’une sorte de négociation menée de façon temporaire. C’est vraiment une atteinte à la liberté et la dignité, alors que ces gens veulent juste changer de lieu et vivre leur vie.
JUAN GONZÁLEZ : En ce qui concerne votre expulsion, est-ce que la presse israélienne en a parlé ?
VINCENT WARREN : Eh bien, maintenant, les médias israéliens s’adressent à nous, je suppose donc que ça les intéresse de connaître notre point de vue sur cette affaire. Je suis sûr que certains d’entre eux ont déjà leur point de vue à eux. Mais nous recevons aussi des demandes d’information à ce sujet.
AMY GOODMAN : Et comment envisagez-vous de contester votre expulsion ?
VINCENT WARREN : Nous examinons la situation, parce que, comme Katherine l’a souligné, c’était totalement faux. Tout était fondé sur une série de mensonges et de conclusions erronées. Oui, on essaie de voir ce que nous pourrions faire à ce sujet.
JUAN GONZÁLEZ : On dirait aussi, Katherine, que tout cela manifeste une exaspération croissante du gouvernement israélien qui essaie en vain de mettre un terme au mouvement BDS ?
KATHERINE FRANKE : Ils sont très fiers d’être, prétendument, la seule démocratie du Moyen-Orient. Mais cette prétendue démocratie réprime la liberté d’expression en Israël, en Cisjordanie, et punit les défenseurs des droits civiques ou des droits humains comme nous en nous empêchant de venir voir ce qui se passe là-bas. Pour moi, ça ne donne pas l’impression d’une démocratie.
Un détail curieux : pendant que nous étions détenus, plus exactement pendant mon interrogatoire, le président de l’université Columbia est passé tout près de nous. Il quittait le pays alors que nous étions retenus dans l’aéroport. Il ne savait pas que nous étions là, il ne s’agit pas de dire qu’il m’a évité. Mais l’université Columbia a le projet plus ou moins abouti d’ouvrir un centre de dimension mondiale à Tel Aviv—un centre que certains étudiants ou professeurs de l’université Columbia ne pourront pas visiter, et je fais maintenant partie de ces derniers. Entre autres raisons pour lesquelles—
AMY GOODMAN : C’est Lee Bollinger qui est passé par là ?
KATHERINE FRANKE : Oui, c’est Lee Bollinger.
AMY GOODMAN : Vous avez pu lui dire bonjour ? Vous l’avez vu ?
KATHERINE FRANKE : Non, je ne l’ai pas vu. J’ai appris par la suite, une fois de retour chez moi, qu’il avait traversé l’aéroport au moment même où nous y étions. Je préfère penser que Lee aurait fait un geste, s’il avait su que j’étais là.
JUAN GONZÁLEZ : « Cette personne fait partie de mes employés. »
KATHERINE FRANKE : Oui, c’est ça. Il est – c’est quelqu’un de bien. Mais j’avais prévu, entre autres choses, pendant mon séjour en Israël, de rencontrer des étudiants de cycles supérieurs, à Haïfa et aussi à Ramallah, qui ne peuvent tout simplement pas venir à Columbia pour travailler avec moi, parce qu’il leur est impossible de —celui qui est à Ramallah ne peut pas obtenir un permis—
AMY GOODMAN : En Cisjordanie.
KATHERINE FRANKE : —les Israéliens ne lui donnent pas de permis pour qu’il se rende aux États-Unis. Il m’est donc impossible de travailler avec mes étudiants diplômés, à cause de l’interdiction qui m’est infligée et des considérables restrictions de leurs déplacements que subissent les Palestiniens.
AMY GOODMAN : En janvier, Israël a publié une liste de 20 groupes de différents pays, plusieurs d’entre eux étant affiliés au mouvement BDS, qui se voient interdire d’entrer sur le territoire. Gilad Erdan, ministre israélien des Affaires stratégiques, dont les services ont publié cette liste, a déclaré que cette publication manifestait, de la part d’Israël, le passage (je cite) « de la défensive à l’offensive. » Il a poursuivi en ces termes : « Les organisations qui prônent le boycott doivent savoir qu’Israël s’opposera à elles et ne [les] laissera pas entrer sur son territoire afin de nuire à ses citoyens. » Professeur Franke, pouvez-vous réagir ?
KATHERINE FRANKE : Il y a quelque chose de bizarre : pour déterminer les gens qu’ils vont laisser entrer, ceux qu’ils ne doivent pas laisser entrer, pour définir leurs intérêts en matière de sécurité, le personnel du gouvernement israélien chargé de la sécurité a confié à des particuliers qui sont des trolls d’extrême-droite et ne méritent aucune confiance le soin de définir qui constitue ou ne constitue pas un risque en matière de sécurité. C’est ceux-là qu’ils sont allés chercher sur Google quand ils m’ont mis leur téléphone sous les yeux en me déclarant : « Vous voyez, vous êtes résolue à détruire l’État d’Israël. » Ils recourent donc à des procédés de hacker pour remplir leur projet sécuritaire, en s’en remettant à ces sites web pour décider qui admettre ou ne pas admettre. Mais il est évident qu’il existe un mode de résistance pacifique qui les préoccupe énormément, c’est le mouvement de boycott, et ils ont nettement renforcé le dispositif qui leur permet d’empêcher les gens d’entrer dans le pays.
JUAN GONZÁLEZ : Vince, je voulais vous poser une question. Ceux qui se rappellent le mouvement de boycott et désinvestissement contre le régime de la minorité blanche en Afrique du Sud remarquent un fait intéressant : même le gouvernement sud-africain n’avait pas recours à des mesures aussi extrêmes contre les gens qui s’opposaient à sa politique.
VINCENT WARREN : En effet, c’est absolument vrai. Je me suis politisé lors de mon premier cycle d’études supérieures, et là, j’étais en pointe parmi les militants qui demandaient à notre établissement de retirer tous ses investissements dans des sociétés sud-africaines. Mais vous avez raison. La situation politique était un peu différente, parce qu’il n’y avait pas seulement un mouvement de désinvestissement, mais aussi—les gens ne se rendaient pas dans le pays, en tout cas pas de façon officielle. Si des gens avaient fait de tels voyages, je suis sûr que le gouvernement sud-africain aurait joué le même rôle.
Mais en ce qui concerne Israël, ce qui est intéressant, c’est la fluidité de la situation. Je crois que le pays a attiré l’attention internationale d’une façon comparable à l’Afrique du Sud. Et je crois que le grand défi maintenant, à l’ère de l’information, qui n’existait pas dans les années 1980, c’est la manière dont nous pouvons rester en contact et soutenir les actions menées sur le terrain depuis un lieu comme les États-Unis, ce qui veut aussi dire qu’on doit travailler dans le pays avec des étudiants et des militants, pour faire en sorte, au minimum, de porter des récits véridiques des événements à la connaissance de la communauté internationale.
AMY GOODMAN : En ce moment même se déroule à Gaza une crise grave. Depuis le 30 mars, un mouvement de protestation massive, non violente, se poursuit près de la barrière entre Israël et Gaza, des manifestants non violents sont abattus par l’armée israélienne, le chiffrage actuel dépasse 40 morts, deux journalistes palestiniens, c’est une photo que nous avons décrite— je vous montre la photo de l’un d’eux qui porte un gilet PRESSE parfaitement visible. Ces manifestations doivent continuer jusqu’au 15 mai, 70e anniversaire de la création d’Israël, c’est ce que les Palestiniens appellent la Nakba, ils ont alors été chassés du pays par centaines de milliers. Vous aviez l’intention d’aller à Gaza?
VINCENT WARREN : Non, nous n’avions pas l’intention d’aller à Gaza, d’abord parce qu’on ne peut pas entrer dans la bande de Gaza. Deuxième raison, ces gens—cette délégation était essentiellement formée de gens qui n’étaient jamais venus dans la région, et donc notre projet central, c’était de susciter des interactions entre eux et des personnes en Israël et en Cisjordanie, mais pas à Gaza.
Mais je tiens à dire que c’est une crise très grave qui se déroule là. Et même—même dans des lieux comme la Cisjordanie et une partie de Jérusalem, où on n’approche pas du degré d’horreur atteint à Gaza, c’est une situation extraordinaire. Cela aurait été ma deuxième visite. Et je dois dire, la première fois que je suis venu, je m’attendais à des choses terribles, mais je n’étais pas prêt—je n’étais pas prêt à la présence d’un tel niveau de ciblage d’ordre structurel et de profilage racial. C’est ahurissant. Et c’est pour cela qu’on a fait des efforts pour constituer cette délégation, parce qu’il faut que les gens voient eux-mêmes ce qu’il en est. Ils ne peuvent pas se contenter de ce qu’ils lisent sur Facebook. Ils ne peuvent pas juste regarder les sites web qui décrivent la situation. Il faut qu’ils voient ça eux-mêmes.
AMY GOODMAN : Indéniablement, on est stupéfait par le peu de place donnée aux événements actuels à Gaza dans les médias institutionnels, ici aux États-Unis.
KATHERINE FRANKE : Oui, c’est stupéfiant.
AMY GOODMAN : Nous allons devoir en rester là. Vince Warren, directeur général du Centre pour les droits constitutionnels ; Katherine Franke, professeure de droit à l’université Columbia. L’une et l’autre expulsés d’Israël à la fin de la semaine dernière. Notre émission est terminée.