Ibrahim et Shaden Awad, Palestiniens originaires de la Bande de Gaza vivent en France depuis 2016 et 2018 respectivement où ils sont venus avec des visas d’étudiants. Tous deux y ont brillamment réussi leurs masters en linguistique à l’université de Rennes II, leur fille ainée est née à Gaza, les deux plus jeunes à Rennes. Après une demande d’asile rejetée en 2020, ils ont déposé en janvier 2022 auprès de la Préfecture d’Ille-et-Vilaine une demande d’admission exceptionnelle au séjour (sur le fondement de l’article L. 435-1 du CESEDA). Ils remplissent l’ensemble des conditions pour l’obtention d’un titre séjour mention « vie privée et familiale » : plus de 5 ans de présence en France, enfants scolarisés, parfaite maîtrise du français et parfaite intégration sociale, et promesse d’embauche pour Ibrahim.
Réponse de la préfecture d’Ille-et-Vilaine le 12 mai 2023 : refus de séjour assorti d’une obligation à quitter le territoire (OQTF) ! Ce même jour à Gaza, 35 personnes dont 7 enfants étaient tués par les bombardements israéliens.
Ibrahim et Shaden ont évidemment fait appel de la décision devant le Tribunal Administratif. L’audience programmée le 23 janvier, a été reportée à une date ultérieure non précisée.
Malgré huit années passées en France, deux masters, des expériences professionnelles, trois enfants de 7, 5 et 3 ans scolarisés et une promesse d’embauche, la préfecture prétend que leurs circonstances ne justifient pas leur admission au séjour. Quant aux promesses d’embauche, le préfet estime que rien n’empêche les futurs employeurs de s’adresser directement aux autorités françaises à Jérusalem pour une demande d’introduction d’un travailleur étranger…
Le comble du cynisme préfectoral est à lire dans le mémoire en défense de la préfecture produit le 19 janvier : « Le couple ne démontre pas être dépourvu de toute attache dans le pays d’origine, et ne font état d’aucun élément pertinent qui démontrerait que leurs enfants seraient empêchés de poursuivre leur scolarité dans leur pays d’origine ». « S’il est exact que la situation sécuritaire dans la bande de Gaza est très dégradée […] il n’est est pas de même en Cisjordanie, où, si des heurts épars sont constatés, notamment dans le nord-ouest du territoire, la situation est globalement stable, et qu’il parait concevable que les intéressés puissent s’y installer. »
Faut-il à ce point manquer de la moindre humanité pour qu’un Préfet de la République n’entende pas le désespoir de cette famille qui vit chaque jour dans l’angoisse de perdre un proche à Gaza où les bombardements intensifs se poursuivent depuis plus de 4 mois. Ce qui est le cas pour Shaden dont l’un des jeunes frères a été tué le 24 décembre.
Il est en outre consternant de voir la méconnaissance totale d’un préfet de la République de la situation en Palestine, ignorant que les Palestiniens de Gaza ne peuvent pas se rendre à Jérusalem et sont interdits de séjour en Cisjordanie par l’occupation israélienne.
L’AFPS apporte tout son soutien aux associations locales (Ligue des droits de l’Homme, MRAP…) qui s’organisent sur la ville de Rennes pour empêcher cette ignominie d’avoir lieu. Elle soutient particulièrement l’AFPS Rennes, totalement impliquée dans cette démarche unitaire pour obtenir la régularisation de la famille Awad.
Une cyberaction en solidarité avec Shaden et Ibrahim Awad mise en ligne par l’association Cyberacteurs.
>> Voir et participer à la cybersaction
Afin d’exprimer sa solidarité avec la famille et de refuser son expulsion de France, l’Association France Palestine Solidarité vous demande de signer cette pétition le plus massivement possible pour appuyer la démarche du collectif rennais.
Le bureau national de l’AFPS
Le 10 février 2024