Hamza, le fils de Wael Dahdouh de Al Jazeera, tué dans une attaque israélienne à Gaza

Une attaque israélienne a visé la voiture dans laquelle il se déplaçait avec deux autres journalistes.

Hamza Dahdouh, le fils aîné du chef du bureau de Al Jazeera à Gaza, Wael Dahdouh, a été tué par un missile israélien dans la partie occidentale de Khan Younis, Gaza.

Le journaliste Mustafa Thuraya a aussi été tué dans l’attaque, lorsque le véhicule dans lequel ils se déplaçaient près de al-Mawasi, un endroit supposément sûr, du côté sud-ouest, a été frappé par le missile. Un troisième passager, Hazem Rajab, a été gravement blessé.

Selon les rapports des correspondants de Al-Jazeera, le véhicule de Hamza et Mustafa a été ciblé alors qu’ils essayaient d’interviewer des civils déplacés par de précédents bombardements.

Hamza Dahdouh a partagé cette photo de lui avec son frère Mahmoud, avec un message triste, lui disant au revoir en octobre l’an dernier (fournie gratuitement par la famille Dahdouh)

Hamza, âgé de 27 ans, était journaliste comme son père. Mustafa était aussi âgé d’une vingtaine d’années.

S’exprimant au cimetière où son fils a été enterré, Wael semblait sombre mais résigné, disant qu’il était un élément de la foule de gens de Gaza qui aujourd’hui font de tristes adieux à leurs être chers chaque jour.

Il a promis de rester sur la voie consistant à montrer au monde ce qu’il se passe à Gaza, malgré la douleur de la perte d’un après l’autre.

« Hamza était tout pour moi, l’aîné, il était l’âme de mon âme… ce sont les larmes de la séparation et de la perte, les larmes de l’humanité », a-t-il dit.

Le réseau d’information d’Al Jazeera a fermement condamné l’attaque, ajoutant : « L’assassinat de Mustafa et d’Hamza… alors qu’ils étaient en route pour accomplir leur mission dans la bande de Gaza, réaffirme le besoin de prendre des mesures juridiques immédiates contre les forces d’occupation pour garantir qu’il n’y ait pas d’impunité ».

Réagissant à la nouvelle, le bureau des médias à Gaza a condamné l’assassinat des deux journalistes, dénonçant « dans les termes les plus énergiques ce crime de haine ».

Une douleur qui ne cesse pas

Hamza était fortement attaché à sa famille et il a été dévasté à l’annonce, le 25 octobre, qu’un raid israélien avait touché la maison dans laquelle sa famille s’abritait dans le camp de réfugiés de Nuseirat.

Il découvrit peu après que sa mère Amna, son frère Mahmoud âgé de 15 ans, sa sœur Sham, de 7 ans et son neveu Adam d’un an, avaient été tués par l’attaque israélienne . La douleur que leur perte lui a causée semble l’avoir motiver à travailler plus intensément à couvrir la guerre à Gaza, d’après sonbcollègue.

Wael Dahdouh, au centre, et son plus jeune fils Yehia, 12 ans, pleure sa femme, son fils, sa fille et son petit-fils tués par une attaque israélienne sur le camp de réfugiés de Nuseirat, le 26 octobre 2023 [Ali Mahmoud/AP Photo]

Tandis que la nouvelle du meurtre d’Hamza se répand, sa femme depuis un an s’est précipitée au cimetière, comme l’ont fait ses frères et sœurs encore vivants, pour un dernier regard avant son ensevelissement.

Wael s’est tenu près de la tête de son fils, consolant le reste de sa famille qui essayait de réaliser la perte soudaine.

Son sang-froid et sa force ont fait de Wael bien plus que le chef du bureau de Al Jazeera à Gaza. Il est le visage de la couverture par la chaîne, de la guerre d’Israël contre Gaza et un symbole de la résilience du peuple de Gaza.

Lorsqu’il a perdu sa femme, son fils, sa fille et son petit-fils dans une frappe aérienne israélienne, fin octobre, le monde observait, atterré, sa course vers l’hôpital où les corps de ses quatre êtres chers avaient été transportés.

Wael Dahdouh pleure sur le corps d’un de ses enfants tué avec sa femme et son fils par une attaque israélienne, à l’hôpital Al-Aqsa de Deir el-Balah dans le sud de la bande de Gaza [Majdi Fathi/AFP]

Après avoir exprimé ses adieux émus à ses enfants, son petit-fils et sa partenaire de vie, il a aussi paru plus déterminé que jamais à accomplir son travail.

Puis, à la mi-décembre, il a été gravement blessé dans une attaque qui a tué son collègue Samer Abudaqa, mais il est ressorti pour couvrir les événements peu après.

Le Syndicat des Journalistes Palestiniens a documenté le meurtre de 102 journalistes et les blessures infligées à 71 autres, par les forces israéliennes depuis le début des hostilités en octobre.

La liste s’allonge des journalistes et du personnel d’Al Jazeera qui ont perdu des membres de leur famille ou sont eux-mêmes morts.

En décembre, Anas al-Sharif a perdu son père lors d’une frappe aérienne israélienne qui a touché sa maison familiale à Jabalia.

Quelques jours plus tôt, le 6 décembre, Moamen Al Sharafi, un correspondant d’Al Jazeera en arabe, a vu 22 membres de sa famille être tués lorsque une attaque israélienne a touché la maison dans laquelle ils s’abritaient dans le camp de réfugiés de Jabalia.

Fin octobre, Mohammed Abu Al-Qumsan, ingénieur de radiodiffusion, a perdu 19 membres de sa famille, dont son père et deux sœurs, pendant des frappes aériennes israéliennes sur le même camp de réfugiés.