Union européenne : l’occupation israélienne est la cause « à la racine » de la violence

Les États de l’Union européenne déclarent, dans un rapport interne établi l’an dernier, que le déclenchement des attaques palestiniennes au couteau et à la voiture-bélier contre les Israéliens à Jérusalem….

Les États de l’Union européenne déclarent, dans un rapport interne établi l’an dernier, que le déclenchement des attaques palestiniennes au couteau et à la voiture-bélier contre les Israéliens à Jérusalem est dû, pour une grande part, à l’occupation d’Israël.

Ils indiquent que les attaquent ont débuté après que les politiciens de droite et les groupes religieux israéliens eurent commencé à remettre en question le statu quo sur les droits des Arabes dans l’enceinte du Mont du Temple, dans la Vieille Ville de Jérusalem.

Mais ils ajoutent que les conditions de vie pour les Palestiniens et la perte de l’espoir en une solution à deux États ont formé la « racine » psychologique de la violence.

Le rapport, élaboré et approuvé en décembre 2015 par tous les pays de l’UE ayant des ambassades à Jérusalem et Ramallah, précise que les développements au Mont du Temple ont été « la cause immédiate » de la recrudescence de la violence commencée après l’été de l’an dernier.

Mais il indique aussi que le « cœur du problème » est « l’occupation israélienne depuis 1967 et une politique de longue date de marginalisation politique, économique et sociale des Palestiniens à Jérusalem ».

Pour le rapport, la « nouvelle réalité » est survenue « dans un contexte de profonde frustration chez les Palestiniens du fait des conséquences de l’occupation et du manque d’espoir qu’une solution négociée puisse y mettre fin ».

Le document de 39 pages, consulté par EUobserver, est l’un de ces rapports habituels qui sont rédigés par les diplomates de l’UE dans la région.

Il n’est pas destiné à être publié mais il est destiné à servir de référence pour les réunions des ministres des Affaires étrangères de l’UE à Bruxelles et pour les propositions émises par le service européen pour l’action extérieure.

Le rapport note que les attaques sont « spontanées dans leur nature » et qu’elles impliquent surtout « des jeunes hommes et des jeunes femmes palestiniens… agissant sans être apparemment sous la direction des factions politiques ou des groupes militants ».

Au sein des communautés palestiniennes, l’occupation a provoqué un accroissement des « consommations de stupéfiants, des divisions et déplacements des familles, de la violence domestique, de la perte de l’identité culturelle, et un haut niveau de stress et dépression », constate le rapport de l’UE.

Au moment où le rapport a été déposé, début décembre, les attaquants palestiniens avaient tué huit Israéliens, et les forces israéliennes 24 Palestiniens.

Début juin de cette année, ces chiffres étaient montés à 35 Israéliens et à plus de 200 morts palestiniens.

« Des meurtres illégaux »

Les diplomates de l’UE mettent en garde que la répression israélienne qui en a découlé – qui inclut l’utilisation généralisée d’une force meurtrière et les démolitions de maisons, ce qui constitue une « punition collective » – n’a fait qu’empirer les choses.

« Certains auteurs palestiniens de ces attaques individuelles ont été apparemment abattus et tués dans des situations où ils ne constituaient aucune menace », dit le rapport.

Et le rapport précise que les images qui furent diffusées sur les médias sociaux ont alimenté la tension.

Dans un incident enregistré sur vidéo, la police israélienne « semble » avoir tiré sur un Palestinien suspect qui s’éloignait en marchant du lieu du crime, après que les passants israéliens lui eurent demandé d’ouvrir le feu.

Et d’ajouter que les « deux côtés » sont coupables d’une « rhétorique incendiaire » et que les États de l’UE devraient « condamner fermement » le meurtre de civils par les deux côtés.

Mais il demande aussi à l’UE d’exprimer « une préoccupation profonde » devant « l’utilisation excessive de la force » par la police israélienne, qui « s’assimile peut-être, dans certains cas, à des meurtres illégaux ».

À part la violence, que l’on commence à appeler l’Intifada des couteaux, ce qui signifie « le soulèvement des couteaux », le document de l’UE note : l’expansion constante des colonies de peuplement par Israël ; les restrictions des accès des Palestiniens au logement, à l’éducation, à la protection médicale, et à l’emploi ; et la manipulation par Israël des fouilles archéologiques afin de dénigrer les liens historiques du peuple palestinien avec la ville.

Le rapport constate qu’aucune des tendances n’est nouvelle et que chacune a « empiré » au cours de l’année écoulée.

Il indique que 84 % des enfants palestiniens dans la ville vivent en dessous du seuil de pauvreté.

Il remarque aussi que ce sont jusqu’à 22 631 enfants palestiniens qui ne sont inscrits dans aucune école, pendant que 36 % de ceux qui vont à l’école abandonnent avant la fin de leur éducation de base.

Le rapport estime encore que les restrictions israéliennes coûtent à l’économie palestinienne dans la région 200 millions de dollars (179,6 millions d’euros) chaque année en perte de revenus, et que 37 % des jeunes Palestiniens sont sans travail.

« Des colons violents qui sont connus »

Les ambassades de l’UE estiment que les États de l’UE doivent « veiller à l’application complète et effective » d’un nouveau code de l’UE qui exige que les exportations des colons israéliens soient étiquetées (comme telles) dans les magasins européens.

Il exhorte l’UE à développer de « nouvelles lignes directrices » qui différencient Israël de ses colonies illégales.

Il relève que si l’UE est contre un « boycott » d’Israël, les États membres doivent « faire prendre conscience » des « risques » pour les entreprises européennes qui opèrent dans les zones des colonies.

Il estime encore que « les colons violents, qui sont connus, et ceux qui appellent à des actes de violence » doivent être mis sous interdiction de visas pour l’UE.

Les ambassadeurs avaient déjà proposé des mesures similaires dans un rapport qui a fuité, rédigé fin 2014.

Mais le Haut Représentant de l’UE pour les Affaires étrangères, Federica Mogherini, avait déclaré à l’époque : « Il n’est pas question à l’heure actuelle de sanctionner qui que ce soit. La question, c’est plutôt de savoir comment motiver les gens à… reprendre les négociations de paix ».

« Honteux, délirant »

Le gouvernement israélien a condamné le code d’étiquetage de détail de l’UE comme « honteux » et « hypocrite ».

Quand la ministre des Affaires étrangères suédoise, Margot Wallstroem, en janvier, a repris le rapport 2015 de l’UE et demandé des enquêtes sur les meurtres israéliens de suspects palestiniens, Israël l’a qualifiée de « délirante » et l’a accusée d’incitation à la violence.

Pour sa part, la France tente de relancer le processus de paix en organisant un sommet israélo-arabe à Paris à la fin de l’année.

Mais Israël a refusé d’y participer.