Des vaccins contre le COVID-19 pour les Palestiniens

Par Graham Watt, Rita Giacaman, Huda Zurayk, Espen Bjertness, Gerd Holmboe-Ottesen, Hala Ghattas, Iman Nuwayhid, Jennifer Leaning, John S Yudkin, Khamis Elessi, Richard Sullivan, Rima Afifi, Yousef S Khader, Harry S Shannon

Le Lancet. Publié le 28 janvier 2021. DOI:https://doi.org/10.1016/S0140-6736(21)00185-9

L’Alliance de santé palestinienne du Lancet (LPHA), établie en 2009 après la série du Lancet sur la santé et le système de soins en territoire palestinien occupé, est un réseau informel de collègues palestiniens, locaux et internationaux qui étudient la santé des Palestiniens. Dix conférences scientifiques annuelles ont eu lieu, avec 748 exposés scientifiques impliquant plus de 1000 co-auteurs. La LPHA n’a pas d’objectif électoral ni politique et préfère s’exprimer seulement à travers des études de recherche. Dans l’actuelle crise de la vaccination contre le COVID-19, cependant, nous, comité de pilotage de la LPHA, nous sentons obligé·e·s d’élever notre voix.

La prévention primaire contre le COVID-19 est cruciale dans tous les pays, mais elle l’est particulièrement dans le territoire palestinien occupé (y compris la Cisjordanie et la Bande de Gaza), avec sa capacité limitée pour gérer la hausse des cas cliniques. La Bande de Gaza en particulier a été sous un blocus intensif d’Israël depuis 2007, ce qui causé des pénuries de fournitures médicales et de capacité clinique.

Israël a nié son statut et son rôle comme occupant de la Cisjordanie, ainsi que les responsabilités afférentes pour la santé de la population occupée, responsabilités établies dans la Convention de Genève et soulignées par les Nations Unies et 18 organisations de défense des droits humains[[Conseil des Droits de l’hommes des Nations Unies, Israel/TPO : Des experts des Nations Unies appellent Israël à garantir un accès égal aux vaccins contre le COVID-19 pour les Palestiniens. Date: 14 janvier 2021. Date d’accès : 25 janvier 2021]][[Human Rights Watch,
Déclaration conjointe sur l’obligation d’Israël vis-a-vis de la Cisjordanie et de Gaza face à la pandémie de coronavirus. Date: 7 avril 2020. Date d’accès : 25 janvier 2021]]. Ce déni contredit gravement les faits sur le terrain, à savoir : le contrôle limité de l’Autorité palestinienne, qui concerne seulement 38% de la Cisjordanie, les 62 % restants étant sous contrôle militaire israélien ; la construction de 125 colonies sur terre palestinienne et d’environ 100 avant-postes, avec leur infrastructure associée, dont des routes séparées vers Israël ; la démolition de bâtiments palestiniens et la destruction de terres agricoles ; la nature discriminatoire de la gestion de l’eau, qui favorise les communautés coloniales et mine les communautés palestiniennes ; et l’impunité de la violence des colons. Ce sont les marques d’une présence occupante, avec des implications pour le système de soins et la santé, les moyens d’existence et les perspectives des Palestiniens.

Israël est complice de la vulnérabilité accrue de la population palestinienne face au COVID-19. Israël n’a pas une responsabilité non seulement légale, mais aussi morale, de garantir en urgence la disponibilité des vaccins approuvés. Nous appelons les médecins et les autres professionnels de santé à faire entendre leurs voix et à faire pression sur le gouvernement israélien pour fournir des vaccins aux Palestiniens, y compris aux réfugiés palestiniens de Cisjordanie et de la Bande de Gaza.

Les opinions exprimées dans cette Correspondance sont celles de leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement la position de leurs institutions. Les auteurs sont membres du comité de pilotage de la LPHA et s’engagent dans le soutien au développement de la recherche sur la santé et le système de soins des Palestiniens. GW est un administrateur de l’organisme caritatif britannique Medical Aid for Palestinians [Assistance médicale pour les Palestiniens].