Des organisations artistiques se retirent du festival de Sydney en protestation contre le sponsoring de l’ambassade israélienne

Au milieu d’appels au boycott pour un sponsoring de 20000 $ d’une production de danse, le festival dit qu’il révisera tous les accords de subventions avec les ambassades.

Au moins trois organisations artistiques se sont retirées du festival de Sydney à cause d’un accord de sponsoring avec l’ambassade israélienne, au milieu d’appels à un bocyott.

Les protestations, soutenues par une coalition d’organisations arabes et pro-palestiniennes et de divers artistes et universitaires, concernent un sponsoring de 20 000 $ [=17600 euros] pour mettre en scène une production de Decadance, du chorégraphe israélien Ohad Naharin, par la Compagnie de danse de Sydney.

Pour le moment, Khaled Sabsabi, artiste récipiendaire du prix Blake, la rappeuse malyangapa et barkindji Barkaa, la Compagnie de danse d’Asie du Sud Bindi Bosses, l’Arab Theatre Studio et Nazeem Hussain, slammeur de poésie et comédien de Bankstown, se sont retirés du festival de 2022.

Selon une déclaration rendue publique mercredi par le Mouvement pour la justice en Palestine de Sydney, l’accord de sponsoring a été conclu en mai, le mois même pendant lequel les forces armées israéliennes ont lancé une série d’attaques aériennes sur Gaza, tuant de nombreux civils palestiniens.

« Les défenseurs de la Palestine appellent tous les opposants à l’apartheid à boycotter le festival de Sydney 2022 », disait la déclaration. « Par ce partenariat avec Israël, le festival de Sydney …contribuera à la normalisation d’un état d’apartheid. »

Dans une lettre ouverte [publiée jeudi sur le site web de la revue littéraire] Meanjin, une coalition d’artistes et d’écrivains ont dit qu’ils considéraient « honteux » le partenariat persistant du festival de Sydney avec l’ambassade israélienne et ont accusé le festival de « créer un environnement culturellement peu sûr pour les artistes et les publics arabes qui veulent faire partie du festival mais qui ne peuvent pas y participer maintenant en bonne conscience, quand ils sont témoins du massacre, de l’occupation et de l’oppression des Palestiniens. »

Naharin a affirmé à plusieurs occasions son soutien de principe à l’agenda des mouvements de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) pour les droits humains du peuple palestinien.

Mais, en répondant à une requête de Brian Eno de cesser d’utiliser ses oeuvres musicales dans une production (sponsorisée par l’ambassade israélienne) de la Compagnie de danse Batsheva à Tel Aviv en 2016, le chorégraphe a décrit ces boycotts comme « paresseux » et « essentiellement inutiles », ajoutant qu’il croyait qu’il y avait des façons plus efficaces d’aider la cause palestinienne.

Dans une déclaration au Guardian-Australie jeudi, un porte-parole du festival a dit qu’il ne mettrait pas fin à son accord avec l’ambassade israélienne.

« Le festival a un engagement indéfectible à garantir un espace culturellement sûr à tous les artistes, employés et publics », disait la déclaration.

«  [Le festival] révisera tous les accords de subvention avec des ambassades et des organisations culturelles pour garantir que la continuation de ces partenariats est compatible avec le maintien d’un environnement de progrès, accueillant et culturellement sûr. »

Dans une déclaration plus tôt cette semaine, le bureau du festival de Syndey a dit qu’il était incapable de soutenir le mouvement BDS, comme demandé par la coalition (qui inclut la Fédération australienne arabe, Les Verts pour la Palestine, Voix juives australiennes indépendantes, Juifs contre l’occupation-Sydney, les représentants de BDS à Sydney et les Travailleurs australiens et palestiniens unis) parce que le festival était une organisation à but non lucratif et apolitique.

Un des co-auteurs de la lettre de Meanjin est l’auteur Michael Mohammed Ahmad, qui devait rejoindre le bureau du festival plus tard dans l’année et a maintenant rejeté cette nomination.

La lettre ouverte a décrit la position du festival comme « une affirmation vide étant donné que le festival est assez conscient politiquement pour offrir une plateforme aux « artistes des Nations Premières, des minorités et de la diversité ».

« Comment le festival peut-il réconcilier son engagement à la solidarité avec les autochtones ici à la légitimation et à la normalisation des relations avec un état d’apartheid et d’occupation coloniale qui maintient un système de racisme, d’assujettissement et de vol de terres contre les Palestiniens ? » demandait la lettre.

L’auteure et universitaire Anita Heiss a twitté : «  Qu’un festival d’arts affirme qu’ils sont apolitiques est embarrassant, pour le moins. »

Un communiqué de l’ambassade d’Israël à Canberra envoyé au Guardian jeudi disait :

«  Israël a toujours promu l’échange culturel et et continuera à le promouvoir et à s’engager dans un dialogue culturel dans de nombreux pays, dont l’Australie.

La culture est un pont pour la coexistence, la coopération et le rapprochement et devrait être laissée hors de l’arène politique. »

Plus tôt cette année, le festival de cinéma queer de Melbourne a été confronté à une réaction similaire pour avoir projeté un film subventionné par l’état d’Israël.