Un témoin relate les derniers moments de la vie de Hadil Salah Hashlamoun, une jeune fille de 18 ans. Ce matin, dans le quartier de Tel Rumeida, à al-Khalil (Hebron),….
Un témoin relate les derniers moments de la vie de Hadil Salah Hashlamoun, une jeune fille de 18 ans.
Ce matin, dans le quartier de Tel Rumeida, à al-Khalil (Hebron), le bruit de nombreux tirs de balles réelles tirées au checkpoint 56 rue Shouhada a déchiré nos oreilles.
Fawaz Abou Aisheh, un homme de 34 ans qui se tenait près du checkpoint ce matin vers 7h40 a conduit quelques enfants hors de la scène où des militaires israéliens hurlaient en hébreu à Hadil, qui, terrifiée, était en chemin pour l’école. « Ils hurlaient ‘Recule ! Recule !’. Je savais qu’elle ne pouvait pas comprendre, aussi suis-je intervenu en arabe ; elle a immédiatement prêté attention et je l’ai emmenée de l’entrée vers la sortie du checkpoint ».
Sur la photo, Hadil, en burka, est à l’arrière plan, avec Fawaz. « J’ai essayé de parler avec elle, elle était terrifiée. Elle ne connaissait rien ». Fawaz a supplié les militaires, qui se faisaient de plus en plus nombreux, de lui permettre de l’emmener hors du checkpoint pour lui expliquer de quoi il retournait, pour faire baisser la tension. « Dès que je me suis adressé à elle, elle m’a écouté, mais ils m’ont obligé à partir et ont continué à lui crier des mots en hébreu, que, de toute évidence, elle ne comprenait pas ».
Il y avait vraisemblablement un certain nombre d’alternatives à la scène, parfaitement décrite par Fawaz, au lieu de faire feu tout de suite à bout portant, au lieu de tirs mortels sur le corps d’une adolescente palestinienne. Après ça, les militaires israéliens ont prétendu que la jeune fille avait sur elle un couteau. Fawaz conteste cette affirmation. « Elle était entièrement couverte, aucun couteau n’est apparu, à aucun moment. Même si elle avait eu un couteau, il aurait été tellement facile de l’arrêter ! J’étais là… J’aurais pu lui parler, elle a été très coopérative au tout début. Je lui ai demandé de se déplacer et elle s’est déplacée, mais ensuite quand j’ai supplié le militaire de me laisser lui parler, ils m’ont fait partir et ont pointé leurs armes sur moi. Après qu’ils lui aient tiré dessus tant et plus, d’autres soldats sont arrivés. Il y avait encore 3 ou 4 gamins à quelques mètres du checkpoint, donc je les ai éloignés ».
Comme si cet incident n’était pas totalement perturbant en soi, au-delà des coups de feu, les soldats israéliens riaient, étaient souriants et parlaient entre eux de choses et d’autres, tandis que Hadil perdait rapidement son sang sur le béton. Des colons israéliens ont fait cercle et on pris Hadil en photo. Fawaz a noté que l’ambulance palestinienne était arrivée en cinq minutes pour emmener à toute vitesse la jeune fille mourante à l’hôpital, mais que l’armée israélienne l’a empêchée de se rendre auprès d’elle, choisissant de la laisser perdre son sang au vu et au su de tout le monde dans la rue pendant quarante minutes, jusqu’à l’arrivée d’une ambulance israélienne. Pendant qu’elle agonisait, on a vu un militaire israélien la tirer par les pieds.
La jeune Hadil Salah Hashlamoun de 18 ans est morte de ses blessures juste après son admission dans un hôpital de Jérusalem. La question de savoir si elle aurait survécu si on lui avait permis d’être immédiatement prise en charge par l’ambulance palestinienne vite arrivée plutôt que laissée à saigner pendant une éternité de quarante minutes, ne trouvera peut-être jamais de réponse.
Si une once d’humanité existe chez l’entité occupante, elle était horriblement absente aujourd’hui au checkpoint de la rue Chouhada.