En réponse à des attaques homophobes en ligne, plus de 50 militants de gauche LGBTQ et des salariés d’ONGs en Israël-Palestine ont publié une déclaration condamnant l’occupation, le racisme et le pinkwashing.
Il y a deux semaines, un rappeur israélien connu, d’extrême-droite, a posté encore un point de vue homophobe sur sa page Facebook. Le post, qui n’était pas le premier de la part de quelqu’un d’extrême droite à mettre des membres d’organisations de défense des droits humains en ligne de mire, a été le catalyseur d’une initiative visant à rassembler des militants de gauche LGBTQ en tête de la Tel Aviv Pride cette semaine.
Le rappeur a attaché à ce post des photos de cinq de nos amis de ces organisations, comme pour préparer une liste noire de queers de gauche. Aussi avons-nous décidé de lui épargner cette peine à lui et à ses amis et d’établir fièrement notre propre liste rose. Oui, les LGBTQ sont majoritaires dans les organisations de gauche et ce n’est pas un hasard.
Au cours des derniers jours, nous avons réuni plus de 50 membres de la communauté LGBTQ agissant dans des organisations pour les droits des êtres humains et des animaux et qui sont actifs dans des luttes pour le logement social, la justice sociale, des droits égaux pour les différents groupes de ce pays et contre la discrimination et le racisme. Il y a un lien fort entre le fait que nous faisons tous partie de la même tribu queer et notre devoir envers la justice et l’égalité — pour tous.
On a fait de nous une attraction touristique, même si le gouvernement fait régulièrement défaut sur le vote de lois nous accordant plus de droits. Nous ne sommes pas prêts à ce que l’État continue avec cynisme à se servir de notre identité pour se monter comme un pays éclairé, tandis que l’occupation se poursuit sans être dérangée, que des gens sont jetés dehors de leur maison et mis à la rue à Givat Amal et à Umm al-Hiran, que des demandeurs d’asile sont mis en prison et que les manifestations sont violemment réprimées. Ce qui brille ne peut pas et ne doit pas cacher les checkpoints, les murs et les milliers de prisonniers.
Nous sommes une minorité qui fait l’expérience d’une violente oppression depuis des milliers d’années et qui a réussi grâce à la sueur et au sang de gens ordinaires qui ont sacrifié leur vie et créé rien moins qu’une révolution. Même si cela n’est pas encore fini, même s’ils continuent à nous tuer, à nous menacer, à nous poursuivre, nous avons une responsabilité vis-à-vis d’autres minorités. Nous devons nous souvenir que nous n’aurions pas non plus progressé comme nous l’avons fait, sans le soutien d’aussi nombreuses personnes extérieures à notre communauté.
Je suis sûre que toute personne queer connaît le sentiment chaleureux d’être nouvelle quelque part et de repérer un autre membre de la communauté qui la remarque en retour. C’est une reconnaissance mutuelle – un bref regard qui réaffirme à chacun qu’il n’est pas seul, que peu importe d’où vous soyez, si l’un de vous est religieux et l’autre laïc, si vous êtes musulman, juif ou chrétien. Vous êtes de la même tribu et c’est là l’essence de notre drapeau arc-en-ciel.
Nous nous cherchons les uns les autres. Nous ne nous détournons pas quand on assassine nos proches à Chechnya, quand on les massacre dans une boîte de nuit d’Orlando ou à la Gay Pride de Jérusalem. Et nous ne nous détournons pas non plus quand on leur fait un chantage systématique dans les territoires palestiniens occupés à cause de leur orientation sexuelle. Parce que si nous nous détournons, nous n’avons pas le droit de nous appeler une communauté.
Et c’est ce que les gens de droite qui nous surveillent doivent comprendre – Pas de paix pour quiconque attaque un membre de notre communauté.
Déclaration: LGBTQs contre l’occupation!
Tandis que les provocations contre les militants de gauche et les organisations de défense des droits humains continuent à augmenter en Israël-Palestine, des gens de la droite se sont mis à lancer des attaques homophobes contre les défenseurs des droits humains et à attirer l’attention sur le nombre d’ONGs dirigées par des personnes LGBTQ.
Nous qui sommes un groupe queer de militants de défense des droits sociaux et humains, nous voulons dire une chose à toutes les brutes occupées à marquer des points : vous avez raison.
Il y a bien sûr beaucoup de personnes LGBTQ au sein de la communauté de défense des droits humains et un bon nombre de gens de gauche, et ce n’est pas un hasard. Nous ne pouvons qu’établir un lien entre notre propre lutte pour les droits humains, l’égalité et la liberté et celles d’autres groupes. Israël s’affiche comme le paradis des queer même s’il escroque les Palestiniens, exhibant ses titres en tourisme gay tout en nous utilisant pour nier les injustices dont il est responsable.
Aux homophobes racistes : il n’y a pas à être fiers de l’occupation. Il n’y a pas à être fiers de l’expulsion de demandeurs d’asile. Il n’y a pas à être fiers de jeter des familles à la rue. Votre violence et celle de l’État ne motivent en rien de la fierté.
Nous avons choisi d’être partie prenant de la longue bataille pour les droits des êtres humains et pour la liberté – non seulement pour notre propre libération, et certainement pas pour faire les relations publiques du gouvernement. Nous continuerons à nous opposer partout à l’injustice et à montrer le lien entre les violations par Israël des droits des Palestiniens et les discriminations qu’il exerce sur d’autres groupes.
Et, pour rappel à nos amis de la communauté LGBTQ – notre sûreté et notre sécurité ne peuvent reposer sur l’écrasement d’autres groupes. Nous sommes ici pour y rester et nous continuerons à dire à notre communauté : arrêt de l’occupation, arrêt de la répression et arrêt de la discrimination. Nous méritons tous un meilleur avenir.
Signataires:
Avi Blecherman, social justice and human rights activist
Avi Buskila, Peace Now
Uri Weltmann, Standing Together
Uri Shmilovich, former head of the Haifa LGBT Forum
Orna Hadar, Amnesty International Israel
Aeyal Gross, board member of the Association for Civil Rights in Israel and Gisha
Iris Stern Levi, Her Academy
Alon Lee-Green, Standing Together
Elizabeth Tsurkov
Elinor Davidov, feminist activist
Alma Biblash, Human Rights Defenders Fund
Erin Toledano-Farajov, queer Mizrahi activist for intersectional rights
Gil Naveh
Dalia Zakah, Woman for Woman
Dan Yakir, Association for Civil Rights in Israel
Dafna Hirsch
Dror Mizrahi, The Front Against Police Violence
Hadas Pe’ery, social and political activist
Winter Adi
Zehava Greenfeld, activist in the struggle for public housing and against the occupation
Zizo Abu Hawa, IGY — Alwan
Khulud Khamis, author and feminist activist
Hagai El-Ad, B’Tselem
Chen Misgav, board member of Bimkom — Planners for Planning Rights
Hannah Safran, Woman for Woman
Tanya Rubinstein, Coalition of Women for Peace
Yuval Yonay
Yuli Novak, Breaking the Silence
Yonathan Gher, Amnesty International Israel
Yossi Wolfson
Yotam Shlomo, member of Sadaka-Reut’s Internal Audit Committee
Yael Agmon, MachsomWatch, former head of Tehila
Yael Marom, Local Call and Just Vision
Lihi Joffe, board member of Coalition of Women for Peace
Mickey Gitzin
Maayan Niezna, Hotline for Refugees and Migrants
Maayan Dak, Zazim
Nadav Antebi-Gruszka
Rabbi Noa Sattath
Natasha Roth, +972 Magazine
Nizar Hlewa, Sadaka-Reut
Nisreen Mazzawi, feminist activist and board member of Woman for Woman
Sahar Vardi
Smadar Sharon
Sapir Sluzker-Amran, social and political activist
Amit Gilutz, B’Tselem
Atalia Israeli-Nevo, Zochrot
Fady Khoury, attorney at Adalah — The Legal Center for Arab Minority Rights in Israel
Roy Yellin, B’Tselem
Sarit Michaeli