Chaque année, environ 300 garçons du quartier de Jabal al-Moukabir de Jérusalem-Est occupée terminent le collège et sont prêts à passer au lycée. Mais moins de la moitié d’entre eux….
Chaque année, environ 300 garçons du quartier de Jabal al-Moukabir de Jérusalem-Est occupée terminent le collège et sont prêts à passer au lycée.
Mais moins de la moitié d’entre eux sont à même de trouver une place dans le seul lycée du quartier, le lycée Sakhin. Nombreux sont ceux qui quittent complètement l’enseignement.
Chercher une place dans un autre secteur n’est pas une solution. La diminution du nombre de classes disponibles à Jabal al-Moukabir se retrouve dans toute la ville occupée.
Israël occupe militairement Jérusalem-Est depuis juin 1967 et l’a formellement annexée en 1980.
Aucun pays ne reconnaît la souveraineté d’Israël et selon le droit international, l’annexion de la Vieille Ville est nulle et non avenue.
Mais selon la Quatrième Convention de Genève, dont le Conseil de sécurité a sans cesse réaffirmé qu’elle s’applique à Israël, la puissance occupante est responsable du bien-être de la population en son pouvoir.
Un déficit de classes
Un estimation prudente donne un besoin de 2 247 classes pour faire face à la pénurie actuelle et pour remplacer les prestations inférieures aux normes réservées aux élèves palestiniens à Jérusalem Est, selon un nouveau rapport de Ir Amim, un groupe israélien de défense des droits humains.
Cela se monte à un besoin de classes pour 80 000 élèves, selon les estimations.
Ir Amim dit que le déficit de salles de classes est responsable du fait que 36% des enfants de Jérusalem Est ne terminent pas leur cycle secondaire.
En février 2011, après une décennie de litiges, la cour suprême d’Israël a décidé que la négligence des autorités quant aux école palestiniennes à Jérusalem était une violation du droit à l’éducation.
La cour a donné au gouvernement et à la municipalité imposée par Israël cinq ans pour corriger l’énorme fossé entre le besoin et la disponibilité d’équipements scolaires pour les Palestiniens.
Mais alors que l’échéance approche, il est clair dans le rapport d’Ir Amim que le gouffre se maintient plus large que jamais.
« Les écarts examinés dans ce rapport ont des répercussions intolérables pour des dizaines de milliers d’enfants », déclare Ir Amim. Ces enfants « n’ont pas de place dans le système scolaire et sont forcés d’étudier dans des institutions reconnues mais non officielles ».
Depuis 2001, le nombre d’élèves fréquentant des écoles d’un tel statut, dont le lycée Sakhin, s’est multiplié par 22, tandis que le nombre de ceux qui sont inscrits dans des établissements officiels ne s’est élevé que de 40%.
Les écoles reconnues mais non officielles reçoivent quelques fonds du ministère de l’éducation mais relèvent d’une gestion privée, dispensent un enseignement payant et sont de loin inférieures aux établissements publics, selon Ir Amim. Elles sont fréquemment situées dans des bâtiments surpeuplés qui manquent des aménité de base telles la climatisation, le chauffage, des laboratoire et des bibliothèques.
Ir Amim estime alarmant le nombre croissant d’élèves dans de tels établissements. Leur rapide augmentation reflète le besoin criant de davantage de classes que ce que fournissent la municipalité et le ministère israélien de l’éducation, et non de préférences de la part des parents.
Au début de l’année scolaire 2015, des parents d’élèves de Jabal al-Moubakir ont refusé d’envoyer leurs enfants au lycée Sakhin à cause de la mauvais qualité de l’enseignement.
Ir Amim note que les parents de ce quartier ont été très actifs à revendiquer de meilleures prestations pour leurs enfants. En juillet 2015, un groupe de parents a entamé une procédure contre les autorités israéliennes pour leur refus d’ouvrir une école de garçons dans le quartier.
Sur 105 000 élèves palestiniens dans les écoles de Jérusalem Est, 42% sont dans des écoles publiques, 42% dans des établissements reconnus mais non officiels et les 16% restant dans des écoles privées.
Il y a cependant au moins 127 000 enfants palestiniens d’âge scolaire à Jérusalem Est, ce qui veut dire que le statut éducatif de 22 000 enfants est inconnu.
Un taux de décrochage scolaire des plus hauts
La négligence de l’enseignement à Jérusalem Est a fait que les Palestiniens ont là le plus haut taux de décrochage scolaire de toute la Palestine historique.
Les enfants palestiniens de Jérusalem Est ont un taux de décrochage de 13%, plus que deux fois le taux des citoyens palestiniens de l’Israël actuel.
Le taux de décrochage des garçons et des filles du secondaire en Cisjordanie occupée par Israël et dans la bande de Gaza, où l’enseignement est géré par l’Autorité Palestinienne et par des agences de l’ONU, est d’environ 2,5%, selon le Programme de Développement des Nations Unies.
Jérusalem Ouest, la partie de la ville devenue majoritairement juive suite au nettoyage ethnique de 1948 de sa population palestinienne par des milices sionistes, a un taux de décrochage d’à peine 1% et se prévaut de 21 programmes dédiés à la prévention du décrochage.
Jérusalem Est, qui est toujours à prédominance palestinienne en dépit des efforts en cours d’Israël pour y opérer un nettoyage ethnique par la démolition de maisons, la colonisation et la suppression de droits de résidence, a à peine huit de ces programmes – du fait d’un manque de financement.
En 2014, le gouvernement israélien a décidé d’investir dans le développement socioéconomique de Jérusalem «au bénéfice de tous ses résidants » selon Ir Amim.
Pourtant, le plan a budgété 24 millions de dollars pour la police et seulement 12 millions pour l’éducation de tout Jérusalem. Nulle part n’est mentionné le grave déficit de classes pour les enfants palestiniens.
Ir Amim note que 38% des sommes allouées à l’éducation ont été attribués aux efforts d’Israël pour assurer son contrôle sur Jérusalem Est en violation des besoins, des souhaits et des droits des Palestiniens qui y vivent.
Une politique d’aménagement urbain discriminatoire
Et tandis que 2015 a vu la construction de plus de classes à Jérusalem Est qu’au cours des 14 années précédentes cumulées, le nombre de classes construites depuis 2001 n’est toujours que de la moitié de ce qui est nécessaire pour faire face à la croissance démographique.
Alors qu’Ir AMIM ne s’étend pas sur les raisons de l’échec des autorités israéliennes à se conformer à ce qui leur a été enjoint par le tribunal, le caractère discriminatoire de longue date de la politique israélienne d’aménagement offre certainement une partie de l’explication.
En 1975, Yisrael Kimhi, un haut fonctionnaire du ministère de l’intérieur, expliquait ainsi le projet d’Israël pour le territoire nouvellement conquis de Jérusalem Est : « un des éléments-clé de l’aménagement urbain de Jérusalem est la question démographique ».
En d’autres termes, la politique israélienne s’est mise en devoir de limiter la croissance de la population palestinienne de Jérusalem Est et à promouvoir la colonisation juive.
Aussi, alors que 38% des zones urbanisées ont été confisquées pour le développement des quartiers de colonies juives, seuls 2,6% ont été réservés pour des bâtiments publics – tels que des écoles – pour les Palestiniens indigènes de Jérusalem.