Cinq dirigeants d’une délégation interconfessionnelle se dirigeant vers Israël/Palestine se sont vu refuser l’autorisation d’embarquer à bord de leur avion, aux États-Unis, dans ce qui semble être une application de l’interdiction de voyager en Israël visant celles et ceux qui soutiennent les droits des Palestiniens et le boycott, le désinvestissement et des sanctions (BDS) contre Israël.
La rabbin Alissa Wise : « Il nous a été dit à un contrôle que la compagnie aérienne avait reçu un courrier du gouvernement israélien l’informant que nous n’étions pas autorisés à prendre l’avion pour Israël. Je n’ai même pas pu aller jusqu’à la vérification de mon sac ».
Washington DC (24 juillet 2017) – Cinq membres d’une délégation interconfessionnelle ont été empêchés de prendre l’avion pour Israël à cause de leur critique publique de la politique du gouvernement israélien envers les Palestiniens. Ce groupe de dirigeants juifs, musulmans et chrétiens était visé apparemment à cause de son soutien public à l’appel palestinien pour le boycott, le désinvestissement et les sanctions (BDS) contre l’État d’Israël. À son arrivée au guichet d’enregistrement de la Lufthansa à l’aéroport international de Dulles, un employé de la compagnie aérienne est venu informer le groupe que le gouvernement israélien avait dit à la compagnie de ne pas les laisser monter à bord.
Les cinq personnes interdites de prendre l’avion sont la rabbin Alissa Wise, directrice adjointe de Jewish Voice for Peace (Une Voix juive pour la paix), Philadelphie, PA ; Alana Krivo-Kaufman, Brooklyn, NY, et Noah Habeeb, Virginie, tous deux également de JVP ; Rick Ufford Chase, de la Presbyterian Peace Fellowship (Confraternité presbytérienne pour la paix), Rockland County, NY ; et Shakeel Syed, membre du conseil d’American Muslims for Palestine (Musulmans américains pour la Palestine), Los Angeles, CA.
« Israël m’a refusé la possibilité de venir en Israël en raison de mon action pour la justice pour les Palestiniens, bien que je sois juive, et une rabbin » a déclaré la rabbin Alissa Wise. « J’ai le cœur brisé et je suis indignée. Voilà une nouvelle démonstration que la démocratie et la tolérance en Israël ne sont accordées qu’à ceux qui sont d’accord avec sa politique de plus en plus répressive contre les Palestiniens ».
La Knesset israélienne (le parlement israélien) a voté en mars un projet de loi qui interdit l’entrée en Israël à tous ceux qui soutiennent le boycott, le désinvestissement et les sanctions contre Israël jusqu’à ce que les Palestiniens jouissent d’une égalité totale de droits. L’interdiction israélienne du BDS touche tous ceux qui ont approuvé le boycott des produits des colonies israéliennes, construites sur la terre palestinienne occupée en violation de la législation internationale et d’une très ancienne politique officielle des États-Unis. C’est la première fois, semble-t-il, que cette politique est appliquée avant même que les gens n’embarquent dans leur avion. C’est aussi la première fois qu’Israël interdit son entrée à des juifs, dont une rabbin, à cause de leurs positions politiques. Cette nouvelle mise à l’épreuve politique pour l’entrée dans le pays est un prolongement des pratiques israéliennes anciennes de profilage racial, religieux et ethnique des visiteurs palestiniens, arabes et musulmans venant en Israël.
« En tant qu’homme de foi, le déni par Israël de mon droit à visiter la Terre sainte ne m’affaiblira pas, bien au contraire il va m’encourager dans ma quête de justice et de paix pour les Palestiniens et d’une liberté qui est due depuis si longtemps à la Palestine », a dit Shakeel Syed, militant des droits de l’homme et membre du conseil d’American Muslims for Palestine. « Alors que j’avais en main ma carte d’embarquement pour Tel Aviv, le représentant de la Lufthansa m’a informé qu’ils avaient reçu l’injonction directe des ‘autorités israéliennes de l’immigration’ de ne pas nous laisser prendre l’avion. En plus, ils ont même refusé de nous montrer cet ordre israélien ».
L’interdiction de voyage pour les BDS s’intègre dans une série plus vaste de mesures sévères contre ceux qui apportent leur soutien à ces tactiques non violentes visant à rendre Israël responsable au regard du droit international. Le Congrès des États-Unis a actuellement en préparation un projet de loi draconien anti-boycott d’Israël qui pénalisera les personnes et les sociétés qui boycottent les entreprises faisant des affaires avec Israël ou les colonies israéliennes, avec des peines allant jusqu’à 20 ans de prison et un million de dollars d’amendes.
Au moment où la violence s’accroît dans la région, où les Palestiniens doivent prier à l’extérieur de l’esplanade Al-Aqsa et dans les rues, où ils y manifestent contre les restrictions israéliennes frappant leur culte, il est interdit à un petit groupe de dirigeants et militants de diverses communautés religieuses de pouvoir en témoigner et de prêter leur voix interconfessionnelle à la paix. Par cette interdiction, Israël empêche les dirigeants interconfessionnels d’entrer en Israël et dans les Territoires palestiniens occupés, notamment en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, sous contrôle israélien.
« Je fais partie d’une délégation juive, musulmane et chrétienne, de pacifistes engagés, non violents, dont le projet est de rencontrer ceux, en Israël et en Palestine, qui agissent chaque jour pour une juste paix en Terre sainte » a dit Rick Ufford-Chase, modérateur de la 216e Assemblée générale, PC (USA) et membre du conseil militant de Presbyterian Peace Fellowship. « Dans cette période où, une fois encore, les tensions et les violences augmentent, le travail que nous faisons pour construire la confiance et celui pour une paix viable sont plus importants que jamais, et je suis prêt à partir dès que l’État d’Israël nous donnera l’autorisation de prendre l’avion ».
Les 18 autres participants de la délégation de l’Interfaith Network for Justice in Palestine (du Réseau interconfessionnel pour la justice en Palestine) (INJIP) sont arrivés en Israël ce matin où ils ont été autorisés à entrer après plusieurs heures de détention et d’interrogatoires qui se sont surtout concentrés sur les membres musulmans de la délégation. La délégation projette de rencontrer des dizaines d’organisations à base religieuse, de militants de terrain et de groupes des droits de l’homme, en Israël et dans les territoires palestiniens. Maintenant, les délégués restants vont continuer ce travail, sans les 5 membres manquants, avec la volonté d’apprendre, de témoigner et corésister à l’occupation, aux transferts et au siège israéliens, avec des partenaires palestiniens et israéliens sur le terrain.
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