Des députés et des membres de la Chambre des lords britanniques exhortent leur gouvernement à interdire les ventes d’armes à Israël

Les ministres sont sous pression croissante d’agir face aux signes qu’Israël a l’intention d’ignorer la résolution des Nations Unies demandant un cessez-le-feu

La pression parlementaire s’intensifie sur le gouvernement britannique pour qu’il interdise les ventes d’armes à Israël, face aux signes qu’Israël a l’intention d’ignorer la résolution du conseil de sécurité des Nations Unies votée cette semaine et appelant tous les côtés à s’engager à un cessez-le-feu.

Une lettre signée par plus de 130 parlementaires et adressée au Secrétaire d’État aux Affaires étrangères, David Cameron, souligne les mesures prises par d’autres pays, comme très récemment par le Canada, qui a annoncé la semaine dernière arrêter toute exportation d’armes à Israël.

Les ministres sont déjà confrontés à des appels du Secrétaire d’État aux Affaires étrangères du cabinet fantôme, David Lammy, à publier l’avis juridique adressé aux ministères sur la question de savoir s’il existe un risque grave qu’Israël viole le droit humanitaire international, ce qui devrait normalement déclencher la suspension des ventes d’armes britanniques.

La lettre, coordonnée par la députée travailliste Zarah Sultana, a été signée par 107 députés et 27

lords du Parlement, dont l’ancien ministre travailliste pour le Moyen-Orient Peter Hain, le chef du Parti national écossais, Stephen Flynn, l’ancienne ministre du cabinet fantôme Jess Phillips, l’ancien dirigeant travailliste Jeremy Corbyn et la membre conservatrice de la Chambre des lords, Nosheena Mobarik.

D’autres signataires incluent l’ancien Secrétaire permanent du Bureau des Affaires étrangères John Kerr et l’ancienne ministre travailliste Tessa Blackstone. Au total 46 députés travaillistes ont appuyé l’appel ainsi que presque tous les députés du Parti national écossais.

La lettre fait valoir que continuer, comme si de rien n’était, les exportations d’armes britanniques à Israël (« business as usual ») est « complètement inacceptable ». Elle dit que les armes fabriquées au Royaume-Uni sont utilisées à Gaza, indiquant qu’une récente enquête des Nations Unies a découvert qu’un avion de combat F-16 fabriqué avec des pièces britanniques était probablement responsable du bombardement des médecins britanniques à Gaza.

Dans deux précédentes escalades du conflit à Gaza, remarque la lettre, les gouvernements britanniques ont suspendu leurs ventes d’armes à Israël. « Aujourd’hui », dit la lettre, « l’échelle des violences commises par l’armée israélienne est largement plus mortelle, mais le gouvernement britannique n’a rien fait. »

 La lettre arrive après le vote surprise ce lundi du Conseil de sécurité des Nations Unies demandant un cessez-le-feu immédiat, une demande fermement rejetée par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, qui a annulé la visite prévue d’une délégation israélienne à Washington en réponse à l’abstention des États-Unis sur la résolution. Les attaques contre Rafah ont continué.

Les États-Unis ont dit que la résolution n’était pas contraignante, mais le Royaume-uni ne partage pas cette interprétation.

 Cameron a augmenté ses critiques d’Israël dans les dernières semaines, mais les ministres disent qu’une décision sur les ventes d’armes est une décision juridique complexe qui prend en compte une gamme de facteurs, dont les efforts faits par Israël pour minimiser les victimes civiles. Quelques-unes des critiques du Secrétaire d’État aux Affaires étrangères ont par implication suggéré qu’Israël en tant que puissance occupante ne satisfait pas à ses devoirs selon le droit international de fournir de la nourriture et de l’eau aux civils palestiniens.

Un nombre croissant d’organisations de défense des droits humains et d’aide humanitaire ont aussi appelé à suspendre les licenses pour les armes, en particulier Oxfam, Save the Children, Christian Aid, Amnesty International et Islamic Relief.

Sultana a déclaré : « Le gouvernement israélien semblant maintenant ne pas tenir compte de la résolution de cessez-le-feu du Conseil de sécurité des Nations Unies, il viole encore une fois le droit international et rend impossible à ignorer les arguments en faveur de l’arrêt des ventes d’armes. »

« Le gouvernement britannique doit enfin respecter les droits du peuple palestinien, prendre en compte cet appel de 130 parlementaires de tous partis, et mettre fin immédiatement aux ventes d’armes à Israël. »

Katie Fallon, directrice de plaidoyer de la Campagne contre le commerce des armes, a affirmé que la réponse du gouvernement à l’interdiction des ventes d’armes « était allée de l’obstruction aux députés, en répétant des réponses insignifiantes à, plus inquiétant, se donner beaucoup de mal pour s’assurer que les conseils juridiques du ministère des Affaires étrangères ne reconnaissent jamais de façon certaine l’existence d’un « risque clair » qu’Israël puisse utiliser ces exportations d’armes dans une violation sérieuse du droit humanitaire international. »

Séparément, une requête de révision judiciaire est en cours à propos de la décision du Royaume-Uni de suspendre son financement à l’Unrwa, l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens. Ce recours a été lancé par le cabinet d’avocats Bindmans représentant un homme palestino-britannique cherchant à protéger les membres de sa famille, des réfugiés enregistrés auprès de l’Unrwa.

Le recours en justice allègue que la décision de suspension a été prise illogiquement et sans tenir compte des éléments de preuve, ni des obligations internationales ou des cadres de prise de décision du Bureau des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a suspendu son financement après des allégations qu’une douzaine de membres du personnel de l’UNRWA avait pris part à l’attaque sanglante contre Israël le 7 octobre.

Les ministres disent qu’ils attendent deux rapports indépendants avant de prendre la décision de restaurer leur financement. De nombreux autres pays, dont l’Australie et le Canada, ont déjà repris leur financement.