Les États-Unis pourraient imposer des sanctions alors que des organisations disent qu’Israël n’a pas aidé à soulager une situation humanitaire dramatique.
Une coalition d’organisations d’aide internationale a accusé Israël d’ignorer un ultimatum des États-Unis qui menaçait de sanctions si Israël ne mettait pas en place une série de mesures pour contrecarrer la crise humanitaire aiguë à Gaza.
L’ultimatum de 30 jours – qui arrive à échéance mardi ou mercredi – a été prononcé le 13 octobre, et presque aucune de ses exigences n’a été satisfaite, disent les associations humanitaires.
On ne sait pas clairement quelles mesures le manquement apparent d’Israël va déclencher, mais elles peuvent comprendre l’arrêt temporaire de la fourniture de certaines munitions ou autre aide militaire.
Washington n’a pas encore dit s’il juge qu’Israël s’est conformé a ses demandes. Le département d’État des États-Unis a dit mardi que le secrétaire d’État, Antony Blinken, avait dit la veille à un haut fonctionnaire israélien que les démarches entreprises par Israël devaient conduire à une véritable amélioration sur le terrain.
Interrogé sur la façon dont Israël exhorterait Israël à améliorer la situation humanitaire, le porte-parole du département d’État Vedant Patel a dit mardi qu’il n’y avait « aucune nouvelle politique ni nouvelle estimation à proposer, mais nous poursuivrons nos conversations avec le gouvernement israélien ».
« Nous n’avons pas fait d’évaluation comme quoi Israël violerait le droit des États-Unis », a dit Patel.
Le site d’informations Axios a rapporté plus tôt mardi que, d’après deux responsables américains, Blinken avait décidé de ne pas réduire l’aide militaire à Israël en raison de la situation humanitaire à Gaza.
Dans une concession apparente de dernière minute, les autorités israéliennes ont annoncé une extension de la zone désignée à Gaza comme « zone humanitaire », ajoutant des zones à l’intérieur des terres qui pourraient soulager partiellement l’intense surpopulation et permettre à quelques personnes déplacées de s’éloigner de la côte alors que l’hiver approche.
Les responsables de l’aide à Gaza décrivent une situation « apocalyptique » dans la majeure partie du territoire, où plus de 80 % de la population de 2.3 millions ont été déplacés et plus des deux tiers des bâtiments ont été détruits ou endommagés en 13 mois de guerre.
Les attaques israéliennes sur Gaza ont continué cette semaine, tuant au moins 14 personnes, dont deux enfants et une femme, d’après les responsables médicaux palestiniens.
Lundi soir, une frappe est tombée sur une cafeteria à l’ouest de Khan Younis, tuant au moins 11 personnes, dont deux enfants, d’après des responsables de l’hôpital Nasser où les victimes ont été transportées.
Une autre frappe, mardi en début de matinée, a atteint une maison au centre de Gaza, tuant trois personnes dont une femme, d’après l’hôpital al-Awda qui a reçu les victimes.
Les forces israéliennes ont lancé une très grande opération le mois dernier à Gaza, bouclant trois villes et ordonnant l’évacuation des civils. Les responsables de l’armée ont dit qu’ils combattaient des militants du Hamas qui s’étaient regroupés dans cette zone.
Le rapport a énuméré 19 mesures de conformité aux exigences américaines. Il a dit qu’Israël ne s’était pas conformé à 15 d’entre elles et ne s’était conformé que partiellement à quatre.
« Israël n’a non seulement pas satisfait aux critères américains qui indiqueraient un soutien à la réponse humanitaire, mais il a simultanément entamé des actions qui ont dramatiquement fait empirer la situation sur le terrain », a dit le rapport. « Cette situation est encore plus épouvantable aujourd’hui qu’un mois plus tôt. »
L’ultimatum des États-Unis, signé par Blinken et par le secrétaire à la Défense, Lloyd Austin, a appelé Israël à permettre à un minimum de 350 cargaisons de marchandises d’entrer quotidiennement à Gaza, à ouvrir un cinquième passage pour entrer dans le territoire, a assurer l’accès aux associations d’aide dans la partie nord de Gaza et à mettre fin à la législation qui entraverait les opérations de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, l’Unrwa.
Les experts mondiaux de la sécurité alimentaire ont mis en garde contre une famine imminente dans des parties du nord de Gaza. La quantité d’aide alimentaire qui atteint Gaza a chuté à son niveau le plus bas depuis décembre, comme le montrent les chiffres officiels israéliens, avec seulement 8.805 tonnes d’aide alimentaire qui entrent dans le territoire par les checkpoints israéliens jusqu’ici ce mois-ci.
« La catastrophe humanitaire à Gaza est le résultat de l’obstruction systémique de l’aide, des bombardements incessants et d’un manquement alarmant à la protection des civils », a dit Katy Crosby, directrice principale de la politique américaine et de plaidoyer à Mercy Corps.
« Le scénario le pire pour le nord de Gaza est maintenant une réalité dévastatrice … Le gouvernement américain doit maintenant tenir Israël pour responsable et prendre des mesures décisives pour assurer la livraison de l’aide sans enfreinte. Sans ces actions, les souffrances et les morts évitables vont augmenter et éroder la crédibilité morale et juridique des États-Unis », a dit Crosby.
Lundi, Israël a dit qu’il avait rempli la plupart des exigences des États-Unis et qu’un cinquième passage dans Gaza ouvrirait dans quelques jours, mais qu’il poursuivrait la mise en œuvre de ses lois contre l’Unrwa.
Matthew Miller, porte-parole du département d’État américain, a dit la semaine dernière qu’Israël avait fait quelques progrès, mais devait faire plus pour satisfaire aux conditions des États-Unis.
Les responsables israéliens rejettent l’accusation comme quoi l’aide serait délibérément restreinte et accusent les agences humanitaires de ne pas organiser sa distribution. Les agences de l’ONU disent que les combats incessants et l’anarchie rendent la collecte et la distribution de l’aide difficiles du côté de Gaza.
En octobre, d’après les chiffres israéliens, en moyenne, 57 camions entraient par jour à Gaza, et 81 par jour la première semaine de novembre. L’ONU met le chiffre plus bas, à 37 camions par jour depuis le début d’octobre. Les agences d’aide disent qu’il en faudrait entre 500 et 600 pour faire face aux besoins élémentaires dans le territoire.
« Octobre a été un mois très faible », a dit un responsable israélien, qui parlait sous condition d’anonymat conformément aux règles d’information militaires. « Mais si vous regardez les chiffres de novembre, nous nous maintenons à environ 50 camions par jour pour le nord de Gaza et à 150 par jour pour le reste de Gaza. »
Les responsables israéliens estiment que, certains jours, jusqu’à 40 % de l’aide sont volés. Les travailleurs de l’ONU disent qu’un tiers environ de l’aide est pillé.
Israël a également annoncé des démarches supplémentaires, dont la connexion électrique pour une usine de désalinisation dans la ville de Deir al Balah au centre de Gaza, et des efforts pour faire entrer des fournitures pour l’hiver. Mardi, la Coordination du Gouvernement pour les Activités dans les Territoires (Cogat), organisme militaire israélien en charge de l’aide humanitaire à Gaza, a annoncé une livraison « tactique » de nourriture et d’eau à Beit Hanoun, l’une des villes les plus lourdement frappées au nord de Gaza.
La guerre a commencé l’année dernière lorsque les combattants dirigés par le Hamas ont fait irruption au sud d’Israël, tuant plus de 1.200 personnes, majoritairement des civils, et en enlevant environ 250. Près de 100 otages sont encore dans Gaza, dont un tiers au moins sont présumés morts.
Le bombardement et l’invasion terrestre par Israël ont tué plus de 43.000 Palestiniens, dont plus de la moitié sont des femmes et des enfants, d’après les autorités locales de la Santé, qui ne disent pas combien parmi les tués étaient des combattants.