Plusieurs participants se désistent après la publication par le festival Pop Kultur sur son site du logo de l’ambassade d’Israël au titre des 500 euros donnés pour contribuer au financement des frais des artistes israéliens.
Plusieurs participants se sont retirés d’un festival de musique de Berlin cette semaine à la suite de l’acceptation d’un financement de 500 euros de la part de l’ambassade d’Israël en Allemagne.
Le festival Pop-Kultur se déroule du 23 au 25 août dans la capitale allemande et présente de la musique en live, des expositions, des conférences et des lectures. Selon son site officiel, plus de 70 événements sont prévus sur les trois jours.
La semaine dernière, cependant, les organisateurs du festival ont publié une déclaration (en allemand), indiquant que le mouvement de boycott, désinvestissement, sanctions avait exercé « une énorme pression sur tous les artistes arabes de notre liste » pour qu’ils se désistent.
La déclaration indiquait que quatre artistes de pays arabes avaient annulé, dont Abou Hajar, Emel Mathlouthi et Hello Psychaleppo.
Le festival a indiqué qu’il y avait des artistes israéliens dans le programme, tout comme des artistes de « Tunisie, Syrie, Russie, Pologne, du Royaume Uni et d’autres pays ». Il indiquait aussi que le « Département de la culture de l’ambassade d’Israël nous a donné 500 euros comme frais de déplacement des artistes et que de ce fait il est présent sur notre site, comme tous les autres partenaires culturels ».
Cette semaine, des artistes européens ont aussi annoncé leur retrait en raison du don de l’ambassade israélienne.
Le groupe écossais Youg Fathers a tweeté mercredi : « Du fait du rajout du logo du gouvernement israélien sur la liste des partenaires et en solidarité avec le peuple palestinien, Young Fathers a le regret de ne pas se produire au festival Pop Kultur de Berlin cette semaine (le 25 août).
« Young Fathers a une longue histoire d’opposition à toute forme de haine, dont le racisme et l’antisémitisme, et nous soutenons le principe d’une solution pacifique qui assure aux Palestiniens le droit au retour dans une patrie où ils soient en sécurité et qui permette aux israéliens et aux Palestiniens de toutes religions (et d’aucune) de vivre ensemble en paix ».
« C’est une toute petite action en notre nom par rapport à des activités à grande échelle, mais c’est une action dont nous pensons qu’elle vaut la peine d’être accomplie » ont-ils ajouté.
L’artiste Annie Goh a aussi annulé sa participation annoncée à un débat. Voici ce qu’elle a écrit dimanche sur sa page facebook ; « en tant qu’artiste et universitaire, je prends position contre la participation au festival à cause du parrainage partiel de l’ambassade d’Israël, en solidarité avec les Palestiniens qui ont appelé au boycott des institutions d’État israéliennes jusqu’à ce qu’elles respectent le droit international ».
Elle a aussi critiqué les organisateurs du festival pour leur réaction à la nouvelle qu’elle se retirait du festival.
« La communication avec les organisateurs du festival depuis mon retrait a fait allusion à des menaces sur les artistes israéliens qui sont sans fondement étant donné que BDS met au premier plan une protestation « non-violente » a-t-elle écrit. Je suis déçue de la polarisation des propos tenus dans la communication de Pop Kultur à l’égard des participants ; elle présente de façon injuste BDS comme exerçant une pression sur les artistes arabes pour le boycott (ce n’est pas vrai) et nous met en garde contre leur ‘propagande’ et leur recours à ‘de fausses identités’. Tandis que la clarification de Pop Kultur sur la modeste somme de 500 euros reçue de l’ambassade d’Israël nous aide à comprendre, que ce soit 500 ou 50 000 euros peu importe que le montant soit faible ou élevé, pour autant, c’est un message politique sur lequel nous avons la possibilité d’agir ».
Le groupe finlandais de métal Oranssi Pazuzu s’est également retiré mardi du festival.
Il a publié une déclaration sur sa page Facebook disant : « notre attention a été attirée sur le fait qu’il y a eu une grande controverse autour du festival Pop Kultur de Berlin, un événement qui était présenté comme artistique et culturel, auquel nous étions invités et étions programmés pour jouer ce mercredi. La controverse autour du financement partiel du festival est allée au point de donner un caractère politique au festival et donc à tous les artistes y participant.
« Cela rend pour nous la situation inconfortable. Pour nous, la musique et notre art portent sur l’ouverture des esprits, pas sur des idéologies.
« Nous ne voulons appuyer aucun État, gouvernance ou programme, que ce soit ouvertement ou de façon dissimulée » ont-ils ajouté.
La semaine dernière, les organisateurs de Pop Kultur ont conclu leur déclaration par ces mots : « Nous croyons que la parole et le dialogue sont le seul moyen de traiter des conflits dans ce monde. En tant qu’artistes et travailleurs culturels, nous avons la tâche particulière de construire des réseaux à travers les frontières, même si nos opinions diffèrent ».
Cette controverse à Berlin renvoie à de semblables protestations du mouvement BDS ces dernières années, notamment lors d’événements tels le festival international Fringe d’Edinbourg.
Young Fathers, un trio de hip-hop, était l’un des groupes qui ont appelé Radiohead à annuler son concert de Tel Aviv le mois dernier. Ce concert a eu lieu comme prévu, mais seulement après qu’une querelle féroce par twitter a éclaté entre le leader de Radiohead Thom Yorke et Roger Waters.
Un autre activiste connu pro-BDS, Thurston Moore, a aussi tweeté son soutien aux artistes qui se sont dédits, en écrivant : « Solidarité avec les 6 artistes qui jusqu’à présent ont annulé leur venue ! Retait du partenariat avec l’ambassade d’Israël ».