Déclaration de plus de 400 étudiants au Royaume Uni sur la définition de l’antisémitisme de l’IHRA

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En tant qu’étudiants au Royaume-Uni, nous sommes profondément préoccupés par la menace que la définition de l’antisémitisme de l’IHRA et les exemples qui y sont attachés fait peser sur la possibilité de rendre publics, y compris dans les universités du Royaume Uni, les faits du passé et les dépossessions actuelles auxquelles sont confrontés les Palestiniens.

Nous pensons que la définition de l’IHRA menace le droit fondamental des Palestiniens à décrire leur expérience de l’oppression. La définition discréditée, et plus particulièrement ses exemples illustratifs, confondent l’antisémitisme et la critique légitime des lois, des politiques et de l’ordre constitutionnel de l’État d’Israël.

Nous sommes donc gravement préoccupés par l’annonce faite par le secrétaire d’État à l’éducation, Gavin Williamson, sur sa recherche active de mesures pouvant forcer les universités à adopter la définition, y compris en leur coupant l’accès aux sources de financement. La grande majorité des universités britanniques ont jusqu’à présent résisté, à juste titre, aux pressions exercées en vue de l’adoption de la définition.

En ligne avec l’avertissement lancé en 2018 par une large coalition d’organisations de la société civile palestinienne, nous disons que les exemples discrédités de l’IHRA effacent l’histoire palestinienne et protègent le régime d’occupation et d’oppression d’extrême droite d’Israël, en faisant l’amalgame entre d’un côté la discrimination à l’égard des Juifs, et d’un autre côté les critiques légitimes des politiques et du système d’injustice d’Israël.

Les préoccupations soulevées par la société civile palestinienne au sujet de cette définition et de ses exemples illustratifs sont partagées par l’Institut des relations raciales, d’éminents juristes, dont l’ancien juge de la Cour d’appel Sir Stephen Sedley, l’organisation de défense des droits civils Liberty, les éminents experts universitaires sur l’antisémitisme Anthony Lerman et Brian Klug, 40 organisations juives de défense de la justice sociale dans le monde et plus de 80 groupes BAME (Black, Asian and Minority Ethnic communities – Noirs, Asiatiques et groupes des minorités ethniques) du Royaume-Uni.

Ces préoccupations ne sont pas seulement académiques ; elles ont malheureusement été étayées par de nombreux exemples dans le monde entier.

Le droit des Palestiniens à fournir des précisions sur leurs expériences de dépossession et d’oppression, à critiquer la nature et la structure de l’État qui continue à les opprimer, et à critiquer ouvertement l’idéologie du sionisme qui inspire les actions, les politiques et les lois de cet État, est un droit fondamental, protégé par de nombreuses lois et conventions internationales, notamment l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme.

De même, nous affirmons les droits de tous les étudiants, aux côtés de tous les citoyens britanniques, à étudier et à diffuser des informations sur l’ordre constitutionnel et la structure de l’État d’Israël, ainsi qu’à exprimer leur solidarité avec les Palestiniens confrontés à une dépossession et une oppression continues, notamment en plaidant pour le boycott, le désinvestissement et les sanctions contre l’État d’Israël jusqu’à ce qu’il se conforme au droit international. Comme l’a récemment confirmé la Cour européenne des droits de l’homme, l’appel au boycott est un droit protégé par l’article 10.

Les tentatives visant à supprimer notre droit de rendre publiques les informations sur l’histoire palestinienne violent notre droit à la liberté d’expression et servent à rendre les Palestiniens invisibles en tant que peuple. Ces tentatives sont également en contradiction avec notre liberté académique d’apprendre, de discuter, de remettre en question et de tester le savoir transmis.

Nous appelons les universités britanniques à protéger sans équivoque notre droit à décrire les faits de l’oppression palestinienne, à qualifier les lois, les politiques et les actions d’Israël de racistes ou de socle de l’apartheid, à critiquer l’idéologie politique du sionisme et à appeler au boycott, au désinvestissement et aux sanctions (BDS) contre Israël en tant que mesures non violentes de responsabilisation, pour amener ce pays à respecter ses obligations en vertu du droit international et à respecter les droits des Palestiniens.

La liste des signataires est disponible ici

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