Le 6 octobre 2019, le ministre israélien de l’Intérieur, Arye Deri, a annoncé qu’il s’employait à retirer son statut de résident au Palestinien et défenseur des droits de l’homme, Omar….
Le 6 octobre 2019, le ministre israélien de l’Intérieur, Arye Deri, a annoncé qu’il s’employait à retirer son statut de résident au Palestinien et défenseur des droits de l’homme, Omar Barghouti. Le ministre israélien de l’Intérieur a « chargé le service juridique de l’Autorité pour la population, l’immigration et les frontières de préparer le cadre juridique pour retirer le statut de résident à Barghouti », plaçant celui-ci sous la menace d’une expulsion imminente. Avant cette annonce, la procureure générale d’Israël, Dina Zilber, avait confirmé que le ministre de l’Intérieur avait bien la prérogative de retirer le statut de résident à une personne accusée de ne pas « respecter l’allégeance » à Israël. Barghouti est un résident d’Israël, statut qu’il a reçu en 1994 après un processus de regroupement familial avec son épouse qui est une citoyenne palestinienne d’Israël.
D’après son annonce, le ministre de l’Intérieur prévoit de vote agir pour retirer le statut de résident à Barghouti, car « il s’agit de quelqu’un qui fait tout pour nuire au pays, et par conséquent, qui ne peut pas jouir du privilège d’être un résident d’Israël ». En tant que défenseur des droits humains palestiniens et cofondateur du mouvement de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS), Omar Barghouti a été pris pour cible par Israël pour ses appels à la liberté, à la justice et à l’égalité pour le peuple palestinien conformément au droit international. Donc, la menace de lui retirer son droit à résidence constitue une agression manifeste contre son droit à la liberté d’expression, incluant son action en tant que défenseur des droits de l’homme et ses appels pour qu’Israël ait à rendre des comptes pour ses violations généralisées et systématiques des droits de l’homme contre le peuple palestinien.
La déclaration du ministre de l’Intérieur Deri, datée du 6 octobre 2019, n’est que la plus récente des manifestations répressives conduite par l’État d’Israël contre Omar Barghouti en raison de son action en faveur des droits de l’homme. À ce jour, plusieurs ministres israéliens, dont Deri, ont pris pour cible Barghouti, en retardant fréquemment le renouvellement de son titre de voyage, ce qui revient à lui interdire de voyager, en menaçant son droit à une vie de famille et à son unité, en demandant le retrait de son statut de résident et en faisant des déclarations contenant des menaces pour sa vie et sa sécurité personnelle. La menace de retrait de son statut de résident s’inscrit dans un effort continu et systématique mené par le gouvernement israélien pour créer un environnement coercitif visant à réduire au silence et à saper l’action des défenseurs des droits humains, et des militants qui défendent les droits du peuple palestinien et dénoncent les violations généralisées d’Israël et ses crimes présumés. C’est dans ce contexte que les autorités israéliennes ont de plus en plus recours à des campagnes de diffamation et délégitimation contre les défenseurs et militants des droits de l’homme, et les organisations de la société civile qui défendent les droits des Palestiniens et exigent justice et responsabilité.
En plus, la pratique israélienne du retrait du droit à résidence à titre punitif sur la base du soi-disant « non-respect de l’allégeance » à l’État, a servi d’outil pour réprimer le militantisme des Palestiniens et restreindre leur droit à la liberté d’expression quand ils dénoncent les violations systématiques du droit international par Israël. Le 14 octobre 2017, en réponse à une demande se fondant sur la loi relative à liberté d’information, le ministère israélien de l’Intérieur a reconnu qu’il avait retiré le statut de résident à 13 Palestiniens, sur la base du « non-respect de l’allégeance » à Israël. Ce critère trop général pourrait être largement appliqué aux Palestiniens qui manifestent leur opposition aux autorités israéliennes dans l’exercice de leur droit fondamental à la liberté d’expression. La politique d’Israël visant à réduire au silence une opposition au moyen de menaces d’expulsion et de retrait du droit à résidence à titre punitif constitue manifestement une violation des normes et des traités internationaux relatifs aux droits de l’homme, qu’Israël est tenu de respecter, de protéger, et de mettre en œuvre à l’égard du peuple palestinien, en particulier le droit à la liberté d’expression et à la liberté de déplacement et de résidence, y compris celle de sortir de son pays et d’y revenir.
Compte tenu de ce qui précède, les organisations soussignées demandent à la communauté internationale :
1 – d’agir immédiatement pour empêcher le retrait du statut de résident à Omar Barghouti sur la base d’un « non-respect de l’allégeance » à Israël ou de tout autre critère, retrait qui, le cas échéant, entraînerait une violation de ses droits à la liberté d’expression, à la liberté de déplacement et de résidence, et contribuerait à commettre le crime grave de transfert de population du peuple palestinien au regard du droit international ;
2 – d’appeler la communauté internationale et les États membres des Nations-Unies à exercer des pressions sur Israël pour qu’il se conforme au droit international et abroge immédiatement sa loi sur l’Entrée en Israël, laquelle est utilisée pour violer systématiquement le droit des citoyens palestiniens à la liberté de déplacement et de résidence, y compris celle de sortir de leur pays et d’y revenir.
Ont signé :
Al-Haq
Addameer
The African Centre for Democracy and Human Rights Studies (ACDHRS)
BADIL Resource Center for Palestinian Residency and Refugee Rights
Civic Coalition for Palestinian Rights in Jerusalem (CCPRJ)
CIVICUS
Community Action Center – Al Quds University
Defense for Children International – Palestine
Hurryyat – Center for Defense of Liberties and Civil Rights
International Service for Human Rights (ISHR)
Jerusalem Legal Aid and Human Rights Center (JLAC)
Palestinian Counseling Center
Palestinian Non-Governmental Organizations Network (PNGO)
PEN International
Ramallah Center for Human Rights Studies
ROADDH/WAHRDN
Southern Africa Human Rights Defenders Network (SAHRDN)
The African Centre for Democracy and Human Rights Studies