Comment l’Europe finance l’occupation de la Palestine

David Cronin | Electronic Intifada | 7 février 2014 | L’Union européenne vient-elle finalement de confesser qu’elle paie la note pour l’occupation de la Palestine ? De manière détournée, c’est….

David Cronin | Electronic Intifada | 7 février 2014 |

L’Union européenne vient-elle finalement de confesser qu’elle paie la note pour l’occupation de la Palestine ?

De manière détournée, c’est peut-être ce qu’un de ses envoyés vient de faire. Lars Faaborg-Andersen, l’ambassadeur de l’UE à Tel-Aviv, a récemment averti des conséquences si l’Union décidait de couper son assistance à l’Autorité Palestinienne au cas où les pourparlers de « paix » actuels échoueraient.

« Je pense qu’on comprend en Israël que cet argent est décisif pour la stabilité en Cisjordanie et à Gaza », a dit le Danois. « Si nous n’apportons pas l’argent, je pense qu’il y a de fortes chances qu’Israël doive en fournir beaucoup plus ».

Le choix des mots par Faaborg-Andersen est instructif. Il paraît croire que l’UE fait une fleur à Israël en fournissant la « stabilité » dans les territoires occupés en 1967.

A ma connaissance, il n’a pas détaillé plus. S’il avait fait, il aurait pu expliquer que le droit international oblige une puissance occupante à satisfaire les besoins élémentaires d’un peuple occupé. En allongeant environ 460 millions d’euros à la Palestine annuellement, l’UE soulage Israël de ses responsabilités légales.

Baratin

Le baratin déversé constamment sur cette aide est qu’elle améliore les conditions de vie des Palestiniens. Les déclarations et les « fiches d’explication » crachées par les bureaucrates de Bruxelles n’expliquent pas qu’une partie des fonds finance directement l’infrastructure de l’occupation.

Par exemple, en 2012, l’Union s’est vantée de son don de 13 millions d’euros pour améliorer des équipements tels que les machines à rayons X et la technologie informatique utilisés à Karem Abu Salem, point de passage des marchandises entre Gaza et l’Israël actuel.

Il y a eu un grand oubli dans l’annonce de ce cadeau « généreux ». Karem Abu Salem — connu en hébreu comme Kerem Shalom — est contrôlé par Israël, qui a mis de sévères restrictions au passage de marchandises dans la bande de Gaza. En donnant un coup de main à Israël, l’UE entrait au service du siège illégal de Gaza. Ce n’était pas la première fois que l’Union avait facilité une telle illégalité.

Ne nous roulez pas

Je vous invite à lire Palestine, la trahison européenne. Écrit par Véronique De Keyser, membre du Parlement européen, et par le regreté champion des droits humains Stéphane Hessel, ce livre documente comment cette aide réservée ostensiblement pour les Palestiniens bénéficie en réalité à Israël. Après que Hamas ait gagné une élection démocratique en 2006, l’UE a refusé d’attribuer l’aide via une administration dirigée par ce parti. En mars 2006, Benita Ferrero-Waldner, alors commissaire des affaires extérieures de l’Union, décida que 40 millions d’euros seraient payés directement à Israël pour que les entreprises israéliennes livrent du carburant à Gaza.

Je n’ai jamais argumenté que l’UE devrait cesser de donner l’argent à la Palestine. Cela priverait beaucoup trop de gens de l’éducation, de la santé et l’énergie. Par contre ce que j’ai revendiqué, c’est l’honnêteté et la responsabilité.

Les contribuables européens ne devraient pas être trompés à croire que notre argent est toujours utilisé de manière bienveillante. On devrait leur dire directement qu’ils aident une occupation. Si Israël refuse d’accepter ses responsabilités légales, alors il incombe à l’UE d’envoyer son aide extérieure à Israël en insistant sur son remboursement. Et quand Israël détruit des projets financés par l’UE, comme il l’a fait en de nombreuses occasions, l’union doit faire juger Israël. A leur honte, les représentants de l’Union ont toujours été trop couards pour poursuivre Israël.

Sinistre

Des données récentes contenues dans un rapport officiel de l’UE sur le commerce des armes révèlent une chose encore plus sinistre. Elles indiquent que la valeur des licences d’exportation d’armes délivrées par les gouvernements de l’Union a bondi par 290 % entre 2011 et 2012: de 157 millions à 630 millions d’euros.

Ces statistiques ne donnent probablement pas une vue complète de la coopération concernée. La Grande-Bretagne (un membre ancien de l’UE) a publié l’an dernier des données indiquant que la vente de matériel militaire à Israël peut être mesurée en milliards plutôt qu’en millions. Elles indiquent en plus que l’union ignore suprêmement sa propre loi sur les ventes d’armes. Celle-ci interdit les exportations d’armes si elles ont des chances d’être utilisées pour la répression ou pour exacerber les tensions régionales.

Bien sûr, tout cela se tient. Israël est traité comme s’il était au-dessus des lois.

Traduction : JPB, CCIPPP