Comment Israël a fait l’éloge d’un chien plutôt que des Palestiniens

Zili, membre loyal de l’unité canine de l’armée, a pris part au raid de l’Unité de la Police Spécialisée dans l’Antiterrorisme sur la maison d’Ibrahim al-Nabulsi à Jénine et a….

Zili, membre loyal de l’unité canine de l’armée, a pris part au raid de l’Unité de la Police Spécialisée dans l’Antiterrorisme sur la maison d’Ibrahim al-Nabulsi à Jénine et a été abattu par des militants palestiniens. Que n’a-t-on pas dit à son sujet ? Qu’il avait sauvé la vie de soldats, que c’était un héro et que les soldats ont pleuré à ses funérailles.

Plusieurs journaux ont même publié une photo de sa tombe, dans le cimetière spécial pour chiens de l’armée. Et dans un geste de particulièrement mauvais goût, le site internet israélien Channel News 12 a rapporté que le Premier ministre Yair Lapid avait fait l’éloge du chien.

« Zili faisait partie de l’unité, professionnel et bien aimé », a dit Lapid. « Il va manquer à l’unité, manquer aux maîtres-chiens et combattants qu’il accompagnait sans cesse dans les missions opérationnelles. » Ou peut-être faudrait-il attribuer ce manque de goût à Lapid lui-même ?

A l’exception d’Haaretz, toute la presse écrite et les médias électroniques ont, pour autant que je sache, participé à cet affichage.

Comment Zili a-t-il gagné tous ces honneurs, bien qu’étant un chien ? Peut-être grâce au fait qu’il était, à notre grande joie, la seule victime côté israélien.

Plusieurs dizaines de personnes, dont une partie d’innocents civils, ont été tuées de l’autre côté, et pas toutes par des missiles ratés du Jihad Islamique palestinien. Certaines ont été tuées par nos forces. Pourtant, elles ont moins retenu l’attention, voire pas du tout.

Quelqu’un se souvient-il du nom de la petite fille de 5 ans qui a été tuée le premier jour de l’Opération Aube Naissante dans la Bande de Gaza ? Certains journaux ont rapporté qu’une fille de 5 ans et une femme de 23 ans ont également été tuées dans l’assassinat de Tayseer al-Jabari, l’officier supérieur qui commandait la division du Jihad Islamique palestinien du nord de Gaza, mais ils n’ont pas donné leurs noms.

Il est facile d’oublier quelqu’un qui n’a pas de nom, et la société israélienne fait tout ce qu’elle peut pour faire disparaître de l’agenda les maux qu’elle cause. S’en souvenir pourrait la chasser de sa confortable position, celle de la victime – position à partir de laquelle, comme nous le savons, vous avez le droit de faire n’importe quoi.

Le nom de la petite fille était Alaa Qaddoum. Mais qui sait cela ? Et quelle importance cela a-t-il, de toutes façons ?

Avant tout, ont résumé les experts avec satisfaction, Israël s’en est bien sorti à tous points de vue. Il s’est arrangé pour tuer les terroristes, n’a souffert de presque aucune perte (mis à part Zili), et d’une certaine manière, le monde est déjà évidemment habitué aux images de destruction de Gaza, même celles avec des enfants – certains vivants et d’autres morts. Mais cette fois-ci, l’opération a été courte, et seules quelques dizaines de personnes sont mortes.

Quand la situation est à ce point favorable, nous avons le loisir et l’espace émotionnel pour célébrer le succès de l’opération et l’assassinat des terroristes et, bien sûr, pleurer la mort du chien Zili.

Moi aussi j’aime les animaux, et je travaille beaucoup à la promotion de leur bien-être et de leurs droits. Je sais aussi que rien ne ressemble à l’amour d’un chien et à sa loyauté envers ses propriétaires. Mais transformer un chien en soldat, en camarade et en héro fait descendre la société israélienne encore plus bas sur la pente glissante qu’elle a empruntée, au son de ses propres applaudissements.

Permettez moi de dire ce qui irait de soi dans toute société normale : Zili le chien a été entraîné pour accomplir certaines tâches, les a menées à bien selon l’ordre des soldats et a sauvé des vies par sa mort. Il ne partageait aucune des idéologies au nom desquelles il était missionné. Au mieux, c’était un instrument, et c’est ainsi que nous devrions parler de lui. C’est également ainsi que les soldats se comportaient avec lui au combat. Par conséquent, chagrin, peine et deuil pour un animal comme celui-là n’appartiennent pas aux médias, mais au cœur des gens.

Et pourquoi la société israélienne et de nombreux médias humanisent-ils un chien tout en oubliant le nom des enfants ? Parce que nous sommes une société aveugle, sens dessus dessous, sans yeux pour voir et sans oreilles pour entendre. Une société dans laquelle les animaux à notre service sont élevés au rang d’êtres humains, tandis que la vie des enfants de nos ennemis, ou même des enfants qui vivent simplement parmi eux, est une sorte de prix à payer pour tuer les gens que nous avons besoin de tuer.

La poétesse Zelda a écrit que chaque personne a un nom. Mais la société israélienne, et la plupart des médias, donne honneurs, noms et éloges aux chiens, pas aux enfants arabes morts.

En transformant un chien en soldat, en camarade et en héro – la société israélienne descend encore plus bas sur cette pente glissante.