Marwan al-Sultan, cardiologue de renom et directeur de l’hôpital indonésien, est le 70ème travailleur de santé à être tué au cours des 50 derniers jours par des attaques israéliennes, dit une organisation médicale palestinienne.
Une frappe aérienne israélienne a tué l’un des plus importants médecins de Gaza causant une perte « catastrophique » pour le système de santé déjà décimé. On rapporte que nombreux sont les membres de sa famille à avoir été tués à ses côtés.
Le Dr. Marwan al-Sultan, cardiologue renommé et de grande expérience, et directeur de l’hôpital Indonésien dans la Bande de Gaza, est le 70ème travailleur de santé à être tué au cours des 50 derniers jours par des attaques israéliennes, d’après l’Observatoire des Professionnels de Santé (OPS), organisation médicale palestinienne.
« L’assassinat du Dr. Marwan al-Sultan par l’armée israélienne est une perte catastrophique pour Gaza et toute la communauté médicale et aura un impact dévastateur sur le système de santé de Gaza », a dit Muath Alser, directeur de l’OPS.
« Il fait partie d’un ciblage atroce bien plus ancien et systématique du personnel de santé sanctionné par l’impunité. C’est une perte de vie tragique, mais aussi l’anéantissement de décennies d’expertise médicale et de soins qui ont sauvé des vies à un moment où la situation à laquelle font face les civils palestiniens est incommensurablement catastrophique », a ajouté Alser.
« Nous sommes profondément choqués et malheureux. On ne peut le remplacer », a dit le Dr. Mohammed Abu Selmia, directeur de l’hôpital al-Shifa à Gaza.
« C’était un savant éminent et l’un des deux derniers cardiologues encore à Gaza. Des milliers de cardiaques vont souffrir à cause de son assassinat. Sa seule faute était qu’il était médecin. Nous n’avons pas d‘autre choix que d’être inébranlables, mais la sensation de perte est dévastatrice. »
Au début du mois, al-Sultan a parlé au Guardian de la situation critique à laquelle lui-même et les autres membres du personnel de l’hôpital Indonésien faisaient face tout en se débattant pour gérer le nombre de victimes civiles après l’escalade des attaques israéliennes en mai.
Parmi les membres du personnel de santé tués ces 50 derniers jours, il y a eu trois autres médecins, les infirmières chefs de l’hôpital Indonésien et de l’hôpital pour enfants al-Nasser, l’une des sages-femmes les plus chevronnée de Gaza, un technicien supérieur en radiologie, de jeunes diplômés en médecine et des infirmières stagiaires.
Le 6 juin, premier jour de l’Eid, neuf travailleurs de santé ont été tués en un seul jour dans des frappes aériennes sur le nord de Gaza, où ils s’abritaient avec leurs familles, d’après l’OPS.
Fares Afana, qui dirige le service des ambulances au nord de Gaza, a perdu son fils en juin. Bara’a, qui travaillait lui aussi en tant qu’ambulancier, était le 9 juin dans un immeuble résidentiel du quartier al-Tuffah de la ville de Gaza en train de soigner des gens blessés dans une frappe aérienne israélienne quand le bâtiment a reçu une deuxième frappe de l’artillerie israélienne, tuant tout le monde à l’intérieur.
« Ils ont été directement ciblés », a dit Afana, qui ajoute que Bara’a est mort avec deux autres ambulanciers.
« Quand je suis arrivé sur place, c’était un spectacle horrible et une vision cruelle devant leurs corps déchiquetés. Si le monde avait réagi quand les travailleurs de santé ont commencé à être ciblés par les forces israéliennes, ils n’auraient pas osé continuer ces attaques. »
Il a dit que son fils avait consacré sa vie à la profession médicale et qu’il rêvait de devenir médecin. « Il était gentil et aimé de tous ceux qui le connaissaient. »
Le nombre total de travailleurs de santé qui ont perdu la vie dans des attaques militaires depuis que la guerre a commencé en octobre 2023 dépasse maintenant les 1.400 d’après les chiffres de l’ONU.
Insecurity Insight [Aperçu sur l’Insécurité], ONG qui collecte des données sur le conflit, dit qu’elle a vérifié la mort de centaines de travailleurs de santé qui ont été tués dans l’enceinte des bâtiments de santé par des tirs de snipers israéliens alors qu’il essayaient d’atteindre des civils blessés, quand ils conduisaient des ambulances, alors qu’ils évacuaient des patients, aux checkpoints et dans les écoles et les camps de réfugiés qui servaient d’abris temporaires depuis octobre 2023.
On pense que des centaines d’autres travailleurs de santé de Gaza sont encore en détention en Israël, où on dit qu’ils sont torturés, battus et détenus sans charges. Medglobal, ONG médicale située aux États-Unis qui fournit des services médicaux et des soins à Gaza, dit qu’elle pense que plus de 300 membres du personnel médical sont dans les prisons israéliennes, parmi lesquels des médecins chevronnés dont le Dr. Hussam Abu Safiya, directeur de l’hôpital Kamal Adwan, qui est retenu en détention depuis décembre 2024.