Appel aux médecins, aux professionnels de santé et au public en général

Les signatures peuvent être envoyées à phrisrael@gmail.com

De nouveau c’est la guerre à Gaza. A l’heure actuelle, il semble qu’un lourd nuage de fumée recouvre la ville, les media, la conscience et tout l’avenir. Mais une chose peut d’ores et déjà être établie avec certitude : les victimes de cette guerre en ont déjà payé le prix. Ses morts sont morts ; ses blessés vont continuer à endurer souffrances et traumatismes toute leur vie.

En tant que professionnels de santé et de médecine, juifs et arabes, notre position n’est pas plus morale que celle de n’importe qui, mais du fait de nos positions et du travail que nous faisons, notre point de vue est différent. Pour nous, les milliers de victimes ne sont pas de simples nombres recensés dans les media, mais de vraies personnes, réelles, qui ont des visages, des noms et chacune une histoire vivante, concrète de vie et de souffrance. Nous ne demandons pas aux blessés s’ils ont été atteints dans le strict respect du droit international. Nous ne vérifions pas si les enfants sont devenus orphelins d’une manière juste, morale. Pour eux, c’est déjà trop tard.

Le serment du médecin nous guide pour tenir les êtres humains à l’abri de « tout mal et toute injustice ». Cela consiste non seulement à aller voir les blessés en salle d’urgence mais aussi à regarder courageusement les facteurs et les circonstances qui ont amené les morts et les blessés à notre porte. Nous devons examiner quelle est l’injustice dont nous devons tenir les gens à l’abri. Et les injustices sont nombreuses : des familles entières bombardées à mort dans leurs maisons ; des roquettes lancées sur des citoyens d’Israël ; des bombes sur des hôpitaux et des ambulances ; des services médicaux utilisés pour des buts militaires ; des centaines de bombes lancées sur des quartiers d’habitation ; la mort intolérable de civils ; une grande indifférence à la souffrance de l’autre.

Quiconque a des yeux peut voir que ce n’est pas seulement la bande de Gaza qui est sous le feu d’une attaque sans précédent, c’est l’espace démocratique d’Israël qui est dans un champignon atomique tourbillonnant. La violence physique et verbale, l’attaque organisée contre quiconque ne veut pas suivre la ligne politique du gouvernement et l’humeur belliqueuse, les agressions – parfois institutionnalisées- contre des gens pour la seule raison qu’ils aient exprimé une opinion personnelle, tout cela a affaibli le tissu social en Israël à un niveau inconnu jusqu’alors. Nous avons le regret de dire qu’il semble que nous n’ayons pas encore atteint le fond.

Et nous devrions avoir le courage de dire : il n’y a pas juste des « rumeurs de guerre ». Ce que nous disons ne résulte pas juste de la frustration et de la peur ou d’un désir de retour à la tranquillité. Le discours public, cette fois, montre puissamment le visage d’une société qui a été corrompue, dedans et dehors, par de nombreuses années de domination et d’occupation. C’est le résultat de nombreuses années au cours desquelles ont été piétinés les droits d’une autre nation, où de jeunes soldats ont été mis dans des rôles de policiers aux checkpoints ; de violence ; de racisme ; de musèlement de la parole ; de déshumanisation de l’autre. La route pour réparer ces dommages est longue et pleine d’obstacles, mais nous sommes encore empreints de la foi que c’est autant juste que possible.

Et avant tout, au nom de la vie et de la santé de tous les Israéliens et Palestiniens, nous en appelons aux professionnels de santé et à tous ceux qui croient en l’humanité et la justice : rejoignez notre appel au cessez-le-feu qui mettra fin à la destruction de la bande de Gaza et aux tirs de roquettes sur Israël. Le temps est venu de tester la démocratie et l’éthique, alors qu’il est difficile, effrayant et impopulaire de dénoncer la violence et de parler publiquement d’un dialogue équilibré. Rejoignez nous dans l’appel à empêcher plus de douleur et de deuils. Rejoignez l’appel de tous les dirigeants de la région : face à l’option de souffrance et de mort, nous devons mettre en avant une option de soins aux blessés, de réconciliation et de choix de la vie. Nous croyons qu’un pas nécessaire pour aller dans cette direction, consiste à reconnaître la liberté des deux nations, la fin du contrôle israélien sur la nation palestinienne, la levée du siège sur les habitants de la bande de Gaza, et une tentative de trouver une solution politique juste qui garantira la sécurité et une vie digne à tous les habitants de notre région.

Les signatures peuvent être envoyées à phrisrael@gmail.com