Appel aux hauts responsables d’université à refuser la définition de l’IHRA de l’antisémitisme

Nous, le Réseau de Crise des Études sur le Génocide et l’Holocauste et ses alliés, nous exhortons toutes les universités à refuser d’adopter la Définition de Travail de l’Antisémitisme, problématique et perturbante, de l’Alliance Internationale du Souvenir de l’Holocauste (IHRA). Nous exhortons les responsables d’université dans un large spectre à rejoindre l’affirmation que contester et critiquer la violence d’État constitue un discours protégé sur les campus.

Nous, le Réseau de Crise des Études sur le Génocide et l’Holocauste et ses alliés, sommes une association d’universitaires spécialisés dans les histoires de l’antisémitisme, du génocide, de l’Holocauste, l’histoire et la sociologie du fascisme et les discours de haine. Nous sommes issus de diverses histoires et sommes porteurs de diverses identités religieuses, sociales et politiques. Nous fondant sur nos recherches approfondies, nous exhortons toutes les universités à refuser d’adopter la Définition de Travail de l’Antisémitisme, problématique et perturbante, de l’Alliance Internationale du Souvenir de l’Holocauste (IHRA). Nous exhortons les responsables d’université dans un large spectre à rejoindre l’affirmation que contester et critiquer la violence d’État constitue un discours protégé sur les campus.

Conçue en 2016 comme une définition juridiquement non contraignante de l’antisémitisme, la définition de l’IHRA est maintenant en voie d’adoption dans la loi par nos états, le gouvernement fédéral et nos universités. En acceptant l’amalgame fait par l’IHRA de la critique du sionisme, de la politique de l’État d’Israël et de la violence contre les Palestiniens avec de l’antisémitisme (c’est-à-dire les préjugés antijuifs), les administrations universitaires ont fait du tort aux étudiants, aux professeurs et aux membres de la communauté – dont beaucoup sont juifs – qui protestent à juste titre contre l’agression destructrice d’Israël sur Gaza. Évoquant son effet paralysant, même son coauteur, Kenneth Stern, a désavoué les utilisations actuelles de la définition de l’IHRA.

La définition de l’IHRA constitue une attaque sur les droits constitutionnels de la liberté d’expression et elle a servi à punir, arrêter, expulser et déporter des étudiants et des universitaires. Les administrateurs d’université ont le pouvoir de s’unir et d’affirmer que les actions de Mahmoud Khalil, Badar Khan Suri, Rümeysa Öztürk et d’autres injustement arrêtés pour avoir simplement exprimé leur point de vue politique, ne sont pas antisémites.

Nous vous demandons d’utiliser vote autorité d’administrateurs d’université pour rejeter la perception erronée qui entrave une libre enquête sur les complexités des histoires juive et palestinienne. Qualifier les juifs antisionistes d’antisémites, par exemple, encourage l’effacement d’une longue histoire d’organisations et de partis politiques juifs antisionistes. En générant une fausse compréhension de l’antisémitisme, les universités autorisent des attaques sur des juifs antisionistes pour la façon dont ils s’identifient en tant que juifs. Ce très réel antisémitisme met les juifs en danger. La définition de l’IHRA de l’antisémitisme sanctionne aussi les Palestiniens pour leur simple description de la réalité du racisme israélien systémique auquel ils font face et ainsi réduit au silence, exclut, efface, diffame et/ou déshumanise les Palestiniens et leurs récits. Enfin, l’adoption de la définition de l’IHRA risque de restreindre la liberté des professeurs d’enseigner ces histoires qui ont été largement étudiées et documentées, y compris par des universitaires juifs et israéliens.

Les universités devraient assurer un environnement sûr et accueillant à tous les étudiants. Nous pensons qu’il est de la responsabilité de l’université à la fois de prévenir et de répondre de manière appropriée aux discriminations et aux racismes de toutes sortes, de protéger les populations autochtones, les musulmans, les juifs, les arabes, les noirs, les asiatiques, les latinos, les gens porteurs de handicap et les LGBTQI+. Cette responsabilité implique aussi de reconnaître le droit des étudiants à prendre part à une manifestation pacifique.

Nous espérons que vous partagez notre vision d’une université où la liberté académique, l’expression politique et la protection des étudiants et des enseignants marginalisés sont essentielles. Il est temps de travailler à refaire des universités des espaces où l’on peut étudier librement les histoires complexes et où l’on peut entendre toutes les opinions universitaires et politiques légitimes. Nous vous demandons de travailler ensemble entre universités à la réalisation de cette vision, que les institutions expriment, mais sans faire assez pour la protéger. Rejeter la définition de l’IHRA est l’une des étapes concrètes et puissantes pour faire de ce but une réalité.

La liste des signataires et le formulaire de signature sont disponibles ici