Amende israélienne de 18 000 $ à des Néo-Zélandaises ayant appelé au boycott du concert de Lorde

Le juge a décidé que les actions de Justine Sachs et Nadia Abu-Shanab avaient porté préjudice au « bien-être artistique » de trois adolescents israéliens.

Une cour israélienne a condamné deux Néo-Zélandaises à payer des dommages et intérêts pour préjudice au « bien-être artistique » de trois adolescents israéliens, suite à l’annulation d’un concert prévu à Tel Aviv.

Le juge Mirit Fohrer a décidé que Justine Sachs et Nadia Abu-Shanab de Nouvelle-Zélande devaient payer des dommages et intérêts aux adolescents israéliens Shoshana Steinbach, Ayelet Wertzel et Ahuva Frogel pour un total de plus de NZ$ 18 000, pour avoir écrit une lettre à la chanteuse pour l’exhorter à annuler son concert à Tel Aviv, rapporte le Jerusalem Post.

Cela semble être la première utilisation effective d’une loi israélienne de 2011 autorisant des poursuites civiles à l’encontre de tous ceux qui encouragent le boycott d’Israël.

Lorde annule un concert en Israël après une campagne pro-palestinienne
Les adolescents israéliens ont affirmé que leur « bien-être artistique » avait subi un préjudice du fait de l’annulation et qu’ils avaient subi une « atteinte à leur réputation en tant qu’Israéliens et juifs ».

La possibilité pour les plaignants de toucher la somme reste incertaine. Des experts juridiques ont déclaré que le jugement n’était pas automatiquement applicable sous la loi néo-zélandaise, et qu’il était improbable que les femmes soient contraintes à payer les dommages et intérêts, car elles n’étaient pas en Israël quand elles ont écrit la lettre ouverte et qu’elles n’ont pas participé à la procédure judiciaire de quelque manière que ce soit.

Un porte-parole du ministère néo-zélandais des Affaires étrangères a déclaré que ce serait à la justice néo-zélandaise de décider si la plainte pour dommages et intérêts était recevable.

En décembre 2017, la pop star néo-zélandaise Lorde, lauréate des Grammy Awards, a annulé le concert qu’elle devait donner en juin 2018 à Tel Aviv, après une campagne sur les réseaux sociaux déclenchée par une lettre ouverte de J. Sachs et N. Abu-Shanab.

L’action en justice se basait sur la réponse sur Twitter de Lorde, après qu’elle ait reçu la lettre, arguant que sa réponse montrait clairement que sa décision avait été directement influencée par la demande des Néo-Zélandaises.

« J’ai eu beaucoup de discussions avec des gens aux opinions variées, et je pense que la décision la plus juste aujourd’hui est d’annuler le spectacle », avait écrit Lorde à ce moment, ajoutant : « Je ne suis pas très fière d’admettre que je n’avais pas bien mesuré la situation dans ce cas ».

Nitsana Darshan-Leitner, présidente de l’ONG Shurat HaDin, qui a soumis la plainte, a parlé d’une décision qui établit un précédent.

« Cette décision montre clairement que quiconque appelle au boycott contre l’État d’Israël pourrait se retrouver condamné à payer des dommages et intérêts à ceux qui ont été blessés par l’appel au boycott, qu’ils soient en Israël ou à l’étranger, a dit N. Darshan-Leitner au Jerusalem Post.

« Nous ferons appliquer cette décision de justice en Nouvelle-Zélande et courrons après leurs porte-monnaie jusqu’à ce qu’elle trouve son plein effet ».
Dans une déclaration commune vendredi, J. Sachs et N. Abu-Shanab ont déclaré avoir été inondées d’offres d’aide financière du monde entier, pour les aider à payer les dommages et intérêts, mais qu’elles n’avaient aucune intention de le faire. À la place, les deux femmes ont ouvert une page de financement participatif pour lever des fonds pour la Fondation pour la santé mentale à Gaza (The Gaza Mental Health Foundation).

« L’avis juridique que nous avons reçu d’experts néo-zélandais était clair : Israël n’a pas le droit de régenter les opinions politiques des gens autour du monde », disait leur déclaration.

« Ils continuent également de penser qu’il s’agit d’un coup médiatique dont la seule intention est d’intimider les critiques d’Israël… Nous avons contacté les personnes concernées dans notre gouvernement en espérant qu’elles sauront affirmer clairement que la Nouvelle-Zélande ne va pas rester sans réagir et autoriser Israël à tenter d’intimider ses citoyens ».

Au moment où les appels au boycott ont commencé, Lorde a déclaré qu’elle avait reçu un « très grand nombre de messages et de lettres » concernant cette question.

« Chère Lorde… nous sommes deux jeunes femmes basées en Aotearoa [Nouvelle-Zélande, ndlt], l’une juive, l’autre palestinienne », avaient écrit J. Sachs et N. Abu-Shanab dans leur lettre ouverte.

« Aujourd’hui, des millions de personnes prennent parti contre les politiques d’oppression, de nettoyage ethnique, de violations des droits de l’homme, d’occupation et d’apartheid du gouvernement israélien. Nous croyons qu’une partie de ce combat se mène par un boycott économique, intellectuel et artistique, et que c’est une manière efficace de s’élever contre ces crimes. Cela a bien marché contre l’apartheid en Afrique du Sud, et nous espérons que cela pourra marcher à nouveau .

« Nous pouvons jouer un rôle important en dénonçant l’injustice aujourd’hui. Nous vous exhortons à agir dans l’esprit des Néo-Zélandais progressistes qui vous ont précédée et à perpétuer leur héritage ».

Le boycott culturel d’Israël par le mouvement palestinien de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) a été lancé en 2005 et a pris de l’ampleur ces dernières années, même si son impact économique demeure négligeable.

Lorde a été contactée pour commentaire.