A Gaza un bébé partiellement paralysé à cause de la polio, premier cas dans ce territoire depuis 25 ans

L’OMS dit que le nourrisson est dans un état stable alors qu’elle se prépare à vacciner plus de 640.000 enfants en pleine guerre.

Un bébé palestinien de Gaza s’est retrouvé partiellement paralysé par la polio dans le premier cas là-bas depuis 25 ans, au milieu des préparatifs d’une campagne difficile et dangereuse de vaccination en pleine guerre.

Le directeur de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a confirmé que le nourrisson affecté a perdu la mobilité de la partie inférieure de sa jambe gauche, mais qu’il est dans un état stable.

Plus de 1.6 millions de doses du vaccin contre le virus de la polio de type 2 (cVDPV2), variant impliqué de la maladie, sont attendues à Gaza pour une campagne d’immunisation en deux temps. La première série doit commencer le 31 août et la deuxième fin septembre ou début octobre.

L’équipement de réfrigération requis pour conserver le vaccin à la bonne température (2-8°C) est entré à Gaza vendredi par le passage de Kerem Shalom, d’après l’agence humanitaire pour les enfants, l’Unicef.

Jonathan Crickx, porte-parole de l’Unicef dans la région, a dit que le but était de vacciner contre le virus de la polio de type 2 plus de 640.000 enfants de moins de 10 ans dans les deux temps de la campagne.

« Pour que la couverture vaccinale soit suffisante, il faut que 95 % des enfants reçoivent les deux doses de vaccin », a dit Crickx. L’arrivée des flacons de vaccin est prévue dans les prochains jours par air à Tel Aviv, puis ils seront transportés dans la Bande de Gaza via Kerem Shalom. Ils seront stockés dans un entrepôt réfrigéré à Deir el-Balah, à mi-chemin en remontant dans la Bande.

L’ONU appelle Israël et le Hamas à un cessez-le-feu humanitaire pour permettre aux travailleurs humanitaires de mener à bien la campagne d’immunisation.

« La polio ne fera pas de différence entre les enfants palestiniens et israéliens », a dit Philippe Lazzarini, chef de l’agence de secours de l’ONU, l’Unrwa. Retarder une pause humanitaire augmentera le risque de propagation parmi les enfants. »

Le Hamas a dit qu’il soutenait un cessez-le-feu humanitaire. Israël n’a pas pris d’engagement pour une pause, mais a dit qu’il « facilitera » la campagne d’immunisation.

« Il est important de comprendre qu’on ne peut mettre en place une campagne de vaccination sans des pauses au moins temporaires dans le combat », a dit Crickx. « Les parents doivent pouvoir emmener leurs enfants de façon sûre jusqu’aux centres de santé ou les unités mobiles. Et de même, les travailleurs humanitaires et de santé qui effectueront les vaccins doivent pouvoir le faire en sécurité et avoir accès aux enfants qui ont besoin d’être vaccinés. »

L’Unrwa a dit qu’elle avait pu fournir des vaccinations à 80 % des enfants de Gaza depuis le début du conflit en cours en octobre dernier, mais ces vaccins n’étaient pas spécifiques au poliovirus de type 2 et le taux de vaccination a été largement plus bas comparé au standard d’avant guerre (99 % en 2022 d’après l’OMS et l’Unicef) qui avait permis de tenir la polio à distance pendant 25 ans.

La section des Forces de Défense Israéliennes responsable des territoires palestiniens occupés, le Cogat, a dit vendredi que 43.250 flacons du vaccin « spécialement conçu pour lutter contre le virus identifié dans des échantillons environnementaux » étaient attendus en Israël pour entrer ensuite dans la Bande de Gaza.

Chaque flacon contient de multiples doses et la totalité devrait être plus que suffisante pour procurer à plus d’un million d’enfants les deux tours de vaccination, a ajouté le Cogat.

Il a dit qu’Israël fournirait des camions réfrigérés pour conserver les vaccins au frais, mais dans un post sur les réseaux sociaux, Lazzarini a dit : « Cela ne suffit pas d’apporter les vaccins à Gaza et de maintenir la chaîne du froid.

« Pour avoir un impact, il faut que les vaccins arrivent dans la bouche de chaque enfant de moins de 10 ans. »

Le défi qui consiste à distribuer le vaccin à Gaza est considérable. La plupart des familles ont été déplacées plusieurs fois par les bombardements israéliens. En l’absence de cessez-le-feu, l’ensemble de l’opération sera grandement dangereuse pour les travailleurs de santé, les enfants vaccinés et leurs familles.

« Personne n’est en sécurité, aucun endroit n’est sûr », a dit Tedros. « Les gens n’ont pour ainsi dire plus d’options, après avoir été déracinés de multiples fois, pour trouver un abri, des soins de santé et autres services dans un environnement déjà surpeuplé et difficile. »

S’exprimant sur le réseau social X, le chef de l’OMS a ajouté : « L’étroite proximité des ordres d’évacuation vers les points médicaux et les hôpitaux dans les zones affectées met ces points de santé en danger de ne pas pouvoir fonctionner à cause de l’insécurité et du manque d’accès sûr pour les patients, les travailleurs de santé, les ambulances et leurs partenaires du réapprovisionnement. Il faut à tout prix éviter cela. »