L’association canadienne des enseignants et enseignantes d’université dit non à la censure académique de la Palestine

26 novembre 2021 – « Voix juives indépendantes Canada » [Independent Jewish Voices Canada, IJV] et l’« Alliance académique contre l’antisémitisme, le racisme, le colonialisme et la censure au Canada » [Academic Alliance Against….

26 novembre 2021 – « Voix juives indépendantes Canada » [Independent Jewish Voices Canada, IJV] et l’« Alliance académique contre l’antisémitisme, le racisme, le colonialisme et la censure au Canada » [Academic Alliance Against Antisemitism, Racism, Colonialism & Censorship in Canada, ARC] applaudissent l’adoption aujourd’hui, par l’Association canadienne des enseignants et enseignantes d’université [Canadian Association of University Teachers, CAUT], d’une motion protégeant la liberté académique sur la question Israël-Palestine. La motion vise la définition de travail de l’antisémitisme par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA-WDA), qui a fait l’objet de protestations parce qu’elle identifie les critiques de l’Etat d’Israël à de l’antisémitisme. La motion a été initiée par l’Association du personnel universitaire de l’université d’Alberta [Association of the Academic Staff of the University of Alberta, AASUA] et appuyée par le Syndicat général des professeurs et professeures de l’Université de Montréal [SGPUM)]. Comme IJV l’a montré, la définition de l’IHRA a été utilisée des dizaines de fois pour réduire au silence ou censurer des universitaires, des étudiants et des militants des droits humains. 

La motion arrive alors qu’a lieu un lobbying agressif de la part de groupes de plaidoyer pro-Israël au Canada afin que la définition soit adoptée à tous les niveaux du gouvernement, ainsi que dans des institutions publiques comme les universités, les collèges et les conseils scolaires. Contrant ces efforts, CAUT a affirmé qu’elle s’ « oppose » à l’adoption de la définition de l’IHRA par des institutions universitaires canadiennes, « soutient la liberté académique de ses membres et reconnait le besoin de sauvegarder les droits des universitaires à critiquer tous les Etats, y compris l’Etat d’Israël, sans craindre une influence politique extérieure, des coupures de subventions, la censure, le harcèlement, les menaces ou l’intimidation ».

« La motion d’aujourd’hui adoptée par la CAUT est une action cruciale pour protéger la liberté académique et le savoir critique au Canada », dit Corey Balsam, le Coordinateur national de IJV. « Nous devons faire tout ce que nous pouvons pour combattre l’antisémitisme sur les campus universitaires, mais la définition de l’IHRA n’est pas la voie à suivre. Cette définition a été utilisée de manière honteuse comme une arme contre les Palestiniens et d’autres peuples de couleur, plutôt que pour combattre l’antisémitisme réel. »

Suite à sa participation au Forum international de Malmö pour la mémoire de l’Holocauste et la lutte contre l’antisémitisme, en octobre, le gouvernement canadien s’est engagé à « continuer à encourager l’adoption et la mise en oeuvre de la définition de travail de l’antisémitisme par l’IHRA ». Cette définition controversée a été vivement contestée par l’IJV et d’autres organisations anti-racistes dans plusieurs provinces et municipalités canadiennes.

« Si la définition de l’IHRA devait être adoptée par les universités, des champs entiers de recherche, des paradigmes de pointe et beaucoup de penseurs de premier plan dans le monde pourraient être effectivement interdits », suggère Greg Bird, maître de conférences à l’université Wilfrid Laurier et membre du comité national de coordination de l’ARC. «  Je ne peux pas insister assez sur le fait que ce serait catastrophique pour le savoir critique et l’enseignement au Canada ».

La CAUT est la voix nationale du personnel universitaire, représentant 72000 enseignants, bibliothécaires, chercheurs, personnel administratif ou autres professionnels universitaires dans quelque 125 universités et collèges de tout le pays. A ce jour, plus de 650 universitaires canadiens dont plus de 170 universitaires canadiens juifs ont signé des pétitions contre la définition de l’IHRA, 32 associations de personnel et syndicats universitaires au Canada ont aussi pris position contre elle. 

«  La résolution de la CAUT défend la liberté académique face à la la censure politique et représente une décision historique pour les universités canadiennes », affirme Jasmin Zine, professeure à l’université de Wilfrid Laurier et membre du comité national de coordination de l’ARC. «  La solidarité généralisée autour de cette mesure aide à protéger les luttes décoloniales et anti-racistes, l’enseignement et la recherche dans l’enseignement supérieur, qui sont sinon mis en danger par l’IHRA-WDA. »

Plus tôt cette année, la CAUT a appelé à une rare censure académique de l’université de Toronto après que son Programme international sur les droits humains a révoqué son offre d’une position à Valentina Azarova, suite à la pression exercée par un donateur, juge au tribunal fiscal, à cause du soutien d’Azarova à la Palestine. L’offre à Azarova a finalement été rétablie – un témoignage du pouvoir de l’organisation collective pour la liberté académique.

« La résolution de la CAUT offre un leadership très nécessaire sur la question de l’IHRA-WDA, qui est une menace claire contre la liberté académique, ciblant particulièrement les enseignants et étudiants racialisés qui sont critiques de l’Etat d’Israël », ajoute Mark Ayyash, maître de conférences à l’université Mount Royal et membre du comité national de coordination de l’ARC. « Cette semaine, la CAUT a envoyé un message clair : les universités valorisent la liberté académique et son prêts à s’opposer à l’ingérence du gouvernement.  »