La ministre norvégienne des affaires étrangères en visite en Israël proteste auprès de Netanyahou sur l’expulsion d’une travailleuse humanitaire

La ministre Ine Eriksen Søreide promet aussi d’agir contre la décision israélienne d’empêcher d’entrer dans le pays des militants pro-BDS en responsabilité.

La ministre norvégienne des affaires étrangères a protesté dimanche auprès du premier ministre Benjamin Netanyahou à propos du refus d’Israël de permettre à une travailleuse humanitaire de rentrer en Israël après avoir été à l’étranger : c’est ce qu’a confirmé à Haaretz l’ambassadeur de Norvège en Israël, selon des articles de presse. L’incident a été révélé en premier par Haaretz.

En visite en Israël pour la première fois, la ministre des affaires étrangères Ine Eriksen Søreide a déclaré au journal VG qu’une protestation avait été déposée auprès des autorités israéliennes et auprès de Netanyahou lui-même.

Elle a ajouté que la Norvège agirait contre la liste noire BDS qui empêchera d’entrer en Israël des militants de groupes qui défendent le boycott, le désinvestissement et les sanctions. Le ministère des affaires stratégiques a publié dimanche sa liste de 20 organisations pro BDS.

« Nous sommes au courant du cas de refus d’entrée à une citoyenne norvégienne à l’aéroport international Ben Gourion, samedi. Notre ambassade en a discuté avec le ministère israélien des affaires étrangères, mais la personne a été renvoyée d’Israël hier » a dit Søreide à VG.

L’employeur de cette femme, L’église norvégienne d’aide (NCA), qui agit dans le monde entier, a confirmé que la responsable de sa branche à Jérusalem Est et en Cisjordanie avait été empêchée de retourner en Israël aux premières heures de la matinée de dimanche, alors même qu’elle y vit depuis plusieurs années. NCA a catégoriquement rejeté les allégations du ministère selon lesquelles en travaillant sous l’égide de NCA, la femme en question avait avancé de faux prétextes pour obtenir des visas pour des travailleurs humanitaires en violation des règlements des visas. L’organisation a ajouté qu’elle demanderait des explications à Israël.

La travailleuse humanitaire en question n’est pas accusée de soutenir un boycott contre Israël, pas plus que d’autres accusations en lien avec une activité politique.

« Elle était ici avec un visa de travail, mais on lui a refusé de revenir parce qu’elle a profité de sa situation pour donner des visas à des gens qui n’y ont pas droit, en violation des procédures » a dit Sabine Hadad, porte-parole du ministère de l’intérieur, de la population, de l’immigration et de l’autorité des frontières

Søreide a dit : « Il est fort regrettable que des Norvégiens qui veulent suivre divers programmes et projets d’aide se soient vus ou risquent de se voir refuser l’entrée en Israël. Je note avec surprise que les autorités israéliennes ont publié une liste d’organisations qui ne seront pas autorisées à entrer en Israël sur la base de ce qu’Israël avance de leur soutien au BDS. Une organisation norvégienne en fait partie. Nous continuerons, avec d’autres pays concernés, à porter notre critique de cette pratique auprès des autorités israéliennes. Nous continuerons aussi à intervenir sur des cas individuels » a-t-elle ajouté.

Elle a dit que le ministère norvégien des affaires étrangères avait récemment remarqué que des représentants de la société civile de plusieurs pays, y compris des États Unis, s’étaient vus refuser l’entrée en Isr aël. « La Norvège critique cela et l’a fait savoir aux autorités israéliennes. J’en ai parlé dimanche avec le premier ministre Benjamin Netanyahou et je l’ai répété lundi à la réunion avec le ministre de la coopération régionale », Tzachi Hanegbi.

Tzipi Hotovely, vice-ministre des affaires étrangères, qui était présente à la réunion entre Søreide et Netanyahou, a dit après coup que la réunion avait été consacrée à passer en revue la situation politique, avec insistance sur la menace iranienne et sur l’importance accordée par Israël à la révision de l’accord nucléaire avec l’Iran. La question palestinienne à l’époque de Trump a aussi été soulevée, suite à la reconnaissance par le président américain de Jérusalem comme capitale d’Israël le mois dernier, a ajouté Hotovely.

Après cela, Søreide a rencontré le président d’Israël Reuven Rivlin, qui l’a remerciée pour l’action de la Norvège dans la lutte contre l’antisémitisme et pour la position du gouvernement norvégien contre les boycotts d’Israël et contre le mouvement BDS.

« Je crois que le mouvement BDS exacerbe la haine, il ne la combat pas » a dit Rivlin. « Il symbolise tout ce qui nous empêche de parler, de partager, de progresser ».

BDS est contre tout ce à quoi Israël collabore, a accusé Rivlin qui a exhorté les Norvégiens à agir contre BDS aussi vigoureusement qu’Israël – parce que « (BDS) nous empêche d’aller de l’avant ».

Søreide a remercié Rivlin pour son accueil et a dit qu’il avait été très important d’avoir une impression directe du processus de paix et de ce qu’il se passe dans la région. Elle a dit qu’elle croit que les Israéliens et les Palestiniens devraient négocier directement. « Le dialogue direct est ce qui assurera la sécurité pour les deux peuples » a-t-elle dit.

Il était prévu que Søreide rencontre lundi des représentants officiels palestiniens à Ramallah ; elle quittera Israël plus tard dans la semaine pour se rendre aux États Unis.