Le code de déontologie d’Israël pour les professeurs inciterait à une augmentation des boycotts académiques, avertit la direction d’un syndicat américain

Presque comme si Naftali Bennett ‘voulait contre-coups et dégâts’, dit Randi Weingarten, présidente du plus grand syndicat d’enseignants d’Amérique.

A la tête du plus grand syndicat d’enseignants d’Amérique, Randi Weingarten, a dit mardi à Haaretz que le code de déontologie d’Israël pour les professeurs d’université sera « totalement contre-productif » et sera par contre susceptible d’entraîner des boycotts académiques du pays.

Personnage éminent du mouvement ouvrier et des politiques progressistes aux USA, Weingarten, présidente de la Fédération Américaine des Enseignants (FAE), a dit qu’elle même et son organisation sont fermement opposées aux boycotts académiques d’Israël – une des principales raisons pour lesquelles elle s’inquiète des tentatives du ministre israélien de l’Education Naftali Bennett pour changer les règlements des universités en Israël, a-t-elle dit.

« C’est presque comme s’il souhaitait le contre-coup et les dégâts que cela créerait. Il le fait par pur intérêt politique, à la fois sur le court et sur le long terme », a-t-elle dit.

Weingarten et sa consoeur de l’Association Américaine des Professeurs d’Université (AAPU), Rudy Fichtenbaum, ont émis lundi un communiqué disant que « aucun éducateur – à quelque niveau académique et où que ce soit dans le monde – ne devrait être instruit par des forces extérieures sur quoi dire et comment penser. Une telle proposition est l’antithèse d’une pensée critique et des principes démocratiques. »

Le code de déontologie proposé par Bennett – écrit par le professeur Asa Kasher, qui avait précédemment rédigé le code de déontologie de l’armée israélienne – limiterait la liberté des professeurs israéliens pour débattre dans leur classe des événements politiques et dignes d’intérêt, et a été perçu comme un essai pour restreindre une parole de gauche sur le campus.

Les deux syndicats d’enseignants américains ont appelé le gouvernement israélien à rejeter l’initiative de Bennett.

Weingarten a dit qu’elle avait fait ce communiqué parce que « il existe une très ancienne relation entre notre syndicat et la société israélienne, y compris les syndicats d’enseignants et de travailleurs israéliens, les écoles israéliennes, les universités israéliennes. De notre point de vue, ce [code de déontologie] viole la déclaration d’indépendance d’Israël et est contraire à nos propres valeurs et croyances lorsqu’il aborde la question de la liberté académique et de la liberté d’expression. »

Bennett avait cité le propre code de l’AAPU en défendant le code de Kasher pour les universités israéliennes et Bennett et Kasher s’étaient appuyés sur le code de déontologie de l’AAPU pour légitimer leur version.

Le ministre de l’Education a même tweeté une citation de la déclaration de 1940 de l’organisation américaine qui déclare : « Les professeurs sont autorisés à débattre sur leur matière en classe, mais ils devraient faire attention à ne pas introduire dans le débat de sujet controversé sans relation avec la matière enseignée. »

Dans leur communiqué commun de lundi, l’AAPU et l’AFE ont dit : « Le ‘code de déontologie’ que le gouvernement israélien envisage pour les institutions universitaires du pays est une menace, non seulement pour la liberté académique en Israël, mais aussi pour la présentation d’Israël en tant que démocratie. Nous nous joignons à nos collègues de l’Association Israélienne des Présidents d’Université et du Syndicat National des Etudiants Israéliens pour le condamner. »

Dans son interview avec Haaretz, Weingarten a également souligné que son organisation s’inquiétait d’une « tendance mondiale » des gouvernements à agir pour limiter la liberté académique.

« Vous voyez ce qui s’est passé en Hongrie, ce qui se passe en Russie. Certains gouvernements règnent par la polarisation et la haine et ‘des données alternatives’, et tout ceci fait que les universités sont d’autant plus importantes pour le développement de la pensée critique. »