Le Conseil Municipal d’Oxford est tombé d’accord pour boycotter et se désinvestir des entreprises qui sont liées à des crimes de guerre et des violations du droit international.

Une motion des Indépendants de la Communauté d’Oxford a appelé le conseil à mettre fin à ses investissements et à son commerce avec les entreprises impliquées dans la violence et l’oppression d’État, la guerre et l’occupation, et les graves violations des droits de l’Homme, ainsi qu’avec les entreprises impliquées dans l’utilisation de carburants fossiles.
Elle demande aussi au conseil de prendre note des décisions de la Cour Internationale de Justice sur la Palestine, qui soulignent l’obligation des États membres des Nations Unies d’« éviter activement toute complicité dans l’occupation de la Palestine par Israël », ainsi que le « rôle éminent » d’Oxford dans le mouvement anti-apartheid.
Des dizaines de manifestants pro-Palestine se sont tenus devant la mairie d’Oxford pour soutenir la motion, portant des pancartes qui disaient « désinvestissez maintenant » et « pas en notre nom ».
Elle a été votée à l’unanimité hier (lundi 24 mars) par les conseillers lors de la réunion du conseil municipal.
Le Dr. Nick Maynard, chirurgien à l’Hôpital Universitaire d’Oxford, qui a travaillé à Gaza à enseigner les étudiants en médecine, a prononcé un discours à cette réunion en soutien à la motion.
Il a dit : « J’ai passé plusieurs semaines à Gaza au cours des 18 derniers mois à diriger, pour le compte de l’Aide Médicale aux Palestiniens, des équipes médicales d’urgence, et j’ai été témoin de mes propres yeux de multiples crimes de guerre commis par l’armée israélienne, qui sont des violations manifestes du droit international.
« Rien que le 18 mars, 174 enfants ont été tués par l’armée israélienne.
« Il est temps que nos politiques, et nationaux et locaux, se dressent et s’expriment contre ces multiples violations du droit international.
« Le Conseil Municipal d’Oxford doit faire preuve de son engagement envers les droits de l’Homme et le droit international en dénonçant publiquement ces crimes de guerre et en manifestant son soutien à Gaza.
« A Gaza, j’ai été témoin de choses que je ne me serais jamais attendu à voir dans n’importe quel établissement de santé.
« J’ai été témoin d’attaques ciblant délibérément des hôpitaux. »
Susan Brown, à la tête du Conseil Municipal d’Oxford, a dit qu’elle a reçu une lettre du maire de Ramallah, ville de Palestine jumelée avec Oxford, et a répondu pour dire que le conseil ne peut que condamner la reprise du conflit par Israël.
Elle dit que le « plus grand souhait » du conseil est que les attaques à Gaza et en Cisjordanie cessent immédiatement.
Elle a ajouté que la motion s’appuie sur la politique des marchés publics et des investissements éthiques.
Dans un échange après la réunion, la conseillère Barbara Coyne, qui a proposé la motion, a dit : « J’espère que la motion sera rigoureusement appliquée et que son approbation amènera d’autres conseils à s’engager dans une mesure décisive.
« Il est vital, en ce moment, que le Conseil Municipal d’Oxford agisse pour soutenir le droit international et mettre fin à la complicité locale avec un génocide colonial, et je suis heureuse que toutes les parties aient pu se mettre d’accord sur des démarches concrètes en ce sens.
« Ce dont nous avons urgemment besoin, maintenant, c’est ce à quoi les Palestiniens appellent depuis longtemps : boycott, désinvestissement, sanctions, dont un embargo total sur les armes et l’énergie avec Israël. »
Le conseiller Hosnieh Djafari-Marbini, qui a soutenu la motion, a dit : « Pendant les décennies d’occupation illégale de la Palestine par Israël, les résidents d’Oxford ont écrit à leurs députés, organisé des événements et des actions sur leur lieu de travail, avec la communauté et l’éducation, manifesté par milliers, installé des campements étudiants, participé à des visites et des veilles de solidarité avec les travailleurs de santé.
« Les droits de l’homme s’appliquent à nous tous, et l’impunité d’Israël dans leur violation doit prendre fin.
« Cette étape dans cette direction nous aidera à retrouver notre propre humanité tout en répondant aux appels de longue date du peuple palestinien, repris par nombre de nos résidents ici à Oxford. »
La motion a également demandé au chef du conseil d’écrire au Comité du Fond de Pension du Comté d’Oxford de s’efforcer d’éviter d’investir et de commercer avec des entreprises non éthiques.
Plusieurs membres du Conseil, dont Mme. Coyne et le conseiller Hosnieh Djafari-Marbini, avaient quitté le groupe des Travaillistes pour siéger en tant qu’indépendants après le 7 octobre, a cause de l’attitude des dirigeants nationaux du parti travailliste à propos de Gaza.
Le Conseil Municipal d’Oxford a comme banque Barclays, qui a accordé des investissements, des prêts et autres services financiers à des entreprises qui fournissent des armes, des composants et une technologie militaire à Israël dans ses attaques sur les Palestiniens.
Le responsable de la section 151 du conseil municipal a précisé que la motion pouvait être mise en place si elle était légale, mais que, si elle avait une implication financière illégale, on demanderait alors au cabinet de reconsidérer sa décision.
Le conseil municipal a voté à l’unanimité en novembre 2023 pour un cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza.
Oxford est jumelée avec Ramallah en Palestine.
- Photo : Manifestants devant la mairie d’Oxford