VIDEO : Les avocats du militant pro-palestinien menacé de déportation tiennent une conférence de presse

NEW YORK (AP) — Mahmoud Khalil restera détenu en Louisiane au moins jusqu’à la semaine prochaine, après une audition initiale au tribunal de New York mercredi sur les plans de l’administration Trump pour déporter l’étudiant diplômé de l’université Columbia à cause de son rôle dans les manifestations contre Israël sur le campus.

Regardez la conférence de presse des avocats de Khalil sur Youtube.

La brève audition, qui s’est focalisée sur des questions juridictionnelles épineuses, a attiré des centaines de manifestants au tribunal fédéral de Manhattan pour dénoncer l’arrestation samedi [8 mars] de Khalil, un résident permanent des États-Unis qui est marié à une citoyenne américaine. Khalil, 30 ans, n’y a pas assisté — après avoir été initialement détenu à New Jersey, il a été déplacé dans un centre de détention de l’immigration en Louisiane.

Après l’arrestation de Khalil à Manhattan, le juge Jesse M. Furman a ordonné que le trentenaire ne soit pas déporté pendant que la Cour examine un problème juridique soulevé par ses avocats, qui veulent que Khalil soit renvoyé à New York et libéré sous surveillance judiciaire.

Pendant l’audition de mercredi, l’avocat Brandon Waternamn a argué au nom du Département de la Justice que le lieu pour les débats sur l’expulsion devrait être déplacé de New York en Louisiane ou au New Jersey parce que ce sont les endroits où Khlail a été détenu.

Un des avocats de Khalil, Ramzi Kassem, a dit au juge que Khalil a été « identifié, ciblé et détenu » à cause de son plaidoyer pour les droits palestiniens et sa prise de parole protégée [par la Constitution des États-Unis]. Il a dit que Khalil n’a aucune condamnation criminelle, mais « est détenu, pour une raison quelconque ».

Kassem a aussi dit à Furman que l’équipe juridique de Khalil n’a pas pu avoir un seul échange téléphonique avec lui sous le régime de confidentialité entre avocat et client. Furman a ordonné que les avocats soient autorisés à parler avec lui par téléphone au moins une fois mercredi et jeudi. Décrivant les problèmes juridiques comme «  importants et lourds », le juge a aussi demandé aux deux côtés de soumettre une lettre commune vendredi 14 décrivant quand ils proposent de soumettre des arguments écrits sur les questions légales soulevées par la détention de Khalil.

Kassem a dit que les avocats de Khalil mettraient à jour leur plainte jeudi.

L’arrestation de Khalil a suscité des manifestations à New York et dans d’autres villes des États-Unis. L’actrice Susan Sarandon est sortie du tribunal et a dit aux journalistes que « quelle que soit votre position sur le génocide, la liberté d’expression … est un droit que nous avons tous ». Elle a jouté : « Et c’est un tournant décisif dans l’histoire et la liberté de ce pays ».

Quelques-uns des supporters de Khalil, dont beaucoup portaient un keffiyeh et un masque, ont assisté à l’audition. Des centaines d’autres ont manifesté à l’extérieur du tribunal, battant des tambours, agitant des drapeaux palestiniens et scandant des slogans pour la libération de Khalil. La foule bruyante s’est tu, cependant, pour écouter parler Kassem.

« Comme nous avons essayé de le rendre clair au tribunal aujourd’hui, ce qui est arrivé à Mahmoud Khalil n’est rien moins qu’extraordinaire, et choquant, et outrageant », a dit Kassem à la foule. « Cela devrait outrager quiconque pense que la parole doit être libre dans les États-Unis d’Amérique. »

Kassem a dit que les motifs juridiques cités par le gouvernement pour détenir Khalil étaient « vagues » et « rarement utilisés », masquant sa véritable intention : « représailles et punition pour l’exercice de la libre expression ».

Columbia est devenu le centre du mouvement de manifestation pro-palestinien aux États-Unis, mouvement qui a déferlé sur les campus universitaires de tout le pays l’an dernier et a conduit à plus de 2000 arrestations.

Khalil, dont la femme est enceinte de leur premier enfant, a terminé les requis de son diplôme de master de Columbia en décembre. Né en Syrie, il est le petit-fils de Palestiniens qui ont été contraints à quitter leur patrie, ont déclaré ses avocats dans un document juridique.

Le Président Donald Trump a annoncé l’arrestation de Khalil comme étant la première « de beaucoup d’autres à venir », promettant sur les réseaux sociaux d’expulser des étudiants qu’il a décrit comme engagés dans une « activité pro-terroriste, anti-sémite, anti-américaine ».

Lors d’une escale en Irlande alors qu’il se rendait de l’Arabie saoudite à une réunion des ministres des Affaires étrangères du G7 au Canada, le Secrétaire d’État Marco Rubio a dit aux journalistes que le cas de Khalil « ne concerne pas la libre expression ».

« Cela concerne des gens qui n’ont pas le droit d’être aux États-Unis pour commencer. Personne n’a droit d’office à un visa étudiant. Personne n’a droit à une carte verte », a déclaré Rubio.

“This is about people that don’t have a right to be in the United States to begin with. No one has a right to a student visa. No one has a right to a green card,” Rubio said.

Khalil, qui a agi comme porte-parole des manifestants de Columbia, n’a été accusé d’aucun crime. L’attachée de presse de la Maison blanche, Karoline Leavitt, a dit mardi que l’administration a entrepris de l’expulser selon une section de la Loi sur l’immigration et la nationalité qui donne au Secrétaire d’État le pouvoir d’expulser un non-citoyen pour des motifs de politique étrangère.

Des groupes de droits civiques et les avocats de Khalil disent que le gouvernement est anticonstitutionnel lorsqu’il utilise ses pouvoirs de contrôle de l’immigration pour l’empêcher de s’exprimer.

Des groupes, des dirigeants et des organisations juifs des États-Unis ont été divisés dans leurs réponses à la détention de Khalil.

Parmi ceux qui ont salué la mesure figurait la Ligue anti-diffamation, qui a dit espérer que cela serve de « dissuasion ».

« Nous apprécions l’ensemble large et audacieux des efforts du gouvernement de Trump pour contrer l’antisémitisme sur les campus — et cette action illustre une fois de plus cette détermination en faisant rendre des comptes aux auteurs présumés coupables pour leurs actions », a déclaré la Ligue sur les réseaux sociaux.

Amy Spitalnick, PDG du Conseil juif pour les Affaires publiques, a condamné la détention de Khalil.

Le gouvernement Trump « exploite des inquiétudes réelles sur l’antisémitisme pour affaiblir la démocratie : de l’éviscération des subventions pour l’éducation à l’expulsion des étudiants et à l’attaque des mesures pour la diversité, l’équité et l’inclusion », a-t-elle écrit sur Bluesky. « Comme nous l’avons dit à de nombreuses reprises : cela fait que les juifs — & et tant d’autres — sont moins en sécurité. »

Les journalistes d’Associated Press Matthew Lee à Shannon, Irlande, et David Crary à New York ont contribué à cet article.