Une opération militaire de grande ampleur cause le déplacement le plus important de Palestiniens de Cisjordanie depuis la conquête d’Israël en 1967
Waleed Lahloul avait 73 ans et une poussée de cheveux blancs marquant son âge, lorsque des soldats israéliens l’ont tué à bout portant, un matin ensoleillé de février, devant sa maison dans le camp de réfugiés de Jénine. Des parents ont dit qu’il a été tué alors qu’il essayait de rassembler quelques vêtements d’hiver pour sa famille.
Il avait fui avec ses enfants et petits-enfants une semaine plus tôt lorsque les troupes israéliennes sont entrées dans le camp et ont donné l’ordre aux habitants de partir dans l’heure. Ils se sont démenés pour réunir des documents, des objets de valeur et leurs téléphones et ont eu peu de temps pour emballer des vêtements.
« Il est allé chercher quelques choses ont nous avons besoin, mais on lui a tiré dessus avant qu’il entre dans la maison », a dit sa fille Samia Lahloul, âgée de 45 ans. « Les petits-enfants nous demandent : ‘Grand-père était vieux et ne faisait rien de mal, pourquoi ont-ils voulu le tuer ? » Elle n’a pas eu de réponse.
Les Lahloul sont parmi les 40 000 personnes forcées cette année hors de leurs maisons dans des camps de réfugiés de Cisjordanie occupée ; c’est le déplacement le plus important depuis la prise du territoire en 1967.
Le ministre de la défense israélien, Israel Katz, a dit dimanche, que les Palestiniens « évacués » ne pourraient pas rentrer chez eux cette année et il a envoyé des tanks à Jénine.
Les Palestiniens qui ont perdu leur maison et leurs êtres chers au cours du mois dernier ont décrit Jénine comme une « petite Gaza » à cause de l’ampleur des destructions, de la mort et des déplacements.
La même comparaison est faite en Israël, certains membres du cabinet réclamant d’avoir recours à la méthode militaire appliquée à Gaza, et des critiques locaux mettant en garde contre la “Gazafication” de la Cisjordanie.
Le ministre des finances d’extrême droite, Bezalel Smotrich, a appelé à vider les villes palestiniennes et à les détruire, en tant que frappe préventive contre des attaques sur des colons juifs. « Il faut que Naplouse et Jénine ressemblent à Jabaliya, a-t-il dit en janvier , faisant référence à l’une des zones les plus touchées de Gaza.
Sept enfants palestiniens au moins ont été tués par les forces israéliennes depuis le début de l’opération en janvier, dont une fillette de deux ans tuée par balles dans sa maison à la sortie de Jénine, a fait savoir l’ONU. Parmi les autres victimes, on compte une femme en grossesse avancée abattue à un checkpoint.
Lahloul était un chauffeur de taxi paisible et enjoué, né et élevé dans le camp de Jénine, qui a consacré son énergie et son argent pendant des dizaines d’années à l’éducation de ses huit filles, a dit Samia. Elles sont toutes allées à l’université. Deux d’entre elles sont devenues cheffes d’établissement et une autre a achevé un doctorat.
Il leur rendait visite chez elles tous les vendredis en apportant un plat de houmous frais et d’autres mets locaux favoris pour le petit déjeuner. Puis il rassemblait ses petits enfants pour des concours de lecture et d’orthographe, avec des prix pour les gagnants, toujours concentré sur l’éducation.
Le jour où il a été tué, Lalhoul s’était levé tôt et était sorti avant que quiconque soit réveillé. La famille est entassée dans la maison d’un parent dans un village voisin de Jénine, séparé du camp par quelques collines vallonnées, mais suffisamment proche pour entendre constamment le bourdonnement des drones et des avions.
Son fils Sami, âgé de 40 ans, l’a appelé pour prendre de ses nouvelles. « Il m’a dit : ‘je prends un café avec ma sœur et après je vais au camp’. Je lui ai dit de ne pas y aller, l’armée (israélienne) y est ».
Lahloul a dit à Sami qu’il y avait une pause dans les combats et qu’il voulait prendre quelques effets chauds pour tout le monde et vérifier la maison.
Il avait vécu de multiples attaques sur le camp de Jénine et avait déjà fui sa maison une fois, pendant la deuxième intifada. Il avait vu des voisins se faire tuer et des bâtiments rasés par les troupes israéliennes ; et il avait vu les pertes humaines des attaques israéliennes à Gaza s’élever jusqu’à 50 000.
Aussi était-il prudent vis-à-vis de l’armée israélienne. Mais il ne pensait pas que des soldats feraient feu sur un vieil homme non armé en plein jour. « Il pensait que ce serait sécure » a dit Samia.
Un voisin qui travaille comme infirmier a appelé la famille plus tard dans la matinée pour donner la nouvelle que Lahloul avait été emmené, gravement blessé. Le temps que la famille arrive à l’hôpital, il était mort.
« Il était devant la maison, nous a dit l’infirmier. Il n’y est jamais entré » a dit Sami. « Il voulait tellement retourner à la maison ». Il y a eu juste un tir, a dit l’infirmier à la famille, qui a traversé son abdomen.
Il leur rendait visite chez elles tous les vendredis en apportant un plat de houmous frais et d’autres mets locaux favoris pour le petit déjeuner. Puis il rassemblait ses petits enfants pour des concours de lecture et d’orthographe, avec des prix pour les gagnants, toujours concentré sur l’éducation.
Le jour où il a été tué, Lalhoul s’était levé tôt et était sorti avant que quiconque soit réveillé. La famille est entassée dans la maison d’un parent dans un village voisin de Jénine, séparé du camp par quelques collines vallonnées, mais suffisamment proche pour entendre constamment le bourdonnement des drones et des avions.
Son fils Sami, âgé de 40 ans, l’a appelé pour prendre de ses nouvelles. « Il m’a dit : ‘je prends un café avec ma sœur et après je vais au camp’. Je lui ai dit de ne pas y aller, l’armée (israélienne) y est ».
Lahloul a dit à Sami qu’il y avait une pause dans les combats et qu’il voulait prendre quelques effets chauds pour tout le monde et vérifier la maison.
Il avait vécu de multiples attaques sur le camp de Jénine et avait déjà fui sa maison une fois, pendant la deuxième intifada. Il avait vu des voisins se faire tuer et des bâtiments rasés par les troupes israéliennes ; et il avait vu les pertes humaines des attaques israéliennes à Gaza s’élever jusqu’à 50 000.
Aussi était-il prudent vis-à-vis de l’armée israélienne. Mais il ne pensait pas que des soldats feraient feu sur un vieil homme non armé en plein jour. « Il pensait que ce serait sécure » a dit Samia.
Un voisin qui travaille comme infirmier a appelé la famille plus tard dans la matinée pour donner la nouvelle que Lahloul avait été emmené, gravement blessé. Le temps que la famille arrive à l’hôpital, il était mort.
« Il était devant la maison, nous a dit l’infirmier. Il n’y est jamais entré » a dit Sami. « Il voulait tellement retourner à la maison ». Il y a eu juste un tir, a dit l’infirmier à la famille, qui a traversé son abdomen.
« On nous a donné une heure pour le trajet et l’enterrement ; ils nous ont demandé de quitter très vite » a-t-il dit. « Ils ont empêché ses filles, ses sœurs, ses autres parents de venir l’enterrer. Nous n’avons pas bénéficié de ce droit fondamental ».
L’armée israélienne a dit que ses soldats avaient tué Lahloul en appliquant la procédure classique d’arrestation d’un suspect ». Ils ont tiré des coups de feu d’avertissement vers un ‘suspect’ se dirigeant vers les soldats, puis ont visé Lahloul, a dit un porte-parole.
L’armée a permis « que se tienne seulement une cérémonie d’enterrement limitée, sous escorte et sécurité IDF » parce que le cimetière était une zone active de combat, ont-ils dit.
L’opération Mur de Fer a été annoncée le 21 janvier par le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, « pour vaincre le terrorisme à Jénine », un nouvel objectif dans la guerre aux fronts multiples que mène Israël à Gaza et dans la région, notamment au Liban.
La dernière opération militaire d’importance en Cisjordanie a eu lieu pendant la deuxième intifada, il y a plus de vingt ans, lorsque les forces israéliennes se sont introduites pour écraser un soulèvement coordonné dans les territoires palestiniens et dans une série d’attentats-suicides à l’intérieur d’Israël.
Le camp de Jénine est une zone urbaine densément peuplée de familles chassées de leurs maisons du nord d’Israël pendant la guerre de création de l’État en 1948. C’est depuis longtemps un centre de résistance armée à l’occupation israélienne des territoires palestiniens, régulièrement visé par Israël.
En 2002, après 10 jours d’opération dans le camp de Jénine, un envoyé de l’ONU a décrivit la situation comme « une horreur dépassant l’imagination ».
L’opération Mur de Fer a déjà duré plus longtemps que la campagne de 2002 et a déplacé des habitants à une échelle inconnue depuis 1967. Au moins 44 Palestiniens ont été tués, dont sept enfants, depuis qu’elle a commencé.
Nombre de ceux qui ont été tués étaient non armés et ne présentaient pas de menace immédiate, a dit l’ONU décrivant leur mort comme faisant partie « d’un nombre croissant de meurtres apparemment illégaux documentés par le Bureau des droits de l’Homme de l’ONU ».
La déclaration a condamné l’opération et a appelé à « un arrêt immédiat de cette vague de violence et de ces déplacements massifs alarmants ».
L’armée israélienne a assoupli ses règles d’engagement en autorisant les troupes à tirer sur quiconque « joue avec le sol », a rapporté le journal Haaretz. L’armée israélienne a nié avoir changé les règles d’ouverture du feu.
Les maisons de Jénine ont aussi été démolies par des détonations massives, une nouvelle méthode qui amplifie une stratégie ancienne. En 2002, le camp a été rasé pour l’essentiel et l’armée a utilisé des bulldozers blindés et d’autres véhicules militaires pour détruire des maisons, mais ils se déplacent plus lentement.
Hassan Amin, âgé de 50 ans, avait une maison à la lisière de la zone de démolition. Maintenant il partage un petit appartement avec 20 membres de sa famille dans un village juste à côté de Jénine.
Comme les Lahloul, Amin a dit qu’ils ont reçu l’ordre de partir lancé par des hauts parleurs depuis des drones et qu’il leur a été dit quelle route suivre pour sortir du camp. « Nous sommes partis contre notre gré » a-t-il dit. « Ils nous ont indiqué une certaine route à suivre, avec des checkpoints. Tandis que nous marchions, des drones étaient au-dessus de nos têtes. Les enfants, les femmes et les personnes âgées étaient terrifiés ».
L’exode à pied a été ressenti de façon semblablement terrifiante à ce que des rapports ont dit des évacuations forcées à Gaza, a dit Amin, et ce qui a suivi paraissait être une copie de ce qui avait été fait là-bas aussi.
Katz a dit qu’il avait donné l’ordre aux forces israéliennes « de ne pas permettre aux habitants de revenir » de toute l’année.
L’armée israélienne a dit : « l’IDF n’évacue pas la population en (Cisjordanie). L’IDF a cependant permis à des habitants qui souhaitent s’éloigner des zones de combat, de partir en sécurité par des passages désignés, sécurisés par les soldats ».
Empêché de rentrer chez lui, Amin passe ses journées entre le souci immédiat de nourrir sa famille et des craintes à plus long terme sur l’impossibilité de jamais retourner chez lui.
Le revenu journalier de son travail s’est asséché après que l’opération a effectivement fermé Jénine. Des convois de l’armée israélienne ont transformé même la périphérie en une ville fantôme, avec des commerces fermés et des rues habituellement encombrées, vides de voitures.
Les écoles n’ouvrent pas, aussi ses enfants effrayés et inquiets sont à la maison toute la journée et prennent du retard dans leur éducation.
Le camp étant interdit d’accès, il a passé de longues heures à chercher dans des vidéos de l’armée israélienne sur Jénine, tout indice permettant de savoir si sa maison est debout. Il l’a localisée, abîmée et environnée de gravats, dans une brève capture alors qu’un soldat passait devant.
« C’est tout ce que nous avons vu : notre maison est détruite en partie » a-t-il dit, en bloquant le cadre sur la vidéo pendant une seconde. « Nous ne savons pas ce qui est arrivé ».