Le Mouvement BDS a 10 ans : interview d’Omar Barghouti

Les codirecteurs de Mondoweiss Adam Horowitz et Philip Weiss parlent avec le militant palestinien des droits de l’Homme et cofondateur du mouvement BDS Omar Barghouti pour le dixième anniversaire de….

Les codirecteurs de Mondoweiss Adam Horowitz et Philip Weiss parlent avec le militant palestinien des droits de l’Homme et cofondateur du mouvement BDS Omar Barghouti pour le dixième anniversaire de l’appel palestinien aux boycott, désinvestissement et sanctions contre Israël.

L’Appel BDS a été émis par des représentants de la société civile palestinienne le 9 juillet 2005 dans le but d’acquérir les droits fondamentaux pour les Palestiniens selon la législation internationale. BDS demande la fin de l’occupation par Israël des terres arabes, dont Jérusalem Est, la fin de ce que même le Département d’État américain a critiqué en tant que système israélien de « discrimination institutionnelle, juridique et sociétale » envers les citoyens palestiniens, ce qui recoupe la définition américaine de l’apartheid, et la fin de son refus du droit au retour, tel que stipulé par l’ONU, des réfugiés palestiniens dans leurs maisons d’origine d’où ils furent chassés par la force pendant la Nakba de 1948 et empêchés d’y revenir depuis.

L’Appel BDS concerne ces trois droits parce qu’ils correspondent aux trois principaux constituants de ce qui fait le peuple palestinien. Selon les chiffres de 2014 émis par l’Office Central Palestinien des Statistiques, sur les 11.800.000 Palestiniens, ceux des territoires palestiniens occupés (TPO), c’est-à-dire Gaza et la Cisjordanie, y compris Jérusalem Est, représentent seulement 38 % de la totalité de la population palestinienne. Les citoyens palestiniens d’Israël représentent environ 12 %, et les Palestiniens en exil constituent les 50 % restants.

Adam Horowitz et Philip Weiss : Au bout de dix ans, comment caractériseriez vous le succès du mouvement BDS jusqu’ici ?

Omar Barghouti : BDS a joué un rôle déterminant dans le changement de discours sur la question de la Palestine après plus de deux décennies d’un « processus de paix » frauduleux qui a sapé les droits des Palestiniens et a servi de feuille de vigne pour l’expansion et l’enracinement du régime israélien d’occupation, de colonisation de peuplement et d’apartheid.

Aujourd’hui, Israël reconnaît pour plusieurs raisons en BDS une « menace stratégique » contre tout son régime d’oppression. BDS intègre la quête des droits, stipulés par l’ONU mais longtemps ignorés, de tous les Palestiniens et réussit progressivement et méthodiquement à isoler Israël académiquement, culturellement et, à un moindre degré, également économiquement.

S’inspirant de la lutte anti-apartheid sud-africaine, BDS réussit aussi à mettre en lumière la toxicité de la « marque » Israël. L’impact du mouvement BDS non-violent et mondial conduit par les Palestiniens s’est régulièrement amplifié depuis son lancement en 2005. Mais ces deux dernières années, il s’est accéléré pour diverses raisons. Quand vous semez des graines et que vous les nourrissez avec attention et persévérance, elles finiront par vous donner de bons fruits. Nous commençons maintenant à récolter les fruits de 10 ans de campagne BDS pour les droits de l’Homme, stratégique, moralement cohérente et indéniablement efficace.

BDS gagne les batailles dans les coeurs et les esprits à travers le monde, en dépit de l’influence toujours hégémonique d’Israël auprès des gouvernements américain et européens.

L’impact de BDS à 10 ans est maintenant reconnu par les plus importants leaders israéliens de la politique, de la sécurité et du commerce et même par un ancien directeur de la CIA.

Un rapport de l’ONU qui vient de sortir montre que les investissements directs étrangers ont chuté de 46% entre 2013 et 2014. Un coauteur israélien de ce rapport a attribué cette nette baisse en partie à BDS.

Une récente étude de la Rand a estimé que, si BDS continue, les pertes économiques d’Israël dans les 10 années à venir s’élèveront à 47 milliards $. D’où la panique que vous voyez dans l’establishment israélien.

Depuis juin 2013, le premier ministre d’Israël Benjamin Netanyahu a affirmé que le mouvement BDS était une « menace stratégique » en en confiant l’entière responsabilité au ministère des affaires stratégiques.

Le président d’Israël Reuven Rivlin a récemment caractérisé le boycott universitaire d’Israël de « menace stratégique de premier plan » pour le régime israélien d’occupation et d’apartheid.

L’ancien chef du Mossad Shabtai Shavit est convaincu que BDS est devenu un « dangereux » défi pour Israël, tandis que l’ancien premier ministre Ehud Barak admet qu’il est en train d’atteindre un « point de non retour ».

L’élection en Israël d’un gouvernement ultra droitier le plus extrême de son histoire, qui perd ses dernières prétentions démocratiques et qui adopte ouvertement une politique coloniale, va sans doute accroître les souffrances des Palestiniens. Mais cela va également renforcer la croissance déjà impressionnante de BDS.

Le sondage de Globescan pour la BBC au sujet de l’opinion publique internationale a clairement montré ces dernières années qu’Israël concurrençait la Corée du Nord pour sa popularité à travers le monde, y compris auprès des plus grandes nations européennes.

Quand vous avez lancé l’appel, comment imaginiez vous l’évolution du mouvement ? Quel effet pensiez vous qu’il aurait alors ?

L’appel a été lancé par 171 partis politiques, syndicats, associations et organisations palestiniennes, qui représentaient l’écrasante majorité du peuple palestinien dans la Palestine historique et en exil. Il est enraciné dans des décennies de résistance populaire palestinienne et s’inspire, entre autres, du mouvement anti-apartheid sud-africain et du mouvement des droits civiques américain.

Il ne serait pas exagéré de dire que l’impact de BDS 10 ans après son lancement est allé bien au-delà de nos attentes les plus optimistes lors de la fondation du mouvement en 2005.

Êtes vous surpris par la croissance du mouvement ?

Je ne suis pas surpris par sa croissance en elle-même, mais par son taux. Comme l’archevêque Desmond Tutu me l’a dit un jour, BDS croît considérablement plus vite que le mouvement de boycott anti-apartheid ne l’avait fait.

Quel a été le rôle du lobby israélien dans l’opposition à BDS ?

La première réponse d’Israël à la phase initiale de BDS, l’établissement en 2004 de la Campagne Palestinienne pour le Boycott Académique et Culturel d’Israël (PACBI), fut de lancer sa campagne extrêmement bien rodée « Marque Israël ». Elle exploite la culture, l’université et la technologie israéliennes pour rhabiller l’État et montrer au monde son « meilleur profil », spécialement après chaque massacre commis par Israël contre la population indigène palestinienne.

Le lobby a toujours fait partie intégrante de cette dynamique. Le lobby israélien de Washington en particulier est reconnu aujourd’hui, comme le montre un récent sondage, par 3 sur 4 des leaders d’opinion du Parti Démocrate comme exerçant une trop grande influence sur la politique étrangère américaine. Que l’on se demande si le chien impérial agite la queue ou si c’est l’inverse, on ne peut qu’admettre que la queue et le chien sont biologiquement liés ! Les intérêts impériaux des USA et l’influence massive d’Israël vont main dans la main.

Dix ans de BDS nous ont appris que la dernière et la plus rude ligne de défense du régime israélien, c’est le Congrès américain. Je ne dévoilerai pas un secret en disant que la plupart des politiques et des élus américains sont plus redevables et sensibles à leurs bailleurs de fonds qu’aux intérêts de leurs électeurs qu’ils sont censés représenter. Beaucoup de membres du Congrès sont « achetés et financés par le lobby israélien », comme même Thomas Friedman l’a admis lorsqu’il expliqua le nombre étonnant et en yoyo d’ovations debout qui saluèrent le premier ministre israélien Netanyahu en 2011.

N’ayant pas réussi à résister à BDS dans les nombreux combats pour gagner les coeurs et les esprits aux niveaux populaires et de la société civile, Israël a adopté en 2014 une nouvelle stratégie centrée sur la guerre juridique pour combattre BDS. Le lobby israélien mène cette bataille, faisant passer une législation anti BDS dans plusieurs corps législatifs des Etats et au Congrès américain.

Mais cela, on s’y attend. Ce qu’Israël n’a peut-être pas prévu, c’est l’érosion continue de son maintien dans le Parti Démocrate et parmi les Afro-américains, les Latino-américains, les femmes et les jeunes Américains, y compris les Juifs américains. Le rôle d’Israël n’est pas facile après tout. Il essaie de façon arrogante de délégitimer le boycott, tactique de résistance à l’injustice consacrée par l’usage aux Etats-Unis et sorte de liberté d’expression,comme statué par la Cour Suprême.

Ivre de pouvoir, Israël et ses lobbies ont oublié à quoi ressemblent les carottes; ils ont recours à des bâtons de plus en plus gros pour amener les critiques à se soumettre. Mais en s’alliant de plus en plus à l’extrême droite américaine tout en l’encourageant et en créant un nouveau MacCarthisme de pure intimidation et de terrorisme intellectuel où l’obéissance au régime d’Israël est le test décisif de loyauté, le lobby israélien s’aliène encore davantage le courant libéral et va perdre le leadership des USA, comme le comprend bien l’ancien chef israélien du Mossad, Shabtai Shavit.

Ainsi, l’intimidant lobby israélien va peut-être écorcher la mère de tous ses objectifs et se diriger vers une accélération de l’érosion du bouclier d’Israël de complicité avec les USA et au-delà.

Vous dites que la ligne de défense d’Israël la lus dure est le congrès, mais la candidate à la présidence Hilary Clinton a récemment promis au méga donateur Haïm Saban d’aider à combattre les boycotts. Quelles ramifications voyez-vous alors que BDS devient un sujet dans la compétition présidentielle à venir ?

La lettre obséquieuse d’Hilary Clinton à son principal donateur porte la corruption du système politique américain à un autre niveau. Cela se trouve quelque part entre une ploutocratie et une oligarchie en train de se faire.

Ce n’est pas mauvais seulement pour les Palestiniens, mais pour tous ceux qui se soucient de défendre et de renforcer les principes démocratiques américains contre la mainmise des riches et des puissants. Si Clinton transforme l’opposition à BDS en slogan de campagne, elle va s’aliéner une grande partie de l’électorat démocrate et renforcer la visibilité du mouvement BDS. La façon dont Israël traite BDS comme une « menace existentielle » et dont il appelle toutes ses troupes aux USA à le combattre va créer un nouveau MacCarthisme qui sera aussi carrément vaincu que le fut sa première édition.

Les accusations d’antisémitisme vous ont-elles surpris? Voyez vous quelque signe qu’elles perdent de leur efficacité? Et quelle importance le soutien des Juifs a-t-elle eu tactiquement sur la croissance du mouvement?

Israël et le mouvement sioniste essaient agressivement de créer une nouvelle définition de l’antisémitisme qui s’étendrait à l’antisionisme et à la défense de tout boycott contre Israël. Tout principe moral mis à part, c’est clairement dangereux pour les Palestiniens et les gens de conscience qui sont solidaires de la lutte des Palestiniens pour leurs droits, comme ce l’est pour les communautés juives partout dans le monde parce que cela dilue la notion de racisme anti-juif de façon méconnaissable.

Assimiler le boycott, reconnu et fondé sur les droits de l’Homme, des violations de la législation internationale par Israël avec le racisme anti-juif n’est pas seulement faux. C’est une tentative raciste pour mettre tous les Juifs dans un même panier et pour les impliquer dans les crimes d’Israël contre les Palestiniens. L’accusation de racisme par Israël contre le mouvement BDS s’apparente à l’accusation de racisme par le Ku Klux Clan contre Martin Luther King et Rosa Parks ! C’est de la propagande grotesque.

Ancré dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, le mouvement BDS est un mouvement fondé sur les droits de l’Homme, non sectaire et global qui rejette toute forme de racisme, y compris l’antisémitisme et les dizaines de lois racistes israéliennes. BDS demande l’égalité des droits pour tous les humains, quelle que soit leur identité. Il vise Israël et les entités complices de son régime d’oppression, en ne se fondant sur aucune identité réelle ou revendiquée, mais sur le fait que ce régime d’oppression refuse aux Palestiniens leurs droits tels que stipulés par l’ONU selon la législation internationale.

Si Israël s’identifiait à un État chrétien, musulman ou hindou, nous nous efforcerions tout autant d’isoler son régime d’oppression pour obtenir nos droits.

BDS n’a jamais visé les Juifs ou les Israéliens en tant que Juifs ; il se bat pour mettre fin à un régime injuste qui asservit notre peuple avec l’occupation, l’apartheid et le déni des droits des réfugiés tels que stipulés par l’ONU. Nous avons des partenaires juifs-israéliens dans le mouvement BDS qui y jouent un rôle significatif en dévoilant le régime d’oppression israélien et en préconisant son isolement. Et d’ailleurs, nous sommes fiers du nombre extraordinairement haut de militants juifs dans le mouvement BDS, spécialement dans Voix Juives pour la Paix.

Israël et la machine de propagande sioniste accusent immédiatement tout supporter de BDS d’ « antisémitisme » afin d’intimider et de faire taire tout dissident. Ils utilisent cette tactique dégoûtante plus spécialement contre les Européens et les Américains qui soutiennent le boycott, étant donné la culpabilité due à l’Holocauste et les succès relatifs d’Israël depuis des décennies dans l’orientation de cette culpabilité vers une complicité avec le régime d’oppression contre les Palestiniens. Mais cette sale tactique d’antisémitisme ne marche pas avec les Palestiniens, victimes du Sionisme et de son projet de peuplement colonial, qui n’ont joué aucun rôle dans l’Holocauste et à qui on ne devrait pas le faire payer au prix de leurs droits.

On peut dire que Netanyahu et d’autres ont fait votre jeu, avec leurs formulations, et leur réponse au mouvement. Cela vous a-t-il surpris ?

Non. Raciste, violente et grossière comme elle est, l’extrême droite d’Israël est brutalement honnête, contrairement aux simulateurs et menteurs compulsifs de la soi-disant « gauche » sioniste. Avec Netanyahu, Israël a jeté le dernier masque de sa démocratie jamais existante, révélant au monde le vrai visage d’Israël en tant que régime d’oppression coloniale et raciste. Presque la moitié des faiseurs d’opinion du Parti Démocrate considèrent qu’Israël est raciste, d’après le sondage que j’ai mentionné plus tôt. Cela fait partie du cadeau de Netanyahu à la lutte des Palestiniens pour la liberté, la justice et l’égalité.

Avez vous changé de tactique, et comment ? Autrefois vous vouliez que les partenaires américains « boycottent un oeuf » s’ils ne voulaient rien faire d’autre. Etes vous frustrés par le choix de ceux qui ne veulent boycotter, désinvestir et sanctionner qu’à l’Est de la Ligne Verte ?

Les droits définis dans l’appel BDS ne sont pas négociables, puisqu’ils constituent les exigences minimales pour que le peuple palestinien puisse exercer son droit inaliénable à l’autodétermination. Mais les tactiques et les actions de boycott, désinvestissement et sanctions sont nécessairement sensibles au contexte. Dans tout contexte, les militants et les groupes de partenaires décident quoi boycotter et comment. Certains partenaires, comme l’Association d’Études Américaines, adoptent un boycott total d’Israël dans un certain domaine, tandis que beaucoup d’autres adoptent des boycotts sélectifs ou se désinvestissent de sociétés qui travaillent illégalement dans les territoires palestiniens occupés. Tant que nos trois droits sont défendus, nous travaillons avec les deux extrémités du spectre et tout ce qu’il y a entre elles.

Boycotter un œuf, c’est toujours bien, comme un premier pas, si c’est tout ce que l’on peut faire, tant que nos trois droits fondamentaux sont respectés. Mais en fin de compte, le but de BDS est de transformer Israël en Etat paria, comme le fut l’Afrique du Sud, et d’isoler son régime d’oppression afin d’obtenir nos droits tels que stipulés par l’ONU.

Avez-vous été surpris par la réponse des sionistes libéraux aux États Unis et par leur refus de rejoindre le mouvement ? Vont-ils finir par rejoindre le mouvement ?

Les militants palestiniens des droits de l’Homme ne se sentent généralement pas très concernés par ce que les porte-parole du camp des sionistes modérés aux États Unis ou ailleurs pensent ou croient, en dépit de leurs fréquents accès de colère belliqueuse contre BDS. Ils sont de plus en plus hors sujet.

De soi-disant sionistes « libéraux » savent aussi bien que nous que le mouvement BDS , qui est conduit par les Palestiniens et exprime les aspirations des Palestiniens, les a vraiment dépouillés de leur statut de « garde-barrière ». Ils reconnaissent également, je pense, qu’ils sont un phénomène en voie de disparition, non pas parce qu’ils manquent d’intelligence ou de ressources, mais parce que vous ne pouvez vous sortir de la défense et de l’obscurcissement d’un oxymore pendant si longtemps avant que ce ne soit révélé comme une supercherie.

Le sionisme politique est, à nouveau, révélé à l’opinion publique mondiale comme une idéologie raciste, coloniale et d’exclusion qui a toujours été la source principale de légitimation du régime israélien d’occupation, de colonialisme de peuplement et d’apartheid contre le peuple indigène de Palestine. D’après mon analyse, le sionisme abrite aussi des idées et des présomptions antisémites et prospère sur le racisme anti-juif, que le mouvement BDS rejette.

Nos alliés, Voix Juives pour la Paix, ou Juifs Américains pour une Juste Paix, ou Réseau international des Juifs Antisionistes et plusieurs réseaux européens de militants juifs qui soutiennent BDS, tous se trouvent hors du camp sioniste et reconnaissent nos droits fondamentaux, y compris le droit au retour de nos réfugiés -test décisif de moralité et de justice pour quiconque se réclame de la recherche d’une paix juste dans notre région.

Quelles ont été les erreurs de BDS pendant ces 10 dernières années ? Où se sont situées les douleurs de croissance ?

Je suis certain que nous avons bien fait quelques erreurs au cours du chemin. Pour certaines, nous préférons ne pas en parler publiquement, pour refuser ce plaisir à Israël et ne pas révéler les indices. Pour d’autres, nous les reconnaissons ouvertement.

Nous aurions dû commencer en nous concentrant sur le monde arabe beaucoup plus tôt, mais nous manquions des ressources nécessaires et nous voulions faire un éclat au coeur du pouvoir israélien à l’ouest.

Nous nous sommes aussi trompés quand nous espérions que le décret anti-boycott d’Israël ne passerait pas au parlement à cause de sa nature draconienne et antidémocratique. Cette erreur fut fondée sur l’idée fausse que l’establishment israélien est encore partiellement guidé par la raison. Maintenant nous nous sommes débarrassés de cette notion ridicule.

Quelle suite pour BDS ? A quelle stade de la lutte nous trouvons nous ?

C’est difficile à dire, mais je pense que nous approchons rapidement de notre moment sud-africain. En 2015, beaucoup de membres de l’establishment israélien partagent cette vision.

Où va Israël ? Y aura-t-il un Etat juif dans 25 ans ? 50 ans ?

Nous sommes peut-être des militants des droits de l’Homme efficaces, mais nous ne sommes pas des prophètes ! Personne ne peut prédire avec précision où sera Israël dans quelques dizaines d’années, mais une chose est sûre, si les tendances actuelles se poursuivent et si la résistance intérieure et extérieure ne relèvent pas le défi, Israël tombera rapidement dans le fascisme. Étant donné son arsenal d’armes nucléaires et sa culture ultra-militariste à la gâchette facile, c’est mauvais pour l’humanité, et pas seulement pour ceux qui sont sous le contrôle colonial d’Israël. Il est donc du devoir des gens de conscience à travers le monde de soutenir notre combat pour empêcher ceci d’arriver.

Je crois fermement que BDS fournit le genre de lutte moralement conséquente et efficace contre le système d’oppression israélien, lutte qui peut « restaurer l’humanité des deux », oppresseurs et opprimés, comme l’éducateur brésilien Paulo Freire nous met au défi de le faire.