80 pour cent de la famine mondiale se trouve actuellement à Gaza, avertit un expert de l’ONU

« De toute ma vie, je n’ai jamais rien vu de semblable en termes de gravité, d’échelle, et puis de rapidité. »

La campagne de famine menée par Israël à Gaza est si grave que la très grande majorité des personnes qui font l’expérience de la famine à travers le monde se trouvent à Gaza, a fait remarquer cette semaine un expert en alimentation de l’ONU.

Il y a actuellement en gros 706.000 personnes en tout dans le monde entier qui font partie de populations qui subissent des niveaux de faim « catastrophiques » ou « la famine », ont trouvé des chercheurs mondiaux en alimentation. Parmi ces personnes, environ 577.000 sont des Palestiniens de Gaza, d’après un récent rapport de la Classification Intégrée de la Phase de Sécurité Alimentaire (IPC) soutenue par l’ONU.

Ceci veut dire que les Palestiniens de Gaza représentent 80 pour cent de la population mondiale qui subit actuellement la famine, comme l’économiste en chef du Programme Alimentaire Mondial de l’ONU, Arif Husain, l’a dit dans une interview avec Isaac Chotiner du New Yorker publiée mercredi. Certains des autres pays qui font face à un certain niveau de famine sont le Soudan, le Sud Soudan et la Somalie, d’après l’IPC.

Husain a souligné que la crise de la faim à Gaza, que les chercheurs de l’IPC ont définie comme aiguë dans la région tout entière, est d’une gravité sans précédent.

« J’ai fait cela pendant les deux dernières décennies et je suis allé sur toutes sortes de conflits et toutes sortes de crises. Et, pour moi, c’est sans précédent, étant donnés, et d’un, l’amplitude, l’échelle, touchant la population totale d’un endroit particulier ; et de deux, la gravité ; et de trois, la rapidité à laquelle cela survient, à laquelle cela s’est déroulé, est sans précédent », a dit Husain. « De toute ma vie, je n’ai jamais rien vu de semblable en termes de gravité, en termes d’échelle et en termes de rapidité. »

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La totalité de la population de Gaza fait face à une « crise » aiguë de la faim, avertit un rapport soutenu par l’ONU.

Husain a également souligné que le rapport de l’IPC a déterminé que la population tout entière de Gaza, soit environ 2.2 millions de personnes, souffrira d’une « famine de grande envergure » dans les six prochains mois si Israël poursuit sont blocus sur l’alimentation et autres besoins élémentaires. L’économiste a dit que la crise grandissante est largement le résultat de l’interdiction faite par Israël de laisser l’alimentation entrer et être distribuée dans la région, ajoutant que sa campagne de bombardements incessants a mis en danger les travailleurs humanitaires et a rendu presque impossible la distribution des ressources.

La famine est le pire niveau de la faim selon le système de classification de l’IPC, caractérisé par trois critères principaux, comme l’a expliqué Husain. Premièrement, plus de 20 pour cent de la population de la région doit être affamée. Deuxièmement, 30 pour cent des enfants de la région doivent être sous-alimentés ou extrêmement maigres, connus comme étant « décharnés ». Enfin, le taux de mortalité doit être le double du taux moyen.

Actuellement, Gaza n’est pas classée en famine totale parce que sa population ne répond qu’au premier critère, a-t-il dit, mais la population s’y dirige. En gros, un quart de la population a déjà atteint la classification de « famine », tandis que 50 pour cent se trouvent dans la plus haute classification suivante d’« urgence » d’insécurité alimentaire, et ceux restant sont dans une crise aiguë de faim, a trouvé l’IPC.

« En fin de compte, à Gaza en ce moment, pour ainsi dire tout le monde a faim », a dit Husain.

« [V]ous espérez ne pas dire, ‘O.K., agissons parce qu’il y a une famine’ », a-t-il ajouté. « Vous avez besoin d’agir pour éviter une famine, d’accord? Parce que si vous dites, ‘O.K., agissons quand il y a une famine’, cela signifie que vous dites que les gens sont déjà morts, que les enfants sont déjà perdus, que les gens meurent déjà de faim. Là n’est pas la question. La question, c’est que nous ne devrions jamais laisser une population atteindre cet état. »

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Sharon Zhang est une journaliste de Truthout qui couvre la politique, le climat et le travail. Avant d’arriver à Truthout, Sharon avait écrit des histoires pour Pacific Standard, The New Republic et d’autres. Elle est titulaire d’un master en études environnementales. On peut la trouver sur Twitter : @zang_sharon.