Le Trinity College de Dublin décide de désinvestir de sociétés israéliennes après une manifestation étudiante

Un campement de cinq jours sur le sol de l’université, qui a causé une perte de revenu importante à l’établissement s’est terminé par la victoire de ceux qui menaient campagne.

Les étudiants de Trinity College de Dublin ont mis fin à un campement de cinq jours après que l’université s’est engagée à rompre ses relations avec des sociétés israéliennes.

Les dirigeants étudiants ont crié victoire mercredi soir après avoir mené une campagne qui a désorganisé le campus et bloqué l’accès au Book of Kells (un trésor du patrimoine irlandais qui se visite à Trinity College).

La direction a passé un accord avec les manifestants, a dit l’université dans une déclaration. « Trinity va désinvestir de compagnies israéliennes qui ont des activités dans les territoires occupés palestiniens et qui figurent sur la liste noire établie aux États-Unis » est-il dit. « Trinity va œuvrer à désinvestir d’autres compagnies israéliennes ».

Il ne reste qu’une compagnie sur la liste des fournisseurs de Trinity, qui y sera jusqu’en mars 2025 pour raisons contractuelles, dit la déclaration. 

Le campement a débuté le 3 mai lorsque des manifestants propalestiniens ont monté des dizaines de tentes sur le square des Fellows, dans une action similaire à celles menées aux USA, en Europe et en Inde  en réponse à la guerre d’Israël contre le Hamas à Gaza.

Contrairement aux confrontations aux États Unis où la police a chassé de force les manifestants dans plusieurs universités, il n’y a pas eu de tentative de suppression de la protestation. Eoin O’Sullivan, un doyen qui a mené les discussions avec les étudiants, les a remerciés pour leur « engagement ».

Au Royaume Uni, les vice-chanceliers de quelques-unes des principales universités vont se réunir jeudi au bureau du premier ministre pour discuter de l’action à mener face à la croissance d’actes antisémites sur les campus et sur la perturbation de l’apprentissage imposé aux étudiants.

En amont de cette réunion, Rishi Sunak a dit : « Les Universités devraient être des lieux de débat rigoureux mais aussi des bastions de la tolérance et du respect pour chaque membre de la communauté. 

« Une minorité bruyante sur nos campus dérange la vie et les études des autres étudiants et, dans certains cas, propage un véritable harcèlement et des actes antisémites. Cela doit cesser ».

Le premier ministre, avec Gillian Keegan, le secrétaire à l’éducation, Michaël Gove, le secrétaire aux communautés et Tom Tugendhat, le ministre de la sécurité, va appeler à une approche Tolérance zéro des actes antisémites dans les universités.

Le campus de Dublin, qui est au cœur de la capitale irlandaise, a été fermé au public, ce qui a coûté à l’université une somme estimée à 350 000 euros de revenu perdu du fait que les visiteurs n’ont pas pu voir le Livre de Kells, un manuscrit médiéval qui est une attraction touristique.

« Je pense que la perte de revenu a été un élément-clé » a dit Ruby Topalian, rédactrice de Trinity News, un journal étudiant. Les étudiants ont bien accueilli un accord qui est allé plus loin que dans d’autres universités, a-t-elle dit. « Je pense que c’est sans précédent. Le campus semble très satisfait”.

Laszlo Molnarfi, le président sortant du syndicat étudiant, a dit que le groupe Trinity Boycott, Désinvestissement et Sanctions avait triomphé. « Cela montre le pouvoir des combats d’étudiants et d’enseignants à la base, pour la juste cause de la libération palestinienne et pour mettre fin à la complicité avec le génocide, l’apartheid et le colonialisme de peuplement d’Israël ».

La déclaration de Trinity mentionne que l’université comprend la logique du campement et a exprimée l’horreur ressentie face aux événements à Gaza. « Nous détestons et condamnons toute violence et toute guerre, y compris les atrocités du 7 octobre, la prise d’otages et la poursuite de l’assaut féroce et disproportionné à Gaza. La crise humanitaire à Gaza et la déshumanisation de ses habitants est obscène ».

Trinity a annoncé ouvrir des postes pour six post doctorants et deux étudiants de Gaza. « Il a été renoncé à tous frais d‘inscription pour ces étudiants et Trinity utilisera ses fonds sanctuarisés pour leur fournir l’hébergement ». Une nouvelle taskforce formée de représentants étudiants et enseignants va reconsidérer la question des échanges étudiants avec Israël.

L’accord est intervenu dans le contexte d’une condamnation internationale de l’attaque israélienne sur Rafah et d’un rapport de RTE selon lequel l’Irlande, l’Espagne et d’autres pays membres de l’UE envisagent de reconnaître l’État de Palestine le 21 mai.