Vote des étudiants de McGill en faveur de BDS

Motion de l’Assemblée générale de l’Association des étudiants de l’Université McGill

Lors de l’Assemblée générale (AG) Hiver 2016 de l’Association des étudiants de l’Université McGill (SSMU), le 22 février 2016, la motion visant à soutenir le BDS a été adoptée, avec 512 en faveur, 387 contre et 14 abstentions. Toutefois, lors de la ratification en ligne, la motion a été annulée, avec 2 819 (57 %) votes pour le Non, 2 119 (43 %) votes pour le Oui, et 348 (6,6 %) abstentions.
Nous allons déposer un recours en nous appuyant sur le fait qu’une campagne illégale a été menée pour appeler à voter contre la motion.

Merci à toutes et à tous pour votre soutien. La lutte n’est pas terminée.

(Présentation de BDS McGill après l’article).


Vote des étudiants de McGill en faveur de BDS

24 février | Karen Seidman pour Montreal Gazette | Traduction FM pour l’AURDIP

Des cris de joie ont retenti et des gens ont dansé lundi dernier, après que les étudiants de l’Université McGill ont appuyé une motion très controversée et source de discorde en faveur du Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS), ce qui constitue une première.

Il s’agissait du troisième vote en 18 mois pour la Société des étudiants de l’Université McGill (SSMU) portant sur ce mouvement polarisateur qui découle d’une déclaration publiée en Juillet 2005 – et signée par environ 100 organisations palestiniennes – appelant au boycott, au désinvestissement et à des sanctions contre Israël, à l’image des actions menées à l’encontre de l’apartheid d’Afrique du Sud dans les années 1980.

Cette motion, qui a engendré beaucoup de tensions sur le campus, est passée avec une forte marge de 512 contre 357, ce qui a surpris les militants des deux côtés du débat – bien que par ailleurs, les votants représentent une fraction des 30 000 étudiants de l’Université McGill.

Cette victoire du Réseau d’action BDS McGill offre un contraste frappant avec le message qu’a émis le Parlement canadien le même après-midi : les Libéraux du premier ministre Justin Trudeau ont massivement approuvé une motion du Parti conservateur condamnant les Canadiens qui font la promotion du mouvement BDS.

Cependant, on ne sait pas quelles pourraient être les retombées de cette motion adoptée par un vote de 229-51 (un seul membre du parti Libéral s’étant opposé), pourrait porter. De même, le vote tenu à l’université McGill devra être soumis à une ratification en ligne par l’ensemble de la population étudiante, ce qui pourrait changer les résultats, a déclaré le président de la SSMU, Kareem Ibrahim.

Et même si la motion est ratifiée, l’administration de McGill a déclaré qu’un vote à une assemblée générale SSMU n’entraîne pas pour l’université l’obligation d’envisager un changement de politique.

« Leurs discussions, les motions, et les votes ne touchent pas directement la politique universitaire », a déclaré le doyen des étudiants André Costopoulos dans une brève déclaration. La motion mentionne trois entreprises au sein des quelles McGill détient des placements et qui seraient visées par le BDS : La banque Mizrahi-Tefaho, L-3 Communications et la firme d’immobilier Re/Max.

Laura Khoury, membre du Réseau d’action BDS McGill – qui a présenté la motion visant à amener la SSMU à se joindre à des campagnes BDS ainsi qu’à désinvestir des entreprises « qui tirent profit de violations des droits humains des Palestiniens » –, déclare que le contraste entre le Parlement et les étudiants de McGill envoie un message fort.
« Cela en dit long sur un gouvernement qui essaie de faire taire les étudiants et cela montre que nous ne sommes pas d’accord avec ce qu’ils font », dit-elle dans une interview.

En outre, quelle que soit la position de l’Université McGill, ce vote est « symboliquement très important », a déclaré Lucas Snaije, un autre membre du Réseau d’action.

C’est une amère défaite pour le « Non », déclare l’organisatrice Aliza Saskin. Surprise par la longueur d’avance du « Oui », mais pas le résultat, elle rapporte une certaine colère contre la SSMU, laquelle « ne représente pas tous les étudiants sur le campus, même lorsque ses propres règlements appellent à la non-discrimination à l’encontre quiconque en fonction de ses origines culturelles ».

Le BDS suscite toujours des débats enflammés des deux côtés du débat et engendre des tensions sur le campus, les étudiants qui l’appuient disant qu’ils ne reculeront pas de se battre pour la justice sociale pour les Palestiniens, tandis que les étudiants juifs appellent qualifient cela d’antisémitisme masqué ne servant qu’à saper la légitimité de l’Etat d’Israël.

Près de 900 étudiants se sont déplacés lundi après-midi pour le débat et pour le vote, ce qui a exigé l’ouverture d’au moins quatre salles de débordement de la principale salle de bal de la SSMU. Beaucoup arboraient un keffieh, ce foulard noir et blanc devenu un symbole du nationalisme palestinien.

Les étudiants, qui disposaient d’une minute pour parler, ont fait la file pour avoir une possibilité d’exprimer pourquoi ils étaient pour ou contre le BDS, et ont finalement voté en faveur de la tenue d’un scrutin secret sur la motion proposée.

Une étudiant qui a aidé à rédiger la motion a imploré de camarades de ne pas en faire un débat sur le racisme. « Dans cette démarche, personne n’est raciste ou antisémite », a-t-elle dit.

Parmi les étudiants qui ont parlé à la Gazette de Montréal avant le vote, certains se disant encore indécis, étaient venus pour entendre les arguments. D’autres avaient déjà une position solidement établie.

L’étudiant en génie d’origine jordanienne Karim Khoury a dit qu’il espérer que la motion fera disparaître du campus le houmous Sabra. (Sabra, propriété conjointe de Strauss Group, une société alimentaire israélienne, et de PepsiCo, et a été prise pour cible par les partisans du BDS sur de nombreux campus.)

Malgré la tension le vote a provoqué sur le campus, l’étudiants en sciences cognitives Munema Moiz déclaré que c’était une question de justice sociale importante qui a des implications pratiques, pas seulement symboliques ».

Mais de son côté, l’étudiante en sciences politiques Rayna Lew dit que le débat fait ressortir le pire chez les gens. « Le climat que cela crée sur le campus est plutôt malsain, dit-elle. Ce n’est pas tout noir ou tout blanc ; ce problème est très complexe. »

« C’est une obligation morale que de se battre pour cette cause, affirme Laura, Palestinienne. Nous nous positionnons en solidarité avec des gens qui sont opprimés et humiliés quotidiennement. »

Mais pour sa part, Aliza Saskin estime que « Le BDS punit collectivement étudiants juifs et est intrinsèquement antisémite. »

Elle soutient que les étudiants du camp opposé, qui menait la campagne #enoughisenough, ont été drainés par les mouvements persistants de soutien au BDS. Et que les résultats sont encore plus choquants compte tenus de la position adoptée à la Chambre des communes. « Le gouvernement reconnaît à quel point ce débat nuit à la vie du campus », dit-elle.

Le vote de ratification aura lieu dans la semaine, selon Kareem Ibrahim.

kseidman[at]postmedia.ca

twitter.com/KSeidman


Qu’est-ce que BDS McGill ?

Le Réseau d’action BDS McGill est le fruit d’une préoccupation croissante chez les étudiants de McGill quant à la complicité de l’Université en ce qui concerne l’occupation israélienne de la Palestine et les violations constantes des droits humains des Palestiniens. McGill fournit cet appui sous la forme d’investissements dans des sociétés qui profitent de l’occupation ainsi que de liens avec des universités qui sont complices de crimes de guerre d’Israël.

BDS McGill est une campagne populaire menée par les étudiants de McGill en réponse à l’appel qu’a lancé en 2005 la société civile palestinienne au boycott, au désinvestissement et aux sanctions (BDS) contre Israël jusqu’à ce que celui-ci « respecte son obligation de reconnaître le droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination et se conforme pleinement aux préceptes du droit international en posant les gestes suivants :

  1. Mettre fin à l’occupation et à la colonisation de toutes les terres arabes conquises en 1967 et procéder au démantèlement du mur ;
  2. Reconnaître les droits fondamentaux des citoyens arabo-palestiniens d’Israël à une pleine égalité ;
  3. Respecter, protéger et promouvoir les droits des réfugiés palestiniens à revenir dans leurs maisons et propriétés tel que le stipule la résolution 194 de l’ONU. »

Motion de l’Assemblée générale de la SSMU

Lors de l’Assemblée générale (AG) Hiver 2016 de l’Association des étudiants de l’Université McGill (SSMU), le 22 février 2016, la motion visant à soutenir le BDS a été adoptée, avec 512 en faveur, 387 contre et 14 abstentions. Toutefois, lors de la ratification en ligne, la motion a été annulée, avec 2 819 (57 %) votes pour le Non, 2 119 (43 %) votes pour le Oui, et 348 (6,6 %) abstentions.

Nous allons déposer un recours en nous appuyant sur le fait qu’une campagne illégale a été menée pour appeler à voter contre la motion.

Merci à toutes et à tous pour votre soutien. La lutte n’est pas terminée.

Qui appuie BDS McGill ?

Les 21 organismes suivants liés à McGill appuient BDS McGill :
Community-University Talks (C-Uni-T), CKUT, Queer McGill, McGill Against Austerity,
NDP McGill, Contours: Voix de femmes en droit, Association of McGill University Support Employees (AMUSE), McGill Radical Law Student Community (RadLaw),
McGill Black Students’ Network (BSN), The Union for Gender Empowerment (UGE),
Quebec Public Interest Research Group (QPIRG) McGill, ECOLE, McGill Students for Feminisms, The Women of Color Collective of McGill Law, Feminist Collective of McGill Law, KANATA, Divest McGill, McGill Syrian Students’ Association,
Solidarity for Palestinian Human Rights (SPHR) McGill, Cinema Politica McGill,
Midnight Kitchen,

Cliquez ici pour lire les déclarations d’appui de ces divers groupes.