Voici ce qui a redéfini l’identité d’Israël globalement : l’industrie israélienne de l’armement en hausse après le génocide

Drop Site News a obtenu un enregistrement audio de la conférence sur les armes qui s’est tenue ce mois-ci à Tel Aviv.

Amiral (retraité) Michael S. Rogers, associé principal de Aurelius Capital, ancien directeur de l’Agence nationale étatsunienne de sécurité (NSA). États Unis

Boaz Lévy, président et directeur général d’Israel Aerospace Industries (IAI). Israël

Shlomo Toaff, vice-président exécutif et directeur général de la division de défense aérienne et de missiles de RAFAEL Advanced Defense Systems Ltd. Israël

Lors d’une récente conférence de technologie militaire à Tel Aviv, des entreprises d’armement israéliennes ont prononcé quelques-unes de leurs plus explicites remarques à ce jour, liant la valeur de leurs produits au test dans le monde réel de cette puissance de feu sur les Palestiniens de Gaza. Un enregistrement des commentaires de la conférence a été obtenu par Drop Site News ; il comprend des mots du président et PDG de Israel Aerospace Industries ainsi que de dirigeants d’Elbit Systems, de RAFAEL Advanced Defense Systems et d’autres. La conférence a été appelée DefenseTech Week (semaine de la Tech de Défense) et s’est tenue début décembre. Drop Site a partagé l’enregistrement audio avec des organes de presse indépendants du Brésil, d’Irlande, d’Australie et d’ailleurs ; ces organes vont procéder à leurs propres enquêtes.

L’industrie de l’armement israélienne a précédemment été critiquée pour sa propension à se vanter que ses produits sont « testés en laboratoire » sur des êtres humains sous occupation, en premier lieu par le journaliste australien Anthony Lowenstein. Son livre The Palestine Laboratory (La Palestine comme laboratoire), a été adapté l’année dernière dans un podcast de Drop Site.

Les commentaires récemment découverts suggèrent que, plutôt que d’avoir été contrée par une condamnation mondiale pour le génocide à Gaza, l’industrie nationale de l’armement s’en trouve enhardie. « La guerre à laquelle nous avons été confrontés au cours des deux dernières années permet à la plupart de nos produits de valoir pour le reste du monde » s’est vanté Boaz Lévy, le chef de l’industrie aérospatiale d’Israël (IAI) le premier jour de la conférence. « D’abord à Gaza puis en Iran et au Yémen, je dirais que beaucoup, beaucoup de ces articles d’IAI étaient présents ».

L’armée elle-même était bien représentée dans cette assemblée. Le Général de Division (à la retraite) Amir Baram, directeur général du ministère israélien de la défense, a aussi fait des commentaires le premier jour. « Ce ne sont pas des projets de laboratoires ou des concepts pour powerpoints a-t-il dit. « Ce sont des systèmes éprouvés au combat. Voilà ce que la technologie de la défense signifie en Israël et c’est ce qui a redéfini globalement l’identité d’Israël. Pendant des années, Israël était connu dans le monde comme une cyber nation. Aujourd’hui, nous avons évolué vers une véritable nation de technologie de la défense ».

Gili Drob-Heistein, le directeur général du centre de recherche interdisciplinaire Blavatnik a dit que les deux années de déploiement de la technologie de l’armement israélienne sur les Palestiniens ont aidé à la transition d’Israël « startup nation » vers un acteur mondial de l’industrie de la défense. » Israël est connu comme la startup nation et nous croyons que la technologie de la défense a le potentiel pour devenir la prochaine grosse locomotive économique pour Israël et au-delà » a-t-il dit. La position israélienne en tête de la technologie, alliée à l’intelligence, l’audace, la capacité à sortir des sentiers battus, continue à atteindre des résultats étonnants, comme nous l’avons vu récemment sur le champ de bataille lors d’une guerre qui nous a été imposée simultanément sur de multiples fronts. Nombre de technologies ont des applications à la fois militaires et civiles ».

Les données sur le commerce mondial des armes suggèrent que la vantardise de cette conférence reflète une véritable tendance de l’industrie israélienne de l’armement à croître, avec trois entreprises israéliennes d’armement dont les revenus combinés sur les armes s’élèvent de 16% pour atteindre 16,2 milliards de dollars (13,75 milliards d’euros), selon l’institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI). « La réaction croissante contre les actions d’Israël à Gaza semble avoir eu peu d’impact sur l’intérêt pour les armes israéliennes » a dit Zubaida Karim, chercheur du programme de SIPRI sur les dépenses militaires et la fabrication d’armement. Elbit Systems, l’entreprise israélienne d’armement qui est réputée avoir signé un contrat de plusieurs milliards avec les Émirats Arabes Unis, était aussi largement représentée à la conférence. Le vice-président exécutif, Yehoshua Yehuda  a vanté « les technologies prouvées au combat » qui ont permis de frapper des gens même lorsque « la cible mesure moins d’un pixel ».

Les EAU financent et arment les Forces de Soutien Rapide au Soudan, un groupe combattant qui mène une campagne de massacre de masse en passe d’éclipser le génocide à Gaza, si ce n’est déjà le cas. 

Les armes israéliennes jouent un rôle croissant dans les conflits mondiaux, a dit Lévy au public. « 80% de notre activité vont vraiment à l’export – seuls 20% de notre activité restent sur le marché israélien » a-t-il dit. « Je pense que tout ce que nous avons appris pendant cette guerre en Israël impacte les capacités futures de notre activité. Et actuellement, IAI a 27 milliards de dollars (23 milliards d’euros) de nouvelles commandes et vend pour quelque chose comme 7 milliards de dollars (5,94 milliards d’euros) chaque année ».

Au même moment, les fabricants d’armes ont reconnu qu’un boycott croissant représente une menace pour leur activité. « Je pense qu’Israël subit un boycott » a dit Shlomo Toaff, le vice-président exécutif et directeur général de la division des systèmes de défense aérienne et de missiles de RAFAEL Advanced Systems Ltd. « Nous avons vu cela au salon aéronautique de Paris en juin dernier où nous avons été fermés par les Français ».

« C’est quelque chose que nous devons prendre en compte quand nous parlons de ce que nous faisons ici dans cette industrie » a-t-il dit.

  • Photo : Les intervenants de la conférence sur l’armement ce mois-ci à Tel Aviv. Source : DefenseTech-Week.com