Une protection égale exige une attention égale

Une campagne lancée avant l’arrivée du président américain dans la région par des citoyens américains d’origine palestinienne, le 13 juillet 2002, au cours d’une conférence de presse au Centre Carter.

Avant l’arrivée du président Biden dans la région, nous saisissons cette occasion pour rappeler au gouvernement des Etats-Unis, particulièrement au Département d’Etat, que les Palestino-Américains s’attendent à ce que la protection de leurs droits et l’attention qui leur est portée en tant que citoyens des Etats-Unis soient égales à celles offertes aux autres citoyens des Etats-Unis ayant une double nationalité.

Le déni continuel du droit à l’auto-détermination du peuple palestinien par l’occupation israélienne sous son régime d’apartheid impacte aussi les citoyens américains et leurs droits à la vie, à la liberté et àla poursuite du bonheur. Ceux et celles d’entre nous qui ont vécu l’expérience de la vie sous occupation de première main apprécient les droits qui peuvent être pris pour acquis aux Etats-Unis, mais, comme l’histoire nous l’a enseigné, aucun de nous n’est vraiment libre tant que tous ne peuvent jouir des valeurs de liberté et d’égalité.

Nous ne nous attendions pas en tant que citoyens des Etats-Unis à ce que le Département d’Etat des Etats-Unis contribue au déni de ces droits en appliquant sa politique discrétionnaire d’engagement d’une manière discriminatoire qui fait que les Palestino-Américains s’interrogent sur la signification de mots tenus en si haute estime, qu’ils soient écrits dans la Constitution, dans la Déclaration des droits, dans des amendements ultérieurs ou sur le passeport de tout citoyen des Etats-Unis.

La liberté de certains peuples ne devrait pas se faire aux dépens et par l’oppression d’autres. De même la conviction envers des principes et des valeurs ne devrait pas être diluée en traversant d’une rive à une autre.

Malheureusement, c’est exactement ce que nous avons vécu quand il s’agit de la vie, de la liberté et des intérêts de propriété des Palestino-Américains dont les appels à action auprès du Département d’Etat des Etats-Unis sont tombés à plusieurs reprises dans l’oreille de sourds. Cela alors que les citoyens américains servant dans les forces d’occupation israéliennes et/ou résidant dans leurs colonies illégales jouent un rôle direct dans le déni de ces droits envers leurs concitoyens américains.

Les récents assassinats de Shireen Abu Akleh et d’Omar Assad ont servi à mettre en lumière le manque de volonté politique à traiter véritablement les plaintes des citoyens des Etats-Unis d’origine palestinienne et les appels de leurs familles à ce que des comptes soient rendus. De nombreux Palestino-Américians recçoivent leurs doses suivies de discrimination ; que ce soit par le déni d’accès à leur propriété en territoire palestinien, par le déni de l’unité familial, par le déni de voyage ou même la détention administrative et la torture endurée pendant.

En même temps, des entreprises américaines et des entités déductibles des impôts sont autorisées, et même encouragées, à soutenir l’entreprise de colonisation qui dévore les intérêts des Palestino-Américains, malgré la rhétorique politique de la condamnation. Cependant, les politiques contorsionnistes sous-jacentes à la nature discriminatoire de l’engagement du gouvernement des Etats-Unis ont non seulement un impact négatif sur les Palestino-Américains en territoire palestinien, mais dénient aussi des recettes fiscales indispensables et des opportunités d’investissement privé à l’intérieur des Etats-Unis aux dépens de tous ses citoyens.

L’administration des Etats-Unis et son Département d’Etat se sont montrés plus que capables d’attirer l’attention et de faire pression quand les citoyens des Etats-Unis sont confrontés à des violations des droits humains, que ce soit dans les cas d’Andrew Brunson et de Serkan Golge en Turquie, qui ont été emprisonnés et accusés à tort de terrorisme, ou des journalistes Danny Fenster au Myanmar et Brent Renaud en Ukraine, et de Baquer et Siamak Namazi en Iran. Ces cas parmi beaucoup d’autres montrent le double standard avec lequel le Département d’Etat des Etats-Unis traite ses citoyens quand ils sont d’origine palestinienne.

Nous ne sommes pas naïfs dans notre requête, ni ignorants de la réalité politique de la politique étrangère américaine.

Cependant, nous croyons véritablement non seulement que le silence face à l’injustice nous rend complices, mais aussi qu’avec le temps les effets de l’injustice dans une partie du système s’étendra finalement à tout le système dans son ensemble. Particulièrement quand la majuere partie du soutien du gouvernement des Etats-Unis à Israël, qu’il soit militaire ou financier, est utilisée pour violer les droits non seulement des Palestiniens, mais aussi des citoyens des Etats-Unis d’origine palestinienne. De même que la nature recherche l’équilibre, il est naturel que nous, Palestino-Américains, cherchions égales protection et attention de la part du Département d’Etat des Etats-Unis, non seulement pour nos propres intérêts, mais aussi pour les intérêts collectifs de tous les citoyens américains, à l’intérieur du territoire comme à l’étranger.

Donc, nous appelons notre gouvernement à faire ce qui suit  :

  • Offrir le même niveau de protection et d’intervention de la part du gouvernement des Etats-Unis pour les violations qu’Israël commet contre les citoyens des Etats-Unis d’origine palestinienne.
  • Demander au Bureau de l’Inspecteur général d’ouvrir une investigation sur la conduite du Département d’Etat, particulièrement sur l’ambassade des Etats-Unis en Israël et ses services consulaires. Cela inclut le traitement discriminatoire des citoyens des Etats-Unis d’origine palestinienne et l’échec constant à répondre de manière adéquate quand ils sont confrontés aux violations israéliennes contre des citoyens des Etats-Unis, dont, entre autres, les cas de torture, de mauvais traitements, d’attaques, de confiscations de terres, de déni d’entrée, de séparation familiale, de maltraitance des enfants et d’assassinats.
  • Demander au gouvernement des Etats-Unis d’enquêter sur les violations potentielles par Israël de lois des Etats-Unis existantes, dont la Loi relative à l’aide à l’étranger et la Loi sur le contrôle des exportations d’armes, et de mettre fin au financement des armes américaines à Israël, à cause du schéma régulier de graves violations de droits humains internationalement reconnus, dont de graves violations contre des citoyens des Etats-Unis.
  • Demander au Département du Trésor des Etats-Unis d’enquêter sur les organisations à but non lucratif de type 501(c)(3) qui financent des organisations de colons israéliens directement impliquées dans la dépossession des Palestiniens (dont certains citoyens des Etats-Unis) de leur terre et de leur droit au logement.