Une famille palestinienne parmi les dizaines de tués dans l’attaque israélienne contre la bande de Gaza

Au moins 32 Palestiniens ont été tués, cette semaine, par les frappes aériennes israéliennes sur le territoire palestinien occupé.

Mercredi, les avions de l’armée israélienne ont tué Raafat Ayyad et ses deux jeunes fils, Amir et Islam, devant leur maison dans la bande de Gaza, lors d’une attaque qui a fait plus de vingt morts palestiniens en deux jours.

Israël a déclenché une campagne aérienne contre Gaza après avoir commis, mardi matin, l’assassinat du commandant en chef du Jihad islamique, Bahaa Abu al-Ata, et de son épouse.

Le groupe armé a réagi en lançant des salves de roquettes sur Israël et en promettant de poursuivre ses attaques.

Ce sont au moins 32 Palestiniens qui ont été tués en deux jours de frappes aériennes israéliennes, selon des sources médicales locales, tandis que 71 autres, dont 30 enfants, ont été blessés.

Jeudi avant l’aube, une frappe sur Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, a tué six personnes, dont une femme et un enfant, rapporte Reuters citant des médecins locaux.

Mercredi, dans l’est de la bande de Gaza, Ayyad, un agriculteur de 54 ans, et Amir, 8 ans, avaient quitté leur ferme et étaient rentrés à moto quand ils se sont arrêtés, chez eux dans le quartier d’al-Tuffah, pour dire bonjour à Islam, 25 ans.

Quelques instants plus tard, une frappe aérienne tuait les membres de la famille d’Ayyad, devant leur maison.

Les corps d’autres victimes palestiniennes ont été transportés à l’hôpital Shiva à Gaza ville dans des taxis et des ambulances, indiquent des témoins.

Des proches se sont rassemblés devant les hôpitaux Quds et Shifa et on a pu en voir beaucoup pleurer et pousser des cris.

Ashraf al-Qudra, porte-parole du ministère de la Santé de Gaza, a affirmé que le ministère avait élevé son niveau de préparation dans les unités d’urgence et de soins intensifs depuis le début de l’opération militaire israélienne à Gaza.

« Notre personnel médical fait face à des cas difficiles, notamment de brûlures graves, de fractures complexes et de blessures profondes », a-t-il déclaré à MEE, ajoutant que la plupart des blessés souffraient de blessures modérées à graves.

Qudra accuse l’armée israélienne d’utiliser une force excessive dans ses attaques, évoquant les corps carbonisés et déchirés de plusieurs victimes.

Toutes les installations médicales du ministère, notamment les cliniques et les centres de soins, seront ouvertes durant cette période pour traiter ce que l’on craint être un grand nombre de victimes, dit Qudra.

Des médecins et des témoins affirment que la plupart des victimes sont des civils qui vivent dans des quartiers densément peuplés.

Les Palestiniens de la bande de Gaza ont eu à souffrir de trois guerres entre 2008 et 2014

En 2014, une campagne aérienne massive de l’armée israélienne contre Gaza a tué au moins 2220 Palestiniens, pour la plupart des civils, selon les Nations-Unies, et les habitants ne sont toujours pas remis des destructions considérables qu’Israël leur a infligées sur l’ensemble du territoire qu’il assiège.

Khalid Dader, 65 ans, dit ne pas vouloir que la campagne militaire israélienne s’intensifie encore. Les Palestiniens, dit-il, n’ont pas encore oublié les souffrances qu’Israël leur a infligées lors des précédentes offensives.

« Je pense que si l’occupation israélienne n’arrête pas ses frappes aériennes, la résistance palestinienne aura à utiliser tout ce qui est en son pouvoir pour la faire reculer » dit-il.

La médiation égyptienne

Mercredi, la Salle des opérations conjointes, une unité de coordination entre les branches militaires des différentes factions palestiniennes, a déclaré dans un communiqué qu’elles allaient continuer à tirer des roquettes sur des cibles israéliennes en représailles de l’assassinat d’Abu al-Ata.

« Nous ne laisserons pas Israël attaquer certaine faction palestinienne et rester immobile » affirme le communiqué.

Une source du mouvement Hamas, informée des discussions, a déclaré à Middle East Eye que les services de renseignements égyptiens tentaient depuis mardi matin d’arriver à une médiation pour mettre fin à l’escalade.

« Les Égyptiens ont fait passer un message d’Israël aux Palestiniens disant qu’Israël ne voulait pas aggraver la situation, et qu’Israël ne posait aucune autre condition que la fin des tirs de roquettes depuis la bande de Gaza » indique la source.

Mais aucun progrès n’a été constaté encore et les factions palestiniennes veulent une supervision internationale sur tout accord possible entre elles et Israël.

Saleh al-Naami, un analyste palestinien, a déclaré à MEE que le Hamas n’était pas intéressé par une guerre avec Israël.

« Le cessez-le-feu est entre les mains des médiateurs égyptiens, lesquels devraient exercer autant de pressions que possible pour faire cesser les tirs de roquettes palestiniennes et les frappes aériennes israéliennes.

« Israël n’a pas bien évalué la situation quand il a donné son feu vert pour que l’assassinat soit commis » ajoute Naami.

Plus tard ce mercredi, un porte-parole du Jihad islamique palestinien déclare qu’il fallait s’attendre à des « développements politiques importants ».

Lors d’un entretien accordé à Al-Mayadeen TV, le dirigeant du Jihad islamique, Zeyad al-Nakhala, affirme que le groupe a proposé des conditions pour un cessez-le-feu sous médiation égyptienne avec Israël, rapporte Reuters.

Nakhala précise que les termes incluent qu’Israël mette fin à ses assassinats ciblés et à ses réactions meurtrières face à la Marche du Retour hebdomadaire à Gaza, et qu’il prenne des mesures pour atténuer le blocus israélien sur l’enclave palestinienne.

Les Israéliens ont attaqué le domicile d’Abu al-Atta, 42 ans, commandant du groupe, et de son épouse, Asmaa, 39 ans, dans le nord de la bande de Gaza.

Le Jihad islamique a annoncé qu’Akram al-Ajouri, un membre de son bureau politique, avait bien survécu mardi à une attaque israélienne contre sa maison à Damas, capitale de la Syrie, mais que son fils et un certain nombre des membres de sa garde rapprochée avaient été tués.

Quelques heures après que l’armée israélienne eut annoncé qu’elle avait assassiné le commandant du Jihad islamique, le Premier ministre Benjamin Netanyahu déclarait qu’Israël ne voulait pas exacerber les tensions avec Gaza.

Mercredi, l’armée israélienne a renforcé ses troupes le long de la clôture de séparation avec Gaza, selon les médias israéliens.

Des centaines de réservistes ont été rappelées, notamment des membres des unités du Dôme de fer pour la défense antimissile, des services de renseignements militaires, et du Commandement du front intérieur.