Des avocats ont traité à peu près 300 incidents de « censure, punition, ou autres entraves aux défenseurs des droits des Palestiniens » relevés par les militants de la solidarité….
Des avocats ont traité à peu près 300 incidents de « censure, punition, ou autres entraves aux défenseurs des droits des Palestiniens » relevés par les militants de la solidarité Palestine sur plus de 65 campus des USA dans les derniers dix-huit mois.
Le groupe Palestine Legal et le Centre pour les droits constitutionnels (CCR) relatent en détail cette agression dans un rapport de 124 pages, « L’exception Palestine à la liberté d’expression : un mouvement soumis à une attaque aux États-Unis ».
« Avec le mouvement pour les droits des Palestiniens qui grandit aux USA, grandissent de pair les efforts concertés visant à réduire au silence toute critique d’Israël », déclare Radhika Sainath, avocate de Palestine Legal et coopérant avec le CCR.
Une vidéo se concentrant sur les étudiants et les membres du corps professoral qu’ils ont voulu faire taire, qui ont subi répression et intimidation, a également été publiée par Palestine Legal et CCR, et elle peut être visualisée ci-dessous.
Tactiques pour l’interdiction
Le rapport, le premier du genre, documente comment on interdit la défense de la Palestine aux USA et il identifie neuf tactiques distinctes que les organisations du lobby pro-Israël utilisent pour écraser le militantisme de solidarité avec la Palestine – spécialement sur les campus.
Les groupes affirment que 85 % des incidents que Palestine Legal a traités depuis 2014, ayant pour cibles des étudiants et des universitaires, « comprennent des plaintes sans aucun fondement juridique, des mesures disciplinaires administratives, des licenciements, des harcèlements et des fausses accusations de terrorisme et d’antisémitisme ».
De telles tactiques ont un effet dissuasif sur les prises de parole, indique le rapport. « Ces stratégies… (ont pour résultat) d’intimider ou dissuader les militants de la solidarité Palestine de s’exprimer. La crainte d’une punition ou d’un dommage dans la carrière dissuade de nombreux militants de s’engager dans des activités qui pourraient être perçues comme critiques d’Israël » indique le rapport.
Sainath a déclaré à The Electronic Intifada que « d’un certain côté, nous avons vu que la vie de personnes et leur réputation ont été détruites parce qu’elles s’étaient exprimés de façon critique à propos de la politique d’Israël – un exemple en est le professeur Steven Salaita, (dont l’histoire) est abordée dans le rapport ».
Salaita a été renvoyé de l’université de l’Illinois après avoir exprimé une critique de l’attaque d’Israël contre Gaza durant l’été 2014.
Des barrières bureaucratiques
Dans des cas liés à l’école, Sainath dit que l’une des tactiques d’interdiction est d’utiliser des barrières bureaucratiques. C’est le cas quand « les administrateurs dressent tous ces obstacles, rendant vraiment difficile pour les étudiants l’organisation d’initiatives pour soutenir les droits humains des Palestiniens » explique-t-elle.
« Ce sont des obstacles tels le coût de la sécurité pour les réunions, le réexamen des biographies et des tracts des orateurs – ceci peut être vraiment épuisant pour les étudiants, surtout pour les étudiants qui doivent aussi travailler à mi-temps en plus de leurs études. Cela rend vraiment difficile toute organisation ».
Malgré les différentes attaques et tentatives visant à dissuader de s’exprimer, Sainath déclare que les étudiants et les professeurs persistent à organiser des évènements et à prendre la parole.
« D’une certaine manière, d’après les personnes interrogées, cela a un petit effet contraire, où beaucoup de personnes… peuvent voir comment ceux qui s’expriment pour la justice en Palestine sont traités différemment et (elles se disent qu’) il pourrait bien y avoir quelque chose de pas normal ici », dit-elle.
Palestine Legal et le CCR envisagent d’adresser le rapport aux administrateurs des campus tout en encourageant les étudiants à le remettre aux responsables scolaires également.
De leur côté, les avocats et étudiants disent qu’ils s’attendent actuellement à un déploiement de tactiques traîtresses planifiées par les organisations du lobby pro-Israël. En début d’année, le méga-donateur du Parti républicain, Sheldon Adelson, avec Haim Saban, un milliardaire sympathisant du Parti démocrate, ont versé des dizaines de millions de dollars aux lobbies pro-Israël sur les campus, dans le but explicite de réprimer les organisations qui se fondent sur les droits de la Palestine.
« Une des choses qui nous préoccupent venant d’eux et qui se prépare, c’est une vague de lois anti-boycott », dit Sainath, « de même que des efforts accrus pour empêcher les étudiants d’introduire des référendums ou des résolutions pour les droits des Palestiniens ».
Mises à l’épreuve politiques
Aujourd’hui également, le groupe Une Voix juive pour la paix (JVP) publie un rapport de 79 pages, « Étouffer la dissidence : comment les défenseurs d’Israël utilisent de fausses accusations d’antisémitisme pour restreindre le débat sur Israël sur les campus ».
Il expose dans le détail les méthodes que les organisations du lobby pro-Israël utilisent pour étouffer le débat sur la Palestine. Il comprend également de nombreuses études de cas et de récits de discrimination dans l’emploi contre les professeurs américains qu’ils ont ciblés pour leurs opinions politiques sur Israël.
Tallie Ben-Daniel, coordinatrice du conseil consultatif universitaire pour JVP, a déclaré à The Electronic Intifada que le rapport part des inquiétudes liées au « climat de répression » qui entoure les expressions critiques d’Israël, spécialement après le licenciement de Salaita.
Ben-Daniel rapporte que les jeunes juifs « sont plus critiques de la politique de l’État d’Israël que jamais auparavant, et ils construisent des coalitions à travers leurs actions de solidarité avec la Palestine – et qu’ils sont réduits au silence par les organisations mêmes qui sont censées les représenter sur les campus ».
Une section du rapport de JVP « décrit comment les étudiants juifs sont soumis à une mise à l’épreuve politique sur Israël avant de pouvoir participer à la vie institutionnelle juive sur les campus ».
Des organisations, comme Hillel, souligne JVP, exigent que leurs membres se conforment aux lignes directrices qui leur interdisent de coparrainer ou de soutenir des initiatives avec une expression critique de la politique israélienne et qui soutiennent la campagne de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) sous direction palestinienne.
Ben-Daniel ajoute que le rapport du JVP « n’évoque que les cas ayant attiré une attention nationale – il existe un nombre incalculable d’étudiants juifs qui, selon toute probabilité, ne peuvent participer à la vie juive institutionnelle des campus à cause de cette mise à l’épreuve ».
Pour JVP, le rapport vise à éduquer et à fournir des ressources aux étudiants comme aux enseignants qui pourraient faire l’objet de répression ou que l’on chercheraient à réduire au silence sur les campus et dans les classes.