Un professeur du MIT renonce à une subvention de l’armée israélienne sous la pression des étudiants

« Cette concession montre que les campagnes des étudiants ont effectivement une influence », a dit une étudiante. « De tels liens ne peuvent survivre à la transparence. »

Des militants étudiants pro-Palestine de tout le pays ont lutté pour que leurs universités répondent aux pressions demandant qu’elles se désinvestissent d’Israël et de son complexe militaro-industriel.

Donc quand un professeur du Massachusetts Institute of Technology (MIT) a renoncé à une subvention de l’armée israélienne après avoir entendu la réaction des étudiants protestant contre le génocide en cours à Gaza, la nouvelle a été particulièrement bien accueillie.

« C’est l’un des rares cas où nous savons que le militantisme étudiant et la pression publique ont directement conduit à couper un lien israélien, sans parler d’une collaboration avec son armée génocidaire », a dit Mila Halgren, post-doctorante associée au MIT. (L’université n’a pas répondu à une demande de commentaires.)

Le MIT a fait l’objet d’examens internes et publics à propos de recherches sur la technologie de la guerre, sponsorisées par Israël, qu’il conduit. En juillet dernier, les Nations Unies ont condamné l’université parce qu’elle mène « des recherches sur l’armement et la surveillance subventionnées par le ministère israélien de la Défense — la seule recherche financée par une armée étrangère dans tout l’Institut ».

Cette recherche incluait des projets sur le contrôle des essaims de drones — une technologie que l’armée israélienne a utilisée pendant son siège de Gaza —, sur des algorithmes de poursuite et sur la surveillance sous-marine.

Markus Buehler, professeur au département d’ingénierie civile, a renoncé à un financement, plus tôt cet été, peu après qu’un groupe d’étudiants pro-Palestine l’a rendu public sur Instagram.

« Cette concession montre que les campagnes étudiantes ont vraiment une influence », a dit Halgren. « Cela montre aussi que de tels liens ne peuvent survivre à la transparence et à la prise de conscience du public. L’action étudiante n’est pas sans importance, malgré une répression accrue, il est plus important que jamais de résister au génocide ».

Dissimuler la piste de l’argent

Le MIT a dit que ses propositions ne sont pas confidentielles et qu’il ne permet pas aux financeurs de les garder secrètes. Cependant, lorsque les étudiants ont attiré l’attention du public sur les antécédents de l’université dans le développement de technologies de guerre pour Israël, l’université a rendu cette information opaque, a dit Halgren.

Les étudiants ont utilisé la banque de données interne des subventions de l’université pour identifier de nouveaux contrats avec le ministère israélien de la Défense plus tôt cette année et ils ont publié un rapport portant sur plus de 3, 7 millions de dollars (3, 2 millions d’euros) dépensés par l’armée israélienne dans la recherche sur du matériel de guerre et de surveillance. (Les Nations Unions ont mentionné plusieurs de ces projets dans leur rapport de cet été, critiquant le MIT parce qu’il mène des recherches pour l’armée israélienne pendant le génocide en cours.)

Aprè§s la publication du rapport des étudiants, l’université a ajouté de nouvelles restrictions sur l’accès aux données, a rapporté The Intercept auparavant.

En juillet, des étudiants ont trouvé une faille et ont identifié d’autres contrats sponsorisés par l’armée israélienne, dont celui de Buehler. L’université a répondu en ajoutant des restrictions supplémentaires à la banque de données et un avertissement selon lequel un accès non autorisé pourrait conduire à une action disciplinaire. Le mois dernier, la police de l’université a émis une ordonnance pour intrusion criminelle contre à un enseignant et un ancien étudiant, citant leurs accès non autorisés aux données en juillet et août.

L’université a aussi cessé de rendre publics les noms des sponsors de ses recherches plus tôt dans l’année. Le MIT a retiré son « Livre brun » qui documentait ses recherches sponsorisées, et a dit qu’il ne le publierait plus dorénavant. À l’époque, un porte-parole du MIT a déclaré que l’université ôtait ses rapports pour rendre ses pratiques de rapport financier concordantes avec les demandes fédérales et les divulgations « typiques », a rapporté The Tech, le journal des étudiants du MIT.

« Parce que ces liens à l’armée israélienne ont été rendus publics, le MIT a fermé l’accès à ces deux banques de données sur les subventions », a dit Halgren. « Il n’y a plus de sources maintenant pour que les membres de la communauté du MIT voient qui finance les recherches de notre université. »

Les étudiants du MIT protestant contre le génocide à Gaza ont appelé l’université à arrêter les recherches financées par l’armée israélienne, depuis les manifestations sur le campus au printemps dernier.

La présidente du MIT Sally Kornbluth a dit dans une déclaration en juillet que les chercheurs de l’université travaillant sur des projets subventionnés par l’armée israélienne avaient été confrontés à « des déformations délibérées » de leur travail. Dans une déclaration défendant un professeur nommé dans le rapport comme menant des recherches subventionnées par les Israéliens sur la défense et la surveillance, Kornbluth a écrit que les suggestions que ses recherches étaient conçues pour le conflit étaient « inexactes ».

Si le MIT a coupé ses liens avec d’autres pays quand les partenariats soulevaient des inquiétudes à propos des droits humains, l’université a dit avoir « des raisons impérieuses » de ne pas couper ses liens avec l’armée israélienne.

« Un contrat a été abandonné, mais nous n’arrêterons pas avant que le MIT n’annonce un arrêt complet des recherches pour l’armée israélienne », a dit Halgren. « En tant qu’école de science militaire, les étudiants et le personnel du MIT ont une responsabilité unique pour résister à la machine de guerre américano-israélienne et  éviter des violences encore plus horribles en Palestine. »