Après avoir diffusé sur notre page Facebook une déclaration de solidarité avec la campagne récemment lancée de Boycott, Désinvestissement et Sanctions, nous, Barnard-Columbia Socialists, nous sommes retrouvés victimes d’une évidente….
Après avoir diffusé sur notre page Facebook une déclaration de solidarité avec la campagne récemment lancée de Boycott, Désinvestissement et Sanctions, nous, Barnard-Columbia Socialists, nous sommes retrouvés victimes d’une évidente campagne d’intimidation lancée par les étudiants pro-Israël. Quelle est la raison apparente de ces attaques ? D’avoir inclus le chant populaire palestinien, « Longue Vie à l’Intifada », dans l’un de nos messages Facebook.
Le 22 février, Spectator a publié une contribution d’Amalia Reich. Celle-ci y déclare que notre statut Facebook lui a donné le sentiment d’être « exposée et sans protection » et que nos déclarations « n’ont été qu’à un doigt de conduire vraiment (à la violence) ». Depuis lors, les groupes pro-Israël sur le campus, tels ceux des Étudiants soutenant Israël et d’Aryeh, l’association des étudiants de Columbia pour Israël, ont fait équipe avec leurs bailleurs nationaux dotés de gros moyens financiers pour dépeindre notre solidarité avec la lutte palestinienne de libération comme un appel à la violence, au terrorisme, et à l’antisémitisme. Une pétition signée par 600 étudiants, anciens élèves, et membres du corps enseignant a également été publiée, nous accusant d’ « incitation malveillante » et affirmant que notre point de vue sur la lutte palestinienne « devait être considéré comme indésirable au sein de nos expressions sur le campus ».
Mais ces derniers jours, cette attaque est passée d’une campagne médiatique diffamatoire à une action sur le terrain administratif. Nous avons été informés lundi que plus de 60 étudiants avaient coordonné un dépôt de plaintes auprès de l’administration, prétendant que notre message constituait une menace de violence contre les étudiants pro-Israël du campus.
Pour être clair, ces allégations sont totalement inexactes. Notre déclaration n’a été ni un appel à la violence, ni une approbation de la violence. L’insistance de Reich à dire que le mot arabe « intifada » signifie « soulèvement armé », et qu’il constitue un appel à la violence, ne repose sur aucune réalité mais sur des stéréotypes racistes du monde arabophone. Le sens littéral du mot « intifada » est en réalité « soubresaut » ou « se débarrasser de », même s’il est communément compris pour signifier « soulèvement ». Que leur obsession de la violence palestinienne les ait amenés à déformer le sens de ce mot est un témoignage du racisme sioniste.
Nous croyons que la véritable intention de ces plaintes et fausses déclarations est d’étouffer la libre expression des idées sur le campus – et, en particulier, de marginaliser et faire pression sur quiconque adopte une position en solidarité avec la lutte palestinienne. Ce n’est pas spécifique à notre campus. Le groupe Palestine Legal, en coopération avec le Centre pour les droits constitutionnels, relate en détail ce qu’il a appelé « L’exception Palestine à la liberté d’expression » après avoir reçu des centaines de plaintes d’étudiants et universitaires indiquant une tendance à la censure, à la restriction, et à des sanctions contre ceux qui défendent les droits des Palestiniens. Et « le dépôt de ces accusations fausses et incendiaires d’antisémitisme et de soutien au terrorisme » est l’une des tactiques que Palestine Legal a vu se déployer à plusieurs reprises.
Alors qu’il faut s’attendre à une tentative des étudiants sionistes pour salir l’appel qui grandit pour le désinvestissement de l’apartheid israélien (BDS), nous sommes vraiment préoccupés par le fait que l’administration de Columbia est incapable de défendre notre droit fondamental à la liberté d’expression. Lundi, nous avons été informés que nous ferions l’objet d’une enquête par le Bureau de la sécurité publique avec, comme prétexte, que la politique de Columbia est d’enquêter sur toutes les plaintes suite à une conduite violente ou menaçante. Notre conseiller nous a assuré que cette enquête était en train de se terminer et qu’elle avait conclu au non-fondement des allégations. Mais depuis la publication de cette contribution, nous n’avons toujours pas été contactés par la Sécurité publique, ni informés de la possibilité d’une enquête quelconque ou si nos libertés individuelles, le cas échéant, nous étaient ou nous seront accordées. Même notre conseiller n’a pu nous informer sur qui avait enquêté, ni quelle surveillance avait été effectuée.
Tous les étudiants et professeurs à Columbia, indépendamment de leur propre position politique, devraient être alarmés par la conduite de l’administration et par ce qu’elle signifie. Nous croyons qu’il est de la responsabilité de l’université d’enquêter sur les véritables menaces de violence, nous avons connu de ces réelles menaces sur notre campus, depuis des nœuds coulants accrochés à la porte d’un professeur afro-américain, à une alerte à la bombe dirigée contre la Semaine contre l’apartheid israélien de l’année dernière. Cependant, il est aussi, et au même niveau, de la responsabilité de l’université de protéger ses étudiants et professeurs contre les agressions injustifiées en droit et calomnieuses.
Ceci est particulièrement vrai quand ces attaques sont dirigées contre des groupes qui sont déjà vulnérables, comme c’est le cas pour les étudiants palestiniens, musulmans et arabes. On nous a dit que la Sécurité publique pouvait transmettre tout matériel trouvé lors de son enquête – nous le redisons, la possibilité de l’enquête et les droits dans le cadre desquels nous agissons ne sont pas connus – au Département de la police de New York (NYPD). C’est ce même NYPD qui, il y a seulement quelques années, a révélé s’être livré à un espionnage systématique des Arabes et des musulmans à Columbia. Imaginez à quel point cela a été une pression sur l’ensemble de nos membres, et tout particulièrement sur nos membres palestiniens comme sur nos amis arabes et musulmans.
La vérité, c’est que ces évènements ne sont que les plus récents d’un long passé de réductions au silence du discours de solidarité palestinienne à Columbia. Jusqu’à sa mort en 2003, le professeur Edward Saïd a été la cible d’attaques fréquentes et totalement dénuées de fondement qui l’étiquetaient comme antisémite et exigeaient son renvoi. À son crédit, l’administration de Columbia a défendu Saïd ; cependant, elle n’a pas été aussi prompte à venir en aide au professeur Joseph Massad qui enseigne actuellement à Columbia, quand David Project, un groupe de défense d’Israël doté de plusieurs millions de dollars, a lancé une chasse aux sorcières pendant de longues années contre lui, basée sur les allégations non fondées qu’il était antisémite et avait des préjugés contre les étudiants pro-Israël. Même après qu’une commission d’enquête soutenue par l’université eut apporté la preuve de l’inexactitude de ces allégations, la titularisation de Massad s’est fait attendre plusieurs années, en dépit d’un bilan d’enseignement élogieux et d’une érudition hautement respectée dans son domaine.
Même ces toutes dernières années, les militants de la solidarité palestinienne à Columbia ont continué de n’avoir qu’une liberté d’expression entravée par les groupes sionistes sur le campus, et aussi par l’administration de l’université. Il y a tout juste deux ans, l’administration Barnard a fait enlever une banderole acceptée par l’université disant « Défendre la justice, défendre la Palestine », et cela suite à des attaques presque identiques à celles auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui, qualifiant les propos de la banderole de « menaçants ».
C’est dans ce contexte que nous devons comprendre l’attaque la plus récente des forces pro-Israël contre le droit des Palestiniens et de leurs alliés à se faire entendre. Que ce soit en arrachant systématiquement les tracts, en publiant en ligne des profils de militants individuels sur des listes noires racistes, ou en harcelant sans arrêt sur le campus les étudiants qui osent évoquer les droits humains des Palestiniens dans leurs vie quotidienne, ces groupes pro-Israël se sont montrés beaucoup plus intéressés par le déni de la liberté d’expression de ceux qui soutiennent la Palestine, que par une contestation de notre analyse de l’apartheid israélien.