Que peut-on faire pour sauver les habitants de Gaza?

La bande de Gaza est un petit bout de terre – d’à peine 362 km2 (225 miles2) – où résident actuellement environ 1,8 millions de Palestiniens. Il y a là….

La bande de Gaza est un petit bout de terre – d’à peine 362 km2 (225 miles2) – où résident actuellement environ 1,8 millions de Palestiniens. Il y a là une des plus fortes densités au monde et le taux augmente sans arrêt. La projection à 2020 est de 2,1 millions d’habitants.

Prise en sandwich entre Israël, l’Égypte et la mer Méditerranée, Gaza a été ravagée par de multiples guerres et un blocus économique continuel au cours de la dernière décennie. Cela a eu des conséquences majeures. Un nouveau rapport de la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED) avertit que Gaza pourrait devenir inhabitable en 2020 si les tendances économiques et démographiques actuelles se poursuivent.

Le rapport évoque le « dé-développement » de Gaza. Ce terme est assez explicite en soi. Il décrit un processus dans lequel le développement est fortement inversé, et non simplement entravé. C’est le résultat de huit ans de blocus d’Israël et de l’Égypte, engagé après la prise de contrôle de Gaza par le Hamas en 2007, mais c’est aussi causé par les trois guerres qu’Israël a mené sur l’enclave depuis six ans. Les deux éléments s’alimentent mutuellement : le blocus empêche l’entrée des matériaux de construction de base nécessaires à la reconstruction post-conflit.

Le rapport montre que le blocus a « ravagé les infrastructures déjà affaiblies de Gaza, anéanti ses bases productives, n’a pas donné la possibilité d’une reconstruction significative ni d’une reprise économique et a appauvri la population palestinienne de Gaza, ramenant leur niveau de vie économique plus bas que celui des deux décennies précédentes ». Un autre problème majeur, pesant sur le développement économique, est la faiblesse de la gouvernance de l’administration du Hamas.

La guerre la plus récente, à l’été 2014, a eu des effets en profondeur. L’offensive israélienne sur Gaza a fait plus de 2 260 morts parmi les Palestiniens, plus de 11 000 blessés et environ 500 000 personnes déplacées, dont 100 000 toujours sans abri. Plus de 18 000 bâtiments ont été détruits, dont des maisons d’habitation, des hôpitaux et d’autres services. Les infrastructures ont gravement souffert : ce sont jusqu’à 247 usines et 300 centres commerciaux qui ont été partiellement ou totalement détruits. La seule centrale électrique de Gaza a subi des dommages importants. Globalement, le PNB du territoire a baissé de 15% en 2014 et le chômage a atteint un taux record de 44% ; le plus fort taux qui soit au monde.

Le système économique n’était pas équipé de manière à faire face à des destructions à une telle échelle ; la guerre a aggravé une situation socioéconomique déjà dramatique. Selon le rapport, la guerre de 2014 a « éliminé ce qui restait de la classe moyenne, repoussant la presque totalité de la population dans un état de misère et et de dépendance vis-à-vis de l’aide humanitaire internationale ». Aujourd’hui, 72% des ménages de Gaza sont en insécurité alimentaire. Moins de 2% des matériaux de construction nécessaires à la reconstruction ont été autorisés à entrer à Gaza depuis que la guerre a cessé, il y a plus d’un an.

Ce n’est pas la première fois que les Nations Unies mettent en lumière le processus de dé-développement de Gaza. Cette question a été évoquée après chacune des trois guerres à Gaza des six dernières années. On notera qu’en 2012 l’UNWRA a averti que Gaza deviendrait invivable en 2020, à cause des limitations à la fourniture d’eau et d’électricité. Le rapport de cette semaine, donnant les mêmes prévisions qui ne laissent pas d’espoir, prend la suite des signaux d’alarme d’autres institutions internationales. En mai, la Banque mondiale a déclaré que les blocus d’Israël et de l’Égypte, conjugués à la guerre et à la piètre gouvernance, étaient en train d’étrangler l’économie de Gaza.

Les problèmes sont donc bien documentés. Mais que peut-on faire ? Le rapport avance que l’aide des donateurs internationaux reste essentielle mais que là n’est pas la réponse : « Insuffisante pour mettre fin au blocus, l’aide des donateurs… n’inversera pas le dé-développement ni l’appauvrissement à l’œuvre à Gaza ». Mais on ne voit que peu, sinon pas du tout, de pression internationale significative sur Israël ou sur l’Égypte pour mettre fin au blocus. Le rapport est sorti alors que les bulldozers militaires égyptiens poursuivaient le projet de remplir d’eau la zone frontalière entre l’Égypte et Gaza, de manière à inonder les derniers restes de tunnels de contrebande transfrontaliers. L’Égypte avait déjà fait exploser de nombreux tunnels utilisés pour transporter des armes – mais aussi des biens de consommation et des fournitures de base. Ils étaient la bouée de sauvetage de la bande de Gaza.

Il n’y a aucune certitude sur l’efficacité du blocus. Au début du mois, un rapport de l’International Crisis Group a avancé que « la politique consistant à isoler le Hamas et à exercer le blocus sur Gaza n’a pas produit d‘accord politique ni n’a délogé le Hamas. Il n’y a pas de raison de penser que sa poursuite y parviendra ».

De nombreux rapports ont souligné l’urgence croissante à Gaza, alors que la réalité quotidienne continue d’empirer. Le revenu par habitant se situe actuellement à 31% en dessous de son niveau de 1994, l’année où Yasser Arafat a signé les accords d’Oslo. Aujourd’hui, les conditions de vie à Gaza sont les pires depuis la première occupation par Israël en 1967. Le fait que la situation des citoyens de Gaza soit terrible ne fait pas débat. La question est : que peut-on y faire ?