Parallèlement à son agression, Israël ferme les points de passages avec Gaza : Al Mezan met en garde contre une potentielle grave détérioration de la situation humanitaire

Mardi 9 mai 2023, à l’aube, Israël a lancé plusieurs attaques contre la bande de Gaza. Selon les éléments recueillis par Al Mezan, les attaques israéliennes ont tué 15 Palestiniens,….

Mardi 9 mai 2023, à l’aube, Israël a lancé plusieurs attaques contre la bande de Gaza. Selon les éléments recueillis par Al Mezan, les attaques israéliennes ont tué 15 Palestiniens, dont quatre enfants et quatre femmes, et en ont blessé 20 autres. Toutes ces personnes dormaient chez elles lorsqu’elles ont été tuées ou blessées.

Parallèlement à son agression, Israël a encore renforcé ses mesures illégitimes de bouclage de Gaza en fermant les points de passages d’Erez et de Kerem Shalom[[Ndt: Ce point de passage est appelé « Karem Abu Salem » par les Palestiniens]]. Si le bouclage complet de Gaza par Israël continue, cela aggravera les conditions de vie et la situation humanitaire déjà très dures des habitants palestiniens de la Bande de Gaza, au nombre de plus de deux millions. Al Mezan rappelle que plus de 64 pour cent des foyers de Gaza subissent l’insécurité alimentaire, 40,65 pour cent de ces foyers souffrant d’une grave insécurité alimentaire.

La fermeture d’Erez, seul point de passage entre Gaza et Israël accessible aux piétons, prive des centaines de patients de tout accès aux hôpitaux de Cisjordanie y compris Jérusalem-Est, d’Israël, ou d’autres pays — sont particulièrement concernées les personnes atteintes de maladies graves, qui ont un besoin vital de traitements médicaux non disponibles à Gaza en raison du bouclage infligé par Israël. Le ministère palestinien de la Santé a précisé en avril 2023 que 255 médicaments (43 pour cent de la liste de produits essentiels) et 165 produits médicaux à usage unique (19 pour cent de la liste de produits essentiels) étaient absents des stocks, dont 27 des 63 médicaments essentiels de traitement du cancer et des maladies du sang, sept autres articles ne comptant qu’un à trois mois de réserves. Il faut noter que les autorités israéliennes interdisent depuis 18 mois consécutifs l’entrée à Gaza d’appareils de diagnostic.

De surcroît, la fermeture de Karem Abu Salem, seul point de passage commercial entre Gaza et Israël, aura un impact sur l’approvisionnement en carburant, en particulier celui qui est destiné au fonctionnement de la seule centrale électrique de Gaza. Les coupures d’électricité affecteraient les soins dispensés dans les hôpitaux, le travail municipal, l’accès à l’eau potable, et d’autres services d’importance vitale, et causeraient une crise humanitaire catastrophique.

L’escalade récente de la violence de la part d’Israël et le renforcement des mesures de fermeture surviennent à un moment où la Bande de Gaza subit un manque grave de services de base et n’est pas préparée à faire face à un accroissement du nombre de blessés et à une détérioration des réseaux d’énergie et d’eau. Alors qu’Israël poursuit son bouclage de la Bande de Gaza pour la 16e année consécutive, et que les conditions de chômage et de pauvreté s’aggravent, le soutien international et l’assistance apportée par l’ONU se réduisent. Tout récemment, le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé qu’il allait devoir suspendre son assistance à plus de 200 000 Palestiniens—60 pour cent de ses bénéficiaires—dès le 1er juin 2023 en raison d’un manque de financement.

Al Mezan exprime de nouveau sa totale condamnation de l’agression israélienne contre Gaza et de la fermeture complète des points de passage, qui constituent deux exemples du mépris total d’Israël pour le droit international humanitaire et relatif aux droits humains et pour ses devoirs de puissance occupante.

En conséquence, Al Mezan demande à la communauté internationale de remplir ses obligations relevant de la morale et du droit à l’égard du peuple palestinien, d’intervenir rapidement et d’exiger sans ambigüité la réouverture par Israël des points de passage d’Erez et de Kerem Shalom, et la levée sans délai du bouclage et du blocus de Gaza, en vigueur depuis 16 ans. Nous insistons aussi de nouveau sur la nécessité de mettre en œuvre les mécanismes internationaux de reddition de comptes et de poursuivre les personnes soupçonnées d’avoir commis des crimes internationaux, notamment des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, y compris le crime d’apartheid.

Enfin, Al Mezan demande aussi à la communauté internationale de continuer à financer et à soutenir le PAM, l’UNRWA et les autres organisations de secours et d’assistance humanitaire contribuant à la subsistance des centaines de milliers de Palestiniens de Gaza.

Le Centre Al Mezan pour les droits humains (Al Mezan Center for Human Rights) est une organisation indépendante, non partisane, non gouvernementale de défense des droits humains, basée dans la Bande de Gaza.