Après avoir reçu le Prix Gandhi à Yale dimanche, Omar Barghouti s’est rendu à New York pour deux rencontres publiques sur le mouvement BDS. La première, organisée par Une Voix….
Après avoir reçu le Prix Gandhi à Yale dimanche, Omar Barghouti s’est rendu à New York pour deux rencontres publiques sur le mouvement BDS. La première, organisée par Une Voix juive pour la paix, Se Désinvestir de l’apartheid-université de Columbia, et Étudiants pour la justice en Palestine-université de Columbia qui était une rencontre débat, s’est tenue à la faculté Barnard, intitulée « La route vers la liberté : le mouvement BDS pour les droits des Palestiniens et la lutte contre l’apartheid ». Barghouti était sur la scène avec Rebecca Vilkomerson, directrice exécutive de Une Voix juive pour la paix, et Premilla Nadasen, professeur d’histoire à Barnard.
Bien qu’il ne soit plus revenu souvent à New York depuis l’obtention de son diplôme d’ingénieur à Columbia, le visage de Barghouti est toujours familier sur les campus universitaires aux États-Unis. La foule, constituée principalement d’étudiants de Barnard et Columbia, a commencé par l’acclamer alors qu’il montait sur scène, et il a reçu deux ovations, salle debout, avant la fin de la soirée. L’administration Barnard, se disant préoccupée par de possibles troubles publics – apparemment après avoir lu un article sur l’évènement sur le site d’extrême droite Breitbart ! – a décidé à la dernière minute de limiter l’assistance aux détenteurs de la carte d’identité de Columbia (et de Barnard), et a autorisé la réservation de 50 places pour l’extérieur. Les organisateurs ont perçu ces restrictions comme une forme de censure ; néanmoins, quasiment toutes les 200 places de l’auditorium ont été occupées, et une poignée de partisans d’Israël s’est tenue dans le fond de la salle, brandissant par moment des pancartes sur lesquelles on pouvait lire, écrits à la main, « FAUX », « MENSONGES », et « ANTISÉMITISME ».
Le professeur Nadasen est née en Afrique du Sud et elle a parlé de son enfance sous l’apartheid, de son militantisme anti-apartheid alors qu’elle était étudiante à l’université du Michigan, et de son engagement actuel dans le mouvement de solidarité avec la Palestine. Vilkomerson a consacré une grande partie de sa présentation à la place de la Palestine dans le mouvement de masse survenu en réaction à la présidence de Trump. Barghouti a commencé son intervention en expliquant les raisons qu’il avait d’espérer : quand il était étudiant à Columbia, il ne croyait pas qu’il verrait de son vivant la fin de l’apartheid sud-africain, mais il considérait que son devoir moral était de manifester. Et l’apartheid sud-africain a pris fin. Dans le reste de sa présentation, il a évoqué les développements récents dans le mouvement BDS – notamment le vote la semaine dernière du Conseil municipal de Barcelone – et il a dépeint le BDS comme une branche de la lutte internationale à long terme pour les droits en tant qu’êtres humains, et pour le respect du droit international.
Il y a bien eu quelques questions hostiles à monter du fond de la salle. Barghouti les avait manifestement entendues bien des fois auparavant, et ses réponses ont été si claires et décisives que je n’ai pu m’empêcher de me demander pourquoi les manifestants s’étaient donné la peine de les poser. J’avais vu Barghouti et Vilkomerson à New York lors d’un évènement il y a deux ans. Alors, comme aujourd’hui, la réaction de l’assistance avait été extraordinairement favorable, mais j’ai eu le sentiment que cette année, ils s’exprimaient avec une plus grande confiance, sentant que l’opinion publique était de plus en plus de leur côté. Et sur les campus des facultés aux États-Unis, et parmi la jeune génération des Américains juifs, c’était indubitablement le cas.
La tournée des conférences de Barghouti va le conduire à Verso Books à Brooklyn ce soir, 25 avril. Il interviendra aussi à l’université de Harvard et à Wasghington DC, avant de rentrer en Palestine.
Michael Harris
Professeur aux universités Paris-Diderot et Columbia
Secrétaire de l’AURDIP