L’Humanité | 19 juillet 2012 | Les élèves de l’école de musique de Ramallah devaient se produire avec le chef Diego Masson mais ils n’ont pas reçu d’autorisation. Personne ne….
L’Humanité | 19 juillet 2012 |
Les élèves de l’école de musique de Ramallah devaient se produire avec le chef Diego Masson mais ils n’ont pas reçu d’autorisation.
Personne ne doute que la musique non seulement adoucit les mœurs mais se trouve être un vecteur de paix. Personne sauf peut-être les autorités israéliennes. Le chef d’orchestre français Diego Masson vient d’en faire le constat. Depuis plus d’un an maintenant il collabore – comme nombre d’autres musiciens étrangers – à l’école de musique al-Kamandjati de Ramallah « par solidarité avec les Palestiniens ». Un conservatoire qui forme des jeunes Palestiniens à la musique classique aussi bien qu’à la musique arabe. Signe du niveau de cette école, un orchestre est formé une fois par an avec les professeurs étrangers et palestiniens, des musiciens invités et les élèves capables de jouer dans un orchestre symphonique de type occidental. L’an dernier, le dispositif avait très bien fonctionné et l’orchestre éphémère s’était produit à Ramallah et à Jérusalem. Fort de cette expérience au cours de laquelle il avait dirigé, notamment, la Deuxième Symphonie de Beethoven, Diego Masson avait, cette année, mis au programme la Troisième Symphonie. Comme une continuité. Une façon d’installer le rendez-vous. L’orchestre devait se produire sur le parvis de l’église Sainte-Anne, dans la vieille ville de Jérusalem. Mais, sur les quarante-cinq musiciens, vingt-deux étaient des Palestiniens de Cisjordanie. En vertu des lois d’occupation, ils avaient donc besoin d’un laissez-passer pour se rendre dans la Ville sainte. « Le matin du concert, j’ai reçu un coup de téléphone m’informant que les jeunes musiciens palestiniens n’avaient pas obtenu l’autorisation des Israéliens pour venir à Jérusalem », raconte Diego Masson à l’Humanité. Pour le chef, pas question de modifier quoi que ce soit pour jouer en formation restreinte. Le public a été informé de la situation en arabe, en français et en anglais. Et pendant cinq minutes, quelques notes de musique ont survolé Jérusalem-Est occupée. Ces notes se moquaient des autorisations israéliennes.
P. B.