Mahmoud Khalil libéré après plus de trois mois de détention ICE

Un diplômé de Columbia libéré d’une prison de Louisiane après qu’un juge ait statué qu’il n’est ‘pas un danger pour la communauté – point’

Mahmoud Khalil s’exprime après sa libération d’une détention ICE (Immigration et renforcement des Douanes) – vidéo

Le diplômé de l’Université de Columbia Mahmoud Khalil a été libéré de sa détention de l’immigration des USA, où il a été retenu pendant plus de trois mois pour son militantisme contre la guerre d’Israël sur Gaza.

Khalil, le plus médiatisé des étudiants arrêtés par l’administration Trump pour leur militantisme pro-palestinien et le dernier d’entre eux à être encore en détention, a été libéré vendredi après-midi sur ordre d’un juge fédéral de l’établissement ICE de Jena, Louisiane, où il était détenu depuis peu après que des agents de l’immigration en civil l’ait arrêté début mars dans le hall de son bâtiment de Columbia.

Cet homme de 30 ans est sorti du centre de détention éloigné juste après 18 H.30 heure locale, franchissant deux immenses grilles surmontées de fil de fer barbelé, accompagné de deux avocats, sous le soleil et dans l’intense humidité de cette fin d’après-midi.

Il s’est brièvement adressé au petit groupe de médias réunis à l’extérieur, dont le Guardian.

« Bien que la justice ait prévalu, elle aurait dû être rendue depuis longtemps et cela n’aurait pas dû prendre trois mois », a-t-il dit. « Je laisse quelques hommes incroyables derrière moi, plus de 1.000 personnes derrière moi, dans un endroit où ils n’auraient pas dû se trouver. »

Interrogé par le Guardian sur les allégations présentées par l’administration Trump, qui a bataillé pendant des mois pour le garder en détention, disant que son militantisme pro-palestinien constituait une menace pour la sécurité nationale, il a dit :

« Trump et son administration, ils n’ont pas choisi la bonne personne à ce sujet. Cela ne veut pas dire qu’il y ait une bonne personne pour ça. Il n’y a aucune bonne personne qui devrait être détenue pour manifester en fait contre un génocide. »

Khalil a dit aux reporters qu’il était impatient de rentrer chez lui pour passer du temps avec son fils nouveau-né, qui était né alors que son père était détenu. « Je peux vraiment le serrer dans mes bras », a dit Khalil.

Le juge fédéral, Michael Farbiarz, a dit vendredi au cours de l’audience que Khalil ne présente pas de risque de fuite et qu’il « n’est pas un danger pour la communauté. Point, point final. »

« C’est vraiment, vraiment inhabituel de demander la détention d’un requérant étant donné le dossier factuel d’aujourd’hui », a ajouté Farbiaz pendant l’audience.

Farbiaz a dit que le gouvernement « n’avait manifestement pas respecté » les normes de la détention.

Plus tard ce vendredi, on a ordonné à Khalil de remettre son passeport et sa carte de séjour aux responsables à Jena dans le cadre de sa libération conditionnelle. L’ordre stipulait également que les déplacements de Khalil se limitaient à une poignée d’états américains, dont New York, ainsi que la Louisiane, le Michigan et le New Jersey pour des comparutions au tribunal.

L’ordonnance du juge donnait à Khalil l’heure limite de 18 H.30 pour remettre ses documents de déplacements avant sa libération.

L’arrestation de Khalil a largement été décriée comme une dangereuse escalade dans la campagne de l’administration Trump contre l’expression protégée par le premier amendement à la constitution des États-Unis. Khalil n’a pas été accusé d’un crime.

Sa détention a été la première d’une série d’arrestations d’étudiants militants internationaux, et sa libération représente la dernière d’une série de défaites pour l’administration, qui avait promis d’expulser en masse les étudiants internationaux pro-palestiniens.

Trois autres étudiants détenus pour des motifs similaires – Rümeysa Öztürk, Badar Khan Suri et Mohsen Mahdawi – ont été précédemment libérés tandis que leurs dossiers d’immigration sont en attente. Un certain nombre d’autres ont volontairement quitté le pays après l’ouverture des procédures d’expulsion à leur encontre ; une autre se cache tout en se battant pour obtenir gain de cause.

Farbiaz, du tribunal du district fédéral de Newark, New Jersey, avait trouvé auparavant que la loi invoquée pour arrêter Khalil – provision sur l’immigration rarement utilisée permettant au secrétaire d’État d’ordonner l’expulsion de quiconque perçu comme ayant un effet négatif sur la politique étrangère des États-Unis – était probablement contraire à la constitution.

Des responsables du gouvernement avaient accusé Khalil d’antisémitisme et de plaidoyer pro-Hamas, sans en fournir aucune preuve. Des étudiants et des professeurs juifs avaient soumis au tribunal des documents au nom de Khalil et il avait été cité l’année dernière sur CNN disant que « la libération de la population palestinienne et de la population juive étaient entremêlées et allaient main dans la main, et qu‘elles ne pouvaient aboutir l’une sans l’autre ».

Farbiaz a ordonné la libération de Khalil dans son procès devant le tribunal fédéral, affaire qui a été intentée pour contester sa détention. Son dossier d’immigration sera traité séparément. Tandis que le gouvernement a subi des revers devant de multiples tribunaux dans son débat sur la politique étrangère, il est vraisemblable qu’il continuera de prétendre que ses efforts pour expulser Khalil sont étayés par de supposées omissions dans sa demande de carte de séjour – arguments qu’il a présentés plusieurs semaines après qu’il ait d’abord été arrêté, et que ses avocats ont réfutés.

Khalil est marié à une citoyenne américaine, Noor Abdallah, qui a donné naissance à leur premier enfant pendant la détention de son mari. « Je me bats pour toi, et pour chaque enfant palestinien dont la vie mérite sécurité, tendresse et liberté », a écrit Khalil à son fils nouveau-né, Deen, le mois dernier dans une lettre publiée dans un premier temps dans le Guardian. « J’espère qu’un jour tu te tiendras la tête haute sachant que ton père n’était pas absent pas indifférence, mais par conviction. »

Dans une déclaration fournie par les avocats de Khalil, Abdallah a dit qu’elle pouvait enfin « pousser un soupir de soulagement » après le jugement.

« Nous avons que ce jugement ne suffit pas pour traiter les injustices que l’administration Trump a imposées à notre famille, et à tant d’autres, mais aujourd’hui, nous fêtons le retour de Mahmoud à New York pour qu’il retrouve notre petite famille. »

En réponse à l’annonce que le juge avait ordonné la libération de Khalil, Amnesty International USA a célébré la décision, la décrétant « retardataire » et a appelé l’administration Trump à se conformer immédiatement à cet ordre ».