Les rédacteurs en chef s’excusent après une publication d’Israel Studies accusée d’être anti-BDS et de parti-pris pro-Israël

Le numéro spécial controversé d’Israel Studies, consacré à la lutte contre l’antisionisme, a entraîné la démission de onze des membres de son comité de rédaction.

Les rédacteurs en chef d’une revue universitaire spécialisée dans les études sur Israël ont présenté des excuses publiques à la suite de la démission de près d’une douzaine de membres éminents de son comité de rédaction qui les ont accusés de servir les intérêts de la diplomatie publique d’Israël et de compromettre leur intégrité professionnelle.

La controverse, comme exposée dans Haaretz, a éclaté lors du numéro spécial été d’Israel Studies – une revue affiliée à l’Association pour les Études d’Israël – qui était consacré à la lutte contre la rhétorique antisioniste.

Suite à sa publication, onze des membres du comité de rédaction ont démissionné, en notant dans une lettre de contestation aux termes virulents que ce numéro spécial « s’écarte nettement des normes académiques et des normes intellectuelles acceptables » et que « sa publication a franchi manifestement la frontière entre érudition académique et plaidoyer politique ».

Ils ont exigé que le prochain numéro de la revue inclue des excuses et que l’on présente des projets pour éviter des récidives à l’avenir.

Dans une déclaration publiée dans le numéro d’automne de la revue, récemment publié, les coéditeurs d’Israel Studies – Ilan Troen de l’Université Brandeis (qui est aussi un ancien président de l’association) et Natan Aridan de l’Université Ben-Gourion du Néguev, Be’er Sheva, écrivent : « Nous, coéditeurs, reconnaissons que le numéro spécial et notre processus de prise de décisions concernant la publication ont été défectueux. Nous regrettons toute gêne causée par la publication à des personnes et à des institutions affiliées à la revue et au domaine. Bien qu’un tel désaccord ne soit pas universel, les critiques et les problèmes sous-jacents qu’il expose doivent être abordés ».

Afin de « maintenir et assurer » la réputation académique de la revue, les rédacteurs en chef écrivent qu’en consultation avec les membres passés et présents du comité de rédaction, ils ont prévu d’introduire de nouvelles procédures pour l’acceptation, la révision et la publication de tout article et numéro spécial.

Parmi les membres du comité qui ont signé la lettre de contestation figurent Daniel Kurtzer, ancien ambassadeur US en Israël, qui enseigne actuellement à l’Université de Princeton ; Derek Penslar, de l’Université de Harvard ; Yehudah Mirsky, de l’Université Brandeis ; et Pnina Lahav, de l’Université de Boston. Ils notent dans leur lettre que le numéro spécial été – intitulé « Les crimes des mots : reconquérir le langage du conflit israélo-palestinien » – a été publié à leur insu et sans leur consentement.

Pour protester contre la publication du numéro spécial, un historien israélo-américain respecté a refusé en avril de recevoir un prix prestigieux de l’association et une invitation à siéger à son comité.

Dans la lettre annonçant sa décision qui a déclenché la crise, Arie Dubnov écrit : « Au lieu d’une invitation au dialogue sur le langage conceptuel et les cadres théoriques utilisés par les plus grands spécialistes dans ce domaine, le ‘dictionnaire alternatif’ (de la revue) semble conçu pour fournir des sujets de débat répondant aux efforts anti-BDS et pro-‘hasbara’ , et ne sert aucun but académique ».

Dubnov, qui est titulaire de la chaire Max Ticktin d’Israel Studies à l’Université George Washington, fait alors référence au mouvement de boycott, désinvestissement et sanctions, et à la diplomatie publique menée par le gouvernement israélien.