Les étudiants doctorants membres de l’ALM sur la résolution de boycott académique de l’ALM

Nous sommes en train de préparer la Convention 2017 de l’ALM à Philadelphie et le débat sur la résolution d’adoption de l’appel palestinien au boycott des institutions académiques israéliennes. Les étudiants doctorants membres de l’ALM qui soutiennent le boycott des institutions universitaires israéliennes ont rédigé ce message.

Quel sera l’impact de la résolution de boycott académique sur l’ALM ?

Lors de la Convention 2017, l’Association de Lettres Modernes fera un premier pas en solidarité avec les universitaires palestiniens, étudiants et professeurs, en envisageant une résolution de boycott des institutions israéliennes d’enseignement supérieur. Si elle est votée, cette résolution sera l’adoption évidente par les membres de l’ALM du boycott académique et culturel des institutions israéliennes et l’affirmation de ses membres qui s’engagent dans ce boycott devant leurs propres institutions. Celui-ci ne sanctionne pas des individus, n’empêche pas l’embauche d’universitaires israéliens, ni les universitaires israéliens de participer à l’ALM ou à sa Convention. Le boycott cible les institutions israéliennes qui soutiennent activement et tacitement les atteintes aux droits de l’Homme et empiètent sur les droits des Palestiniens à l’éducation.

Quels sont les impacts de l’occupation sur l’éducation ?

Au moins deux universités israéliennes sont construites sur une terre palestinienne occupée ou dans des colonies illégales, mais toutes produisent de la technologie et de l’idéologie qui rendent l’occupation possible. Pas une seule université ou un seul département n’a pris une position officielle contre l’occupation, ce qui empêche les étudiants de premier et deuxième ou troisième cycles de participer à égalité à l’enseignement supérieur, d’accéder aux institutions internationales et de se rendre dans leurs propres écoles. La résolution de boycott cherche donc à défendre les droits des Palestiniens à l’éducation et à leur liberté académique. Elle se conforme ainsi à la déclaration de l’ALM : « Quand la liberté académique est restreinte, l’éducation supérieure est compromise. »

Pourquoi et comment la résolution fut-elle introduite à l’ALM ?

La résolution a été soumise par des membres de l’ALM qui pensent que la liberté académique et le droit à l’éducation des Palestiniens, principes que l’ALM a fréquemment défendus, sont systématiquement violés par l’État israélien et ses institutions éducatives. La résolution sera débattue par l’Assemblée des Délégués en janvier 2017 et, si acceptée par l’Assemblée des Délégués, sera soumise au vote des adhérents au printemps 2017.

Comment l’appel populaire au boycott, désinvestissement et sanctions contre l’occupation israélienne a-t-il commencé ?

En juillet 2005, la société civile palestinienne a lancé un appel demandant aux personnes socialement engagées à travers le monde de rejoindre le mouvement de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) contre l’État d’Israël et les institutions israéliennes qui servent les intérêts de l’occupation de la Palestine. C’est le moyen le plus efficace et le plus légitime pour exprimer la solidarité internationale avec les Palestiniens.

Qu’est-ce que la vocation de l’ALM a à voir avec la solidarité palestinienne et le mouvement de boycott ? En quoi est-ce que cela concerne l’ALM ?

La vocation établie de l’ALM est de « [promouvoir] l’étude et l’enseignement des langues et des littératures [et] de soutenir la vie intellectuelle et professionnelle de ses membres ». Cette mission est inséparable des questions de liberté académique, du droit à l’éducation et du contexte politique dans lequel langues et littératures sont enseignées. Des résolutions votées en 1969 et 1993 ont reconnu le lien essentiel entre l’enseignement des langues et des littératures et les droits de l’Homme, et de récentes déclarations du Conseil d’Administration telles que « La Discrimination Contre les Personnes Transgenre » (2016) ont reconnu « une discrimination ratifiée par l’Etat » comme étant une menace pour la dignité humaine, et « la Déclaration sur l’Islamophobie » (2015) a condamné les violations de la liberté académique et de la liberté d’expression sur la base d’une affiliation religieuse ou universitaire avec l’islam. Le boycott académique est en accord avec les décisions prises par l’ALM qui plaident en faveur de l’éducation comme droit fondamental, principe pour la première fois consacré par l’article 26 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme par les Nations Unies.

Israël est-il traité à part alors que d’autres pays commettent eux aussi des violences ?

Historiquement, l’ALM s’est positionnée fermement pour la défense les droits de l’Homme et a émis des communiqués sur des questions politiques concernant les populations du monde entier. Le boycott sera une position parmi tant d’autres prise par l’ALM à propos de violations du droit à l’éducation et des autres droits, par exemple tout récemment concernant la violation par la Turquie de la liberté académique (voir le « Communiqué de l’ALM en Soutien aux Universitaires Turcs » de janvier 2016). Par ailleurs, alors que les Etats Unis fournissent une aide extraordinaire politique, militaire et financière aux activités d’Israël, les universitaires américains sont particulièrement tenus à agir. Le boycott met en évidence et cherche à interrompre la simple contradiction des Etats Unis qui, d’un côté, condamnent la colonisation illégale, les constructions et la violence et, de l’autre, facilitent les actions et la politique illégales grâce à leur aide économique et diplomatique. C’est complètement conforme aux positions de l’ALM dans sa défense de la liberté académique et des droits fondamentaux que cette organisation refuse d’avoir des relations normales avec ce régime. Et, tandis que de nombreuses crises humanitaires sévissent dans le monde actuellement, cette demande n’est pas un argument qui irait à l’encontre de décisions politiques étant donné la relation spéciale d’Israël avec les Etats Unis.

Pourquoi les étudiants doctorants devraient-ils soutenir le boycott ?

Aux Etats Unis, les étudiants doctorants travaillent dans des universités traversées plus que d’autres par une violence raciale et genrée et l’exploitation du travail. Ces conditions sont mondiales, liant les institutions américaines à d’autres, et exigent une solidarité internationale à travers les frontières nationales. Les doctorants ont un rôle efficace et des intérêts acquis à s’exprimer contre la violence raciale, les limites tracées contre la liberté académique et la dépolitisation de la production des connaissances ici et ailleurs. Ces conditions et ces combats, qui sont la norme pour nos collègues palestiniens, devraient aiguiser notre regard sur les défis politiques internationaux de notre profession auxquels nous participons aujourd’hui. Les violations flagrantes de la liberté académique et la précarité du travail qui caractérisent l’occupation israélienne sont des indicateurs pour nous tous.

Comment puis-je m’impliquer ?

La participation des doctorants sera décisive pour le succès du boycott. Vous pouvez être utile : en participant au vote de l’ALM, en signant la lettre ouverte ou en écrivant une déclaration de soutien (qui peut être rédigée anonymement) ; suivez notre page Facebook, participez à l’Assemblée Générale sur le boycott (jeudi 5 janvier à 17 H.15), à l’Audience Ouverte sur les Résolutions (vendredi 6 janvier à 10 H.15) et, très important, au vote de l’Assemblée des Délégués samedi 7 janvier à la Convention de l’ALM.

Le mouvement BDS s’est développé en accord avec les efforts de la société civile palestinienne et c’est une campagne bien installée et couronnée de succès que les travailleurs universitaires militants peuvent rejoindre aujourd’hui.

Votre soutien durable est essentiel à cette campagne et pour faire de l’ALM une association professionnelle d’universitaires réellement amie du progrès et historiquement pertinente