Les 18 fugitives est un film unique en son genre, qui associe des animations en stop-motion, des dessins originaux et des images d’archives pour donner vie à l’un des chapitres les plus incroyables de l’histoire du conflit israélo-palestinien.
Nous sommes en 1988, à l’aube du premier soulèvement populaire palestinien en Cisjordanie. Des résidents aspirent à une solution alternative et locale aux produits israéliens qu’ils achètent, le lait, notamment.
C’est le début de l’étrange histoire de dix-huit vaches laitières. Le plan est échafaudé par des intellectuels et des professionnels pacifistes. S’ils sont tout sauf producteurs laitiers, ces « lactivistes » persistent et décident d’acheter dix-huit vaches, qu’ils font entrer clandestinement en Cisjordanie, dans la petite ville de Beit Sahour. Complètement ignorants en matière d’élevage, les agriculteurs néophytes doivent s’initier aux tâches les plus élémentaires, à commencer par la traite de leurs protégées. Pas aussi simple qu’il n’y paraît.
Le troupeau finit par se retrouver dans la mire des autorités israéliennes, qui le prennent en chasse. Dans ce jeu grandeur nature du chat et de la souris (du soldat et de la vache, en l’occurrence), les ruminants sont transférés d’une étable à l’autre, talonnés par leurs poursuivants. Les dix-huit vaches deviennent légende et le « lait de l’Intifada », parfois distribué à la faveur de la nuit, fait désormais partie du quotidien.
Le célèbre artiste palestinien Amer Shomali, qui a illustré Les 18 fugitives, a été témoin de l’Intifada durant son adolescence, à partir du camp de réfugiés syriens, où il a grandi. Sa famille était originaire de Beit Sahour, qu’il ne connaissait qu’à travers les anecdotes familiales et les infos télévisées. Puis, il a découvert une bande dessinée sur les célèbres vaches, dépeintes comme d’insolents bovidés piégés dans un monde complètement absurde.
Aujourd’hui, plus de vingt ans après la disparition du troupeau, Shomali et Cowan rencontrent les instigateurs de ces événements : l’enseignant qui a fait entrer les vaches clandestinement, le médecin qui a enfreint le couvre-feu pour distribuer le lait et le boucher qui, ironiquement, a mis les vaches en lieu sûr lorsque la pression des recherches s’est accentuée.
Les 18 fugitives jette un regard unique sur l’ingéniosité et la résilience d’individus luttant contre vents et marées. On y rencontre les militants qui ont plongé dans cette aventure au nom de leurs principes, ainsi que leurs familles, leurs amis et tous ceux dont elle a changé la vie. À la fois humoristique et sombre, le film émeut et fait réfléchir en démontrant la puissance de l’engagement populaire, de la résistance pacifique et du courage dans une région aux prises avec une imagerie négative et plongée dans le désespoir.
SHOMALI ET COWAN RACONTENT UNE HISTOIRE EXCEPTIONNELLE AU MOYEN D’UNE COMBINAISON UNIQUE DE STOP-MOTION, D’ENTREVUES, D’ILLUSTRATIONS ET D’ARCHIVES, METTANT EN LUMIÈRE L’UN DES CHAPITRES LES PLUS ÉTRANGES DE L’HISTOIRE DU CONFLIT ISRAÉLO-PALESTINIEN.